OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
• LA VIE SURNATURELLE (1)
• Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 293-298.
• CO 79

• 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
  1 ACTION DE GRACES
  1 ADORATION
  1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
  1 ANEANTISSEMENT
  1 CONNAISSANCE DE DIEU
  1 DIEU
  1 DON D'INTELLIGENCE
  1 DON DE SOI A DIEU
  1 EFFORT
  1 FOI
  1 HAINE
  1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
  1 IDEES DU MONDE
  1 IMITATION DE JESUS CHRIST
  1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
  1 JESUS-CHRIST
  1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA FOI
  1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
  1 ORGUEIL
  1 PERFECTIONS DE DIEU
  1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
  1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
  1 VIE SPIRITUELLE
  2 PAUL, SAINT
• 1875

Estote ergo imitatores Dei ut filii caris simi(3). Quelle admirable invention! Dieu m’a fait à son image et à sa ressemblance. Même après le péché d’origine, je puis redevenir par ma volonté, aidée de la grâce, l’imitateur de Dieu, comme un fils très aimant; et la mesure de la perfection de mon imitation de Dieu sera dans mon amour pour lui, comme la preuve de mon amour sera dans cette imitation même. De là découle une vie toute surnaturelle, que je veux étudier soit par rapport à Dieu, soit par rapport à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

I. Vie surnaturelle par rapport à Dieu.

1° Vie de foi. –Credere enim oportet accedentem ad Deum quia est(3). Il faut que je me persuade de l’existence de Dieu, de la plénitude de son être, de ses perfections, de ses droits, de sa providence et de son omniprésence, de telle sorte que je m,e tienne à ma place, en me représentant bien ce qu’il est et ce que je suis, son être infini et mon néant.

Pour cela, je dois étudier à la lumière de la foi, a fin de me laisser diriger par elle. Exortum est in tenebris lumen rectis(4). Ah! si dans cette lumière divine je voyais se dérouler les événements de ma vie, en m’appliquant à les voir comme Dieu lui-même les voit! que de luttes s’apaiseraient! Que de soulèvements intérieurs se calmeraient! Que de difficultés s’éclaireraient! Quelle paix se ferait en moi et quelle intelligence me serait donnée des objections, en apparence insolubles, de la raison humaine!

2° Vie de dépendance. In ipso enim vivimus, et movemur et sumus(5). Je n’ai qu’à me laisser faire. Je suis dans l’être de Dieu, dans sa toute-puissance, sa toute-intelligence et son amour infini. Où puis-je être mieux, si je veux m’abandonner à lui? Et quand je suis ainsi en Dieu, dépendant de lui, avec le sentiment profond de tout ce qu’il veut faire pour moi, que m’importent les vains jugements des hommes? Ah! ne vaut-il pas mieux, au lieu de me préoccuper des jugements humains, me préparer un peu plus sérieusement aux jugements divins qui m’attendent et que je n’éviterai pas?

3° Vie d’adoration. -Si je dépends de Dieu, je dois reconnaître son souverain domaine sur moi et, dès lors, ma prière prend, à son égard, un caractère tout spécial. Elle m’anéantit devant lui et elle m’élève vers lui.

Dixi Domino: Deus meus es tu(6). La vie surnaturelle est un effort continuel pour monter plus haut sans jamais s’arrêter. Et comme telle est la faiblesse de ma nature que je m’éloigne de Dieu, non seulement par malice mais aussi par légèreté, la vie surnaturelle exige un effort incessant pour ressaisir la pensée de Dieu qui m’échappe et pour ne pas rester dans je ne sais quelle vague contemplation dont ma légèreté paresseuse s accommoderait d’autant mieux qu’on ne lui demanderait rien de pratique.

4° Vie d’action de grâces. -Il faut bien le reconnaître, hélas! nous sommes des ingrats. Comblés de dons, de prévenances de la part de Dieu, nous n’y répondons que par la plus complète indifférence, quand nous n’abusons pas de ses bienfaits pour l’offenser. Eh bien, si je veux m’acquitter de mes devoirs envers Dieu, je dois le remercier sans cesse avec un coeur pénétré d’une reconnaissance qui se manifestera par les oeuvres: In omnibus gratias agite(7).

II. Vie surnaturelle par rapport à Jésus-Christ

1° Vie de sainteté. -Quand, sur l’invitation de saint Paul, je considère Jésus-Christ, l’auteur et le consommateur de ma foi, je vois en lui le modèle le plus parfait de la vie des saints.

Qu ai-je de mieux à faire que de m’appliquer à réaliser cette vie autant qu’il dépend de moi? Qui pourrait dire ce que je deviendrais si je faisais de la vie de Notre-Seigneur une méditation continuelle et si, après l’avoir étudiée, je m’appliquais à la reproduire!

Oui, l’imitation de la vie de Jésus-Christ doit être pour moi l’objet d’une étude continuelle, et si, par d’incessants efforts, j’arrivais à réaliser en moi quelque chose de cette vie du Sauveur, jusqu’où n’irais-je pas dans la voie de la,sainteté?

2° Vie d’anéantissement. -Quand, après avoir médité la plénitude de l’être de Dieu, l’infini de ses perfections, je descends dans les anéantissements d’un Dieu fait homme par amour pour moi, je ne sais plus dans quel abîme je dois me plonger pour m’anéantir à mon tour.

O vanité!

O amour-propre!

O égoïsme!

O coupable orgueil!

Combien de temps encore resterai-je votre esclave, en présence d’un Dieu anéanti pour moi sur la croix! Je veux pouvoir dire avec l’Apôtre que tout en moi est mort et que, enfoncée dans les anéantissements de Jésus-Christ lui-même, ma vie est désormais cachée avec la sienne en Dieu! Mortui enim estis, et vita vestra est abscondita cum Christo in Deo(8).

3° Vie d’obéissance. -Est-ce que je peux prétendre imiter Jésus-Christ, entrer en relations avec lui sans être obéissant? Ah! quelle rude réalité dans l’obéissance de mon Maître! Quand la mienne sera-t-elle aussi franche? Obéissance toute de foi, née de ces notions surnaturelles que la foi seule peut me donner! Obéissance intime, qui va jusqu’au plus profond de l’âme et qui s’abandonne d’un abandon éperdu à la volonté de Dieu!

4° Vie d’amour. -Où trouverai-je plus d’amour que dans le coeur de mon divin Maître percé par amour pour moi? C’est dans cet amour que je dois vivre. C’est à lui que je devrai ma perfection. C’est en lui que Je me retremperai dans un être nouveau. Tandis que Satan souffle la haine à l’orgueil du péché, Jésus me montre son amour et m’exhorte à aimer.

« Seigneur, votre amour me presse. Charitas enim Christi urget nos« (9). C’est dans cet amour que je veux vous imiter, me donner, m’immoler; c’est dans cet amour que je veux vivre pour vous et en vous éternellement.