OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • L'HUMILITE
    SES FRUITS (1)
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 246-249.
  • CO 68
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 ANEANTISSEMENT
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 CONSEQUENCES DU PECHE
    1 ENFANTS DE DIEU
    1 ESPERANCE
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 HUMILITE
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 ORGUEIL
    2 DAVID, BIBLE
  • 1875
La lettre

Partant de l’idée que l’humilité est l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi on trouve comme fruits extrêmement précieux de cette vertu: 1° une connaissance plus grande de soi-même; 2° une confiance filiale; 3° l’ardeur dans les humiliations; 4° la joie.

I. Une connaissance plus grande de soi-même.

L’homme qui ne s’étudie qu’à la lumière de sa raison ne peut se voir qu’à travers une ombre épaisse projetée par les préjugés et la fausse estime de lui-même. Celui qui s’étudie dans la lumière de Dieu voit le modèle d’après lequel il a été créé et dont il est l’image. Il peut découvrir, par la comparaison et considérer les ravages du péché en lui. En étudiant Dieu et en me repliant ensuite sur moi-même, je fais un douloureux parallèle, mais je sais que je suis dans le vrai; et ce m’est une grande consolation, qui me donne le moyen de me relever.

II. Une confiance filiale.

Plus j’aime Dieu, plus je le sens mon Père. D’où il résulte que si horrible que je me trouve par la comparaison que j’établis entre lui et moi, du moment qu’il m’a pris pour son fils, il veut que je lui ressemble; et, comme il est tout-puissant, cette ressemblance devient possible. Je n’ai donc pas à m’inquiéter de ce qu’il y a d’affreux en moi. L’essentiel est que je constate combien je suis défiguré par ma corruption, perverti par mes révoltes, dégradé par mes ingratitudes. Dieu saura bien m’en délivrer. et, dans son amour, me rendre semblable à lui.

O mon Dieu, vous n’avez pas besoin de moi, mais vous voulez signaler votre bonté en m’aidant à reconquérir ma beauté primisive. Eh bien! mon Dieu, en vous aimant, je constaterai combien je suis méprisable, et vous, en m’aimant, vous me donnerez la beauté et l’éclat que vous réservez à vos enfants.

III. L’ardeur dans les humiliations.

David dansa devant l’arche par reconnaissance pour les bienfaits de Dieu. On se moqua de lui. Il se contenta de répondre: « Vilior fiam plus quam factus sum Je me suis humilié, je m’humilierai encore plus. »(2) Pourquoi? Parce que son amour reconnaissant avait besoin de s’humilier, de s’anéantir devant les bienfaits de Dieu. Tel est l’effet de l’amour. Le coeur embrasé pour Dieu veut prouver qu’il aime; il a besoin de s’abaisser sous le poids des dons divins et de donner à son tour. Il n’a à lui que son néant; il l’offre dans une profonde humiliation et il est heureux de trouver ce moyen de prouver qu’il aime. Il n’a en propre que son néant; l’amour le lui fait offrir avec toute l’ardeur dont il est capable.

Seigneur, faites que je vous offre mon néant, dans les humiliations, avec le plus grand amour.

IV. La joie.

Quand Dieu a fait briller sur une âme la lumière de sa face, si cette âme comprend le don de Dieu, si elle se prend à l’aimer jusqu’à se mépriser très sincèrement, elle se vide, pour ainsi dire, d’elle-même, et Dieu s’écoule en quelque sorte dans ce coeur anéanti y apportant une inénarrable joie: Dedisti laetitiam in corde meo(3). L’orgueil est une source d’angoisses. Le mépris de soi par amour pour Dieu est une source de joie immense: joie de la paix et de la réconciliation, joie de la reconnaissance pour les bienfaits reçus, joie de l’amour vainqueur qui a trouvé l’objet aimé et qui méprise tout pour posséder éternellement celui qu’il aime.

Mon Dieu, donnez-moi cette joie dans un grand mépris de moi-même!

Notes et post-scriptum
1. Cette méditation fait partie du recueil *intime*.2. II Reg. VI, 22.
3. "Vous avez donné la joie à mon coeur." (Ps. IV, 7.)