OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
• VIE DE LA FOI
• Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 268-271.
• CO 73

• 1 FOI
  1 GUERISON
  1 IMITATION DE JESUS CHRIST
  1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA FOI
  1 MALADIES
  1 MANQUE DE FOI
  1 MORT DE L'AME
  1 RECHERCHE DE DIEU
  1 VANITE
  1 VERTU DE FORCE
  1 VIE SPIRITUELLE
  1 VOLONTE PROPRE
• 1875

Ce qui sépare la vie chrétienne de la vie du monde, c’est la foi. Je veux envisager aujourd’hui la foi: 1° comme guérison des maladies de l’âme et 2° comme introduction à une vie nouvelle.

I. La foi, remède aux maladies de l’âme.

Lorsque Jésus-Christ en guérissant les malades leur disait: Fides tua te salvum fecit(1), ou bien : Sicut credidisti fiat tibi(2), ne voulait-il parler que des maladies du corps? Evidemment non; c’était, sous les corps, aux âmes qu’il s’adressait, et il prononçait une grande mais terrible parole, quand il disait: Omnia possibilia sunt credenti(3).

Mon Dieu, « tout est possible à celui qui croit »: ses pieds peuvent se raffermir dans le chemin de la sainteté; ses yeux peuvent se rouvrir à la lumière de la vérité divine: la lèpre de ses péchés peut disparaître; en un mot, tout lui est possible: Omnia possibilia sunt credenti.

Quelle étrange situation! Je suis écrasé sous un fardeau de misères. Ma maladie morale peut aller jusqu’à la mort, et, pouvant revenir à la santé par une foi énergique, je ne sais pas vouloir parce que je ne sais pas avoir confiance; la foi me fait défaut. O contradiction de la vie! Religieux d’une famille dont la vocation est de guérir les âmes malades, de ressusciter les âmes mortes, ni je ne me ressuscite si je suis mort, ni je ne me guéris si je suis tombé en maladie. O médecin des autres, quand donc te guériras-tu toi-même? La réponse est facile: quand tu auras la foi qui transporte les montagnes, rend l’agilité aux paralytiques, ouvre la porte des tombeaux; quand tu te souviendras de la force que Dieu accorde à la foi, et que tu auras commencé à user du don d’accomplir ces prodiges au nom de celui qui a dit: Omnia possibilia sunt credenti.

Seigneur, « augmentez ma foi », afin que je commence a accomplir ces guérisons sur mon âme, qui en a tant besoin: Adauge nobis fidem(4).

II. La foi nous introduit dans une vie nouvelle.

L’homme, par sa recherche de lui-même, se met dans l’impossibilité de croire. Quomodo vos potestis credere, qui gloriam ab invicem accipitis et gloriam quae a solo Deo est non quaeritis?(5) disait aux Juifs l’auteur et le consommateur de la foi. Mais aussi, quand il a pris la résolution de fuir le mensonge et de ne s’attacher qu’à la vérité, bientôt il trouve Dieu, et quand il a trouvé Dieu, une vie nouvelle lui apparaît: Cum Christus apparuerit vita vestra(6). Cette parole s’applique à la vie éternelle, où nous contemplerons sans nuages les beautés enivrantes de l’Homme-Dieu. Mais on peut dire aussi que, dès ce monde, pour l’homme de foi, il y a une vie puisée en Jésus-Christ, et plus l’âme par la foi s’efforce de connaître Jésus-Christ pour l’imiter, plus la vie s’écoule du Coeur de celui qui a dit: « Je suis la vie. Ego sum… vita« (7), dans le sein de celui qui, par la foi, veut recevoir cette vie divine.

La foi transforme tous les mobiles de ma vie; la foi me montre Dieu, terme de mon existence; la foi me donne, si je le veux, l’avant-goût du ciel. Il faut que je veuille croire, mais quand je ferai tout pour un motif de foi, je serai un homme nouveau.

O Esprit divin, qui avez si souvent répété dans les saintes Lettres que le juste vit de la foi(8), donnez-moi cette vie de lumière et de force en laquelle je me transformerai, et dans la puissance de vos combats que je livrerai pour vous, et dans les rayons de votre gloire dont vous me revêtirez un jour.