OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • MORTIFICATION (1)
    [CETTE QUI L'INSPIRE]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 222-225.
  • CO 61
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHATIMENT
    1 CONFESSION FREQUENTE
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DROITS DE DIEU
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 HABITUDES DE PECHE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MORTIFICATION
    1 ROUTINE
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SALUT DES AMES
    1 SCANDALE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    2 JOB, BIBLE
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

La mortification repose sur trois principes: l’horreur du péché, l’amour du prochain, le sentiment des droits de Dieu.

I. L’horreur du péché.

Pourquoi chaque semaine vais-je me confesser et pourquoi reviens-je sans cesse aux mêmes fautes? Pourquoi l’accusation de mes péchés est-elle une sorte d’habitude, à tel point que cette que j’accuse ne varie presque jamais? Puis-je dire que Dieu est content de moi? Hélas! n’est-il pas évident qu’il me prend à dégoût? Rien ne me relève, rien ne me fortifie. Je suis toujours le même, toujours avec mes distractions, mes impatiences, mes pensées inutiles, légères, mon caractère défectueux, mes manques de charité, mes violations de ma règle. Encore un coup, je suis toujours le même, si toutefois je ne recule pas. Je n’ai pas l’horreur suffisante du péché et, chose triste à dire, si je ne fuis pas le péché avec assez d’horreur, c’est parce que je n’aime pas Dieu avec assez de tendresse.

Pourtant, il importerait que je me rendisse compte de ma vocation. Je me suis fait religieux dans une famille apostolique pour détruire, par mes efforts vers la perfection [le péché], non seulement en moi mais chez les autres. L’ennemi que j’ai devant moi cette n’est pas le pécheur, c’est le péché; et où trouvera-t-on l’horreur du péché sinon chez le prêtre-religieux, consacré par son but spécial à étendre le règne de Jésus-Christ dans les âmes et par conséquent à détruire le règne du péché, c’est-à-dire le règne de Satan.

Mon Dieu, donnez-moi cette horreur du péché, pour moi d’abord, ensuite pour les autres. Faites que je poursuive efficacement le mal dans mon prochain, après l’avoir extirpé de mon coeur.

II. L’amour du prochain.

Non seulement je dois me mortifier pour moi, je dois aussi me mortifier pour les autres. Job, après que ses enfants avaient pris leurs repas à tour de rôle les uns chez les autres, offrait un sacrifice, de peur qu’ils n’eussent offensé le Seigneur(2). Le religieux, père des âmes, doit s’offrir lui-même comme une victime, c’est sa rigoureuse obligation s’il a une véritable charité. Si je suis dans un collège, il est impossible qu’on n’y voie pas de temps en temps des scandales. Ces scandales ont besoin d’être expiés. Il y a des enfants à convertir. La mortification unie à la prière est bien plus efficace. pourquoi ne l’offrirai-je pas, si Dieu me la demande? Le Maître mortifié n’est-il pas plus fort pour pousser à certaines privations?

La mortification porte avec elle-même un grand enseignement. Ah! si j’étais mortifié, que n’obtiendrais-je pas?

La mortification nous aide à payer les dettes dont nous sommes responsables envers les autres. Saint Paul se déclare « débiteur de tous: omnibus debitor sum« (3). Ne suis-je pas responsable envers tous ceux que je n’édifie pas? N’ai-je pas à leur payer ma dette? La mortification m’y aidera si réellement j’aime les âmes.

III. Les droits de Dieu.

Seigneur, vos droits sont si grands que je serais infini si je voulais les considérer. Pourtant il faut que je m’en préoccupe. Ah! sans doute, la mort de votre Fils sur une croix y a largement satisfait. Cependant, mon Dieu, vous avez des titres à réclamer quelque chose encore, c’est cette que je puis vous offrir. Mon Dieu, donnez-m’en la vue autant qu’il est utile aux intérêts de votre gloire et de mon salut, a fin que par une vraie mortification, à l’exemple de votre Fils, j’apaise votre colère et je vous prouve mon amour.

Notes et post-scriptum
1. Cette méditation fait partie dU recueil *Retraite intime*.
3. Le texte exact de saint Paul est: "*Graecis ac Barbaris, sapientibus et insipientibus debitor sum*: je me dois aux Grecs et aux Barbares, aux savants et aux ignorants." (Rom. I, 14.)2. Iob. I, 4, 5.