OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
• VOCATION (1)
• Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 277-280.
• CO 75

• 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
  1 AMBITION
  1 DETACHEMENT
  1 FIDELITE A LA GRACE
  1 IDEES DU MONDE
  1 IMITATION DE JESUS CHRIST
  1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
  1 PARESSE
  1 RACE DE SATAN
  1 VIE DE FAMILLE
  1 VOCATION
  1 VOCATION RELIGIEUSE
  1 VOCATION SACERDOTALE
• 1875

Non vos me elegistis sed ego elegi vos(2). -Si vis perfectus esse(3). 1° Qu’est-ce que la vocation. 2° Que faire pour correspondre à la vocation.

I. Qu-est-ce que la vocation?

C’est un appel. Dieu m’appelle, vocat. Malheureusement, il ne m’appelle pas lui seul. Vocat diabolus, vocat mundus, vocat Christus(4).

Vocat diabolus, c’est rare, mais c’est vrai. Le diable appelle par des calculs d’ambition ou de paresse. Je ne puis pas tendre bien haut, du moins je serai curé ou chanoine; je jouirai d’un presbytère, je ferai le moins possible et j’aurai de quoi vivre, ma paresse y trouvera son compte: vocat diabolus. Je sais que bien souvent les passions m’ont vaincu et je sens que, devenu prêtre, j’y succomberai. Qu’importe! je veux être prêtre: vocat diabolus. Vocation diabolique puisque, non seulement je suis l’appel du diable, mais je me fais son instrument: vocat diabolus. Est-ce une vocation?

Vocat mundus. C’est une combinaison de famille. Mon père a beaucoup d’enfants, il ne sait que faire de moi, il m’envoie au Séminaire. Ma mère est veuve, je la nourrirai plus aisément: vocat mundus. Je suis un honnête homme; je ne suis que cela. Puis un prêtre ne tire pas au sort; faisons-nous prêtre: vocat mundus. Que d’appels mondains de cette espèce!

Vocat Christus. Jésus-Christ appelle aussi, et son appel est de deux sortes. pour le prêtre: Non vos me elegistis sed ego elegi vos. Vocation sacerdotale à laquelle j’ai pu être préparé dès mes plus jeunes années, mais c’est la voix de Dieu [qui la détermine], manifestée par la voix de l’Eglise. -Pour le religieux: Si vis perfectus esse. Vocation religieuse, à laquelle Dieu laisse plus de liberté parce qu’elle exige plus d’efforts personnels.

Seigneur, je veux être parfait et marcher généreusement à votre suite.

Et maintenant, si je fais un examen sérieux de ma vocation, voici que j’entends le Père de famille me dire comme à l’invité du festin: Quomodo huc intrasti(5)? Et si je n’ai pas la robe nuptiale, n’ai-je pas sujet de frémir? Est-ce Satan, est-ce le monde, est-ce Jésus-Christ qui m’appelle? Ai-je le désir de devenir parfait? Suis-je épris de l’amour de la sainteté? Veux-je être prêtre? Veux-je être un vrai religieux?

II. Que faire pour répondre à ma vocation?

Il me faut écouter la voix intérieure: Audiam quid loquatur in me Dominus Deus(6). Et qu’est-ce que j’entends, ô mon Dieu, si je prête l’oreille? Le voici: Si quis vult post me venire, abneget semetipsum, tollat crucem suam et sequatur me(7). Si je veux marcher sur les traces de mon maître, il faut:

1° Me renoncer: abneget semetipsum. Voilà le difficile. Renoncer aux créatures est pénible, sans doute; mais ce qui l’est bien plus, c’est de renoncer à soi.

Seigneur, à quoi suis-je attaché, et de quoi ai-je à me déprendre? Pour le savoir, je descendrai au fond de mon coeur, et j’analyserai ma vie tout entière. Seigneur, depuis que je suis à votre service, quel progrès ai-je fait dans le détachement?

2° Porter ma croix: tollat crucem suam. Souffrir: telle est la condition de toute créature; mais il faut que je souffre volontairement, et la mesure de ma vocation sera la mesure de mon amour de la croix.

Cette croix, Seigneur, qui est la mienne, mais aussi la vôtre, est-ce que je la porte généreusement? Souffrir est la condition de tout religieux et de tout homme apostolique. Seigneur, donnez-moi l’amour de votre croix.

3° Suivre Jésus-Christ: et sequatur me. O modèle divin! Le chrétien, le prêtre, le religieux doivent vous ressembler, chacun à des degrés divers, mais c’est là le travail.

Seigneur, ce sera celui de toute ma vie, pourvu que vous fassiez entendre à mon coeur cette parole que si peu comprennent, et qui est pourtant si pleine d’amour: « Sequere me, suis-moi. »(8)