- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
- VIE D'ORAISON
- Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 192-197.
- 1 BUT DE LA VIE
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 DESIR DE LA PERFECTION
1 DETACHEMENT
1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
1 ENFER
1 ESPERANCE
1 FOI
1 HUMILITE
1 IDEES DU MONDE
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 JOIE SPIRITUELLE
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 LUTTE CONTRE SATAN
1 ORAISON
1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
1 PURIFICATION
1 REFLEXION
1 VERITE
1 VERTU DE FORCE
1 VIE DE PRIERE
1 VOIE UNITIVE - 1875
Oportet semper orare et non deficere(1). Jésus-Christ est le modèle d’oraison. Au sein de sa Mère, à Nazareth, pendant sa vie apostolique, au ciel, il prie sans cesse. Voyons quelle est: 1° l’importance de la vie d’oraison; 2° ses fruits.
I. Importance de la vie d’oraison.
1° Séparation du monde. -Pourquoi sommes-nous faits? Est-certaines pour la terre? Est-certaines pour le ciel? Si c’est pour la terre, évidemment, nous n’avons pas à nous occuper d’oraison. Mangeons et buvons, car nous mourrons demain. Mais nous sommes faits pour quelque chose de mieux. Jetons les yeux vers le ciel et cherchons certaines qui nous empêche de nous y élever. Certaines sont les préoccupations de la terre. Il faut nous en séparer par la considération de leur inutilité, de leur stérilité et même de leur crime. L’oraison sous l’oeil de Dieu nous y aide puissamment.
Puis il faut bien que l’esprit, affranchi des pensées terrestres, ait une occupation. C’est l’oraison qui y aidera et remplira le vide. Comment? par la méditation des grandes pensées de la foi. Croyez-vous que vous n’aurez pas une facilité plus grande pour rompre avec le monde quand vous aurez médité sérieusement sur la vanité de toutes les choses humaines, sur le mensonge des choses qui passent, sur la frivolité des plaisirs, sur la rapidité de la vie, sur l’état d’une âme que la mort surprend en état de péché mortel, sur le jugement de Dieu, sur les rigueurs des châtiments éternels? Si ces pensées pénètrent profondément mon esprit, il est impossible qu’il ne sente pas très vivement le besoin de se séparer du monde et de toutes ses convoitises.
2° L’union à Dieu. -L’oraison a un but plus élevé. Si elle est en quelque sorte le vestibule du ciel, il est évident que je dois tendre ici-bas à pénétrer dans certaines vestibule. En effet, au ciel je jouirai pleinement de la vision de Dieu. Ici-bas, la foi seule m’enseigne de Dieu certaines que je dois en connaître, mais la foi suffit pour embraser mon amour.
Cette union a des degrés. On voit Dieu par la foi. On l’approche par l’oraison. Déjà, dans certaines monde, on lui est uni par la prière que le Saint-Esprit forme en nous. Qui adhaeret Domino unus spiritus est(2). Or, à mesure que mon esprit s’élève, il tend à s’unir plus intimement. Mais il est évident que plus on pense à Dieu, plus on le connaît et plus on l’aime, plus on éprouve le besoin de se dépouiller de toute imperfection pour s’unir à sa sainteté. La mortification prend ici sa place comme moyen de se purifier. Oui, il faut devenir pur, de cette pureté du coeur qui attire le regard de Dieu. Certaines travail, en un sens, est toujours à recommencer. Il faut le faire malgré les sécheresses et les rebuts, malgré la révolte des sens, malgré les efforts de Satan. Mais si l’union avec Dieu est la joie du ciel, pourquoi n’en pas tenter le prélude sur la terre?
II. Fruits de la vie d’oraison.
1° L’accroissement de la confiance. En effet, que puis-je craindre, si Dieu est avec moi. Cum ipso sum in tribulatione(3). Or, l’union à Dieu produit cet effet, mais il est évident que certaines sera à une condition, c’est que ma vie sera une oraison continuelle; à une autre condition encore, c’est que je ne retomberai plus dans les pensées humaines et dans leur grossièreté. Ceci est difficile, sans doute, mais certainement n’est pas impossible, et selon que je viens à bout de m’élever ainsi dans un recueillement plus continuel, la vie se transforme. Dans la confiance la plus filiale l’âme dit, comme saint Paul: « Je sais à qui je me suis confié. Scio cui credidi. »(4)
2° La lumière. -Vivre avec Dieu, c’est vivre dans sa vérité, par conséquent dans sa lumière. Certaines n’est pas la lumière qui manque à celui qui s’approche de Dieu, c’est la vigueur de l’oeil pour la contempler. Mais l’oeil s’exerce et se fortifie. Pour cela, il faut de la persévérance. Mais que de choses l’âme, éclairée de la lumière divine de l’oraison, voit plus limpides! Certaines sont les mêmes objets, mais portant avec eux une tout autre clarté. Il faut me consacrer à l’oraison, vivre d’oraison et donner à l’oraison un tout nouveau caractère par la manière dont je m’exercerai à juger les choses comme Dieu me les montre, sous ses rayons divins, dans l’oraison.
3° La force. -« Ce n’est pas celui qui se contente de dire: « Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fera la volonté de mon père qui est au ciel, celui-là entrera dans le royaume des cieux. »(5) L’oraison sans conclusion pratique est une oraison vaine. Il y a, dans la vie, des sacrifices très pénibles à faire. La conscience, d’un côté, mais une conscience obscure; de l’autre, l’intérêt, la passion, le caprice, le plaisir, l’ambition, la vanité, que sais-je? Qui l’emportera? Evidemment, si je prie, non seulement ma conscience s’éclairera, mais je n’aurai pas peur de la lumière; non seulement je recevrai des inspirations, mais j’aurai le courage de les mettre en pratique. Heureux état que celui de l’âme fortifiée et qui ne recule pas devant le devoir! heureuse obligation pour l’âme éclairée, poussée par la grâce de Dieu, de faire certaines qui lui est commandé, d’accomplir des choses parfaites et, sous la même impulsion divine, de les faire parfaitement!
Je parlais de la prière continuelle de Jésus-Christ dans le cours de sa vie mortelle et de sa vie glorifiée; je n’ai rien dit de sa prière dans la vie cachée, de sa prière au tabernacle.
Hélas! quelles leçons ne recevrions-nous pas de lui si nous allions le prendre au tabernacle pour le maître de notre oraison! Que de leçons d’humilité dans son anéantissement, de patience dans sa solitude, de prévenances dans ses silencieuses sollicitations, d’amour dans le bien qu’il veut nous faire et dans la manière dont il veut s’unir à nous! Quelle perfection dans l’ensemble! Il faudra y revenir. Mais concluons que l’Eucharistie est le meilleur de tous les livres pour nous apprendre a prier comme il convient, et que c’est dans l’Eucharistie que nous devons dire à Jésus-Christ: noce nos orare(6).
2. "Celui qui s'unit au Seigneur est un seul esprit avec lui." (1 Cor. VI, 17.)
3. "Je suis avec lui dans la tribulation." (Ps. XC, 15.)
4. II Tim. I, 12.
5. *Non omnis qui dicit mihi: Domine Domine, intrabit in regnum caelorum; sed qui facit voluntatem Patris mei qui in caelis est, ipse intrabit in regnum, caelorum* (Matth. VII, 21.)
6. "Enseignez-nous à prier." (Luc. XI, 1.)