OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • LE RELIGIEUX ET LA CHAPELLE
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 207-210.
  • CO 58
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 CHAPELLE DES RELIGIEUX
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 EUCHARISTIE
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 HUMILITE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PATIENCE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VIE CACHEE DE JESUS-CHRIST
    1 VOIE UNITIVE
    2 ABRAHAM
    2 JOSEPH, SAINT
    3 BETHLEEM
    3 NAZARETH
  • 1875
La lettre

Adorons Notre-Seigneur Jésus-Christ consentant à habiter dans un humble sanctuaire pour être plus près des siens, et examinons les sentiments que la chapelle doit inspirer au religieux habitant [sous] le même toit que son Maître.

I. Sentiment d’étonnement.

Pourquoi un Dieu veut-il s’abaisser ainsi? Jésus-Christ a bien dit que « ses délices sont de vivre avec les enfants des hommes »(1); il n’en est pas moins vrai que les hommes sont bien peu dignes de lui. Les chrétiens lui élèvent des temples, mais ne vont pas l’y adorer; ou, s’ils en franchissent le seuil, c’est pour lui adresser des hommages distraits.

Seigneur, je me demande pourquoi la Présence eucharistique dans une foule d’églises. Aussi je commence à comprendre pourquoi vous désirez des sanctuaires choisis. Mais, vraiment, il y a de quoi s’étonner que vous fassiez un pareil cas de nos adorations et que vous veuilliez habiter ainsi parmi nous!

II. Sentiment d’adoration.

Il n’est que trop vrai, je ne sais pas adorer. Les anges vous adorent dans le ciel, ô Jésus! Pourquoi n’y restez-vous pas entouré de toute votre gloire? Non, vous préférez descendre, dépouillé de tout éclat. O Seigneur, le premier sentiment qui doit surgir de mon coeur, après celui de l’étonnement, ne doit-il pas être celui de l’adoration? Comme il est juste que je vous adore pour ceux qui ne vous adorent pas, et comme mon adoration doit être permanente! Comme je dois aller souvent à la chapelle, afin d’y offrir à votre Majesté qui, pour être si profondément voilée, n’en est pas moins une Majesté divine, des dédommagements à tant d’adorations menteuses dont vous êtes l’objet!

III. Sentiment de la présence de Dieu.

Ah! voilà à quoi je dois revenir: Ambula coram me et esto perfectus(2), dit Dieu à Abraham. par sa foi, Abraham mérita de devenir le père des croyants, mais combien ne suis-je pas plus heureux que le patriarche! Vous êtes sans cesse près de moi, ô mon Dieu! près de moi dans mes récréations, dans mes repas, dans mes études, dans mon sommeil pour le protéger, et quand je veux plus particulièrement parler à votre infinie miséricorde, je vous trouve toujours au lieu du rendez-vous.

Vous ne le quittez jamais, afin d’y être toujours à mes ordres, a fin que je ne m’éloigne pas de vous et que je vous trouve près de moi, comme un ami près de son ami, quand il veut se livrer avec lui aux plus intimes épanchements. Et je ne penserais pas sans cesse à vous!

IV. Sentiment de perfection.

Dieu n’a pas dit seulement à Abraham: « Marche devant moi », il a ajouté: « Et sois parfait. »

Je dois être parfait religieux. La perfection est ma voie; à proprement parler, il n’y en a pas d’autre pour moi, et quand je songe que la source de toute perfection est là, à deux pas, comment n’irais-je pas puiser à cette source de lumière, de force, de vie, de sainteté?

O mystère sublime, où toutes les vertus me sont enseignées: l’humilité, dans les abaissements eucharistiques; la patience, au milieu de tant d’insultes silencieusement reçues; l’amour par le don si complet de soi-même; l’obéissance, par l’autorité donnée au prêtre de commander à un Dieu, et tant d’autres vertus qu’il serait trop long d’énumérer!

O Marie, ô Joseph, vous les premiers adorateurs du Verbe incarné, soit à Bethléem quand il parut au monde, soit à Nazareth pendant sa vie cachée, apprenez-moi comment il faut que je l’adore dans l’abaissement, l’obéissance, l’amour, la prière, le travail, l’édification de mes frères. Apprenez-moi à faire de mon noviciat un autre Nazareth où je trouverai Jésus, où, à votre exemple, j’apprendrai a profiter de son séjour avec moi pour acquérir toute la perfection qu’il a droit d’attendre d’une créature aussi comblée de ses bienfaits.

Ainsi-soit-il.

Notes et post-scriptum
1. *Deliciae meae esse cum filiis hominum*. (Prov. VIII, 31.)
2. "Marche devant moi et sois parfait." (Gen. XVIII, 1.)