OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • L'ESPRIT SURNATUREL (1)
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 289-293.
  • CO 78
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ESPERANCE
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 ESPRIT DE PECHE
    1 ESPRIT DIABOLIQUE
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 ESPRIT SURNATUREL A L'ASSOMPTION
    1 FOI
    1 HABITUDES DE PECHE
    1 IDEES DU MONDE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INSENSIBILITE
    1 JESUS CHRIST VIE DU RELIGIEUX
    1 PERSECUTIONS
    1 POSSESSION DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SATAN
    1 VIE SPIRITUELLE
  • 1875
La lettre

L’homme peut se laisser conduire par plusieurs sortes d’esprits: 1° l’esprit diabolique; 2° l’esprit de péché; 3° l’esprit des idées humaines; 4° l’esprit surnaturel.

I. Esprit diabolique.

Cet esprit est plus répandu qu’on ne le croit. Il anime les persécuteurs déclarés de la sainte Eglise. Ceux-là sont connus de tous, ils sont puissants; il n’y a pas à en parler. Mais, parce qu’ils sont puissants, combien de chrétiens ne cherchent pas à pactiser avec eux pour en obtenir quelque faveur?

A côté des persécuteurs manifestes, il y a les persécuteurs cachés, qui trouvent toujours que l’Eglise a tort, que la prudence, la charité, la tolérance prescrivent la conciliation. Quae enim societas luci ad tenebras? Quae autem conventio Christi ad Belial?(2)

N’ai-je pas souvent écouté ces hommes à l’esprit diabolique? N’ai-je pas dit qu’après tout ils avaient peut-être raison et que le Pasteur suprême avait tort dans sa sévérité outrée pour les principes?

II. Esprit de péché.

Hélas! ne suis-je pas esclave de cet esprit? Qui facit peccatum servus est peccati(3). N’ai- je pas quelque habitude de paresse, de révolte, de critique, de manque de charité, d’impureté, d’injustice, qui me tient dans de honteuses chaînes? J’ai commis une faute, puis deux, puis trois, et l’habitude a été prise, et c’est sous poids de cette tyrannie que je vis depuis longtemps.

III. Esprit des idées humaines.

Je ne suis pas précisément mauvais. Dans le monde, on dirait que je suis un honnête homme. Mais où me conduit cet esprit? Au plus effrayant vulgarisme. Je ne vois rien que par le côté bas, commun, intéressé, personnel. Rien de noble, de grand, de généreux. Je me fais le centre d’une foule de petites combinaisons. Mes aises, mon bien-être, mes affections humaines, voilà ce qui me préoccupe. Je semble avoir mérité la sentence prononcée contre le serpent: « Super pectus tuum gradieris, tu ramperas sur ton ventre » (Gen. III, 4.), tant je suis absorbé par la terre. Je ne fais qu’y ramper. Les ailes de mon innocence baptismale sont cassées. Je veux m’arranger, par des combinaisons humaines, des agréments humains, pour vivre en ce monde le moins mal possible. peu importe l’étendue de l’horizon, pourvu que je jouisse d’une bonne vie naturelle, sans penser à ce qui peut se trouver au delà.

IV. Esprit surnaturel.

Il y a enfin l’esprit surnaturel que je veux considérer sous deux points de vue:

1° L’esprit chrétien, qui doit être celui de tout homme baptisé.

Le baptême met un abîme entre la terre et le ciel. L’esprit chrétien est un esprit céleste. Si j’en suis animé, je dois puiser tous mes principes de conduite dans les pensées de la foi. Je dois envisager que Dieu m’a créé pour lui, racheté pour lui, sanctifié pour lui, de sorte que je suis obligé de tout rapporter à lui. Ma vie n’est qu’un pèlerinage; je m’achemine vers le ciel. Dieu possédé durant toute l’éternité, voilà mon héritage, voilà mon but. L’accomplissement de la loi divine, la pratique des vertus qui en découlent, tels sont les moyens, par lesquels je dois sans cesse m’appliquer à mériter un jour la récompense surabondante qui n’est autre que Dieu lui-même.

[2° L’esprit religieux qui doit tendre à la perfection.] -Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père céleste, et, comme religieux, je dois aspirer à habiter les plus magnifiques. Il y a diverses hiérarchies angéliques: je dois tendre aux plus élevées et mériter, par des efforts, appuyés sur la grâce de ma vocation, d’être rangé parmi les esprits les plus rapprochés du trône de Dieu. Pour cela, quelle perfection, quelle pureté, quel zèle, quelle immolation de tout mon être ne sont pas nécessaires! Combien mes sentiments doivent être transformés, mes pensées pénétrées par la foi, mon espérance ardente, mon amour uniquement absorbé en Dieu! Quelle imitation jalouse de Jésus-Christ, mon modèle, jusque dans les moindres détails de sa vie! Et jusqu’où cette imitation ne peut-elle pas aller si je le veux bien?

Ah! quand pourrai-je dire avec l’Apôtre: Mihi vivere Christus est(4). Quand la vie de Jésus-Christ et la mienne ne feront-elles plus qu’un tant la copie ressemblera à l’original? Voilà ce qu’il m’est nécessaire de poursuivre, si je désire arriver à la perfection de l’esprit surnaturel.

Notes et post-scriptum
1. Cette méditation fait partie du recueil *Retraite intime*.2. "Or, quelle association peut-il y avoir entre la lumière et les ténèbres? Quel accordent entre Jésus-Christ et Bélial?" (II Cor. VI, 14-15.)
3. "Qui commet le péché devient esclave du péché." (Ioan, VIII, 34.)
4. "Jésus-Christ est ma vie!" (Phil. I, 21.)