OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • AUMONE SPIRITUELLE
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 316-319.
  • CO 83
Informations détaillées
  • 1 AUMONE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 DESESPOIR
    1 DON D'INTELLIGENCE
    1 ESPERANCE
    1 EVANGELISATION DES PAUVRES
    1 FOI
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    2 PIERRE, SAINT
  • 1875
La lettre

Jésus-Christ dira au dernier jour: Esurivi et dedistis mihi manducare, sitivi et dedistis mihi bibere(1). Rien d’admirable comme de secourir les corps, de les rassasier, de les désaltérer, de les vêtir, de les guérir, de les visiter. Mais les âmes! A côté de l’aumône matérielle il y a l’aumône spirituelle. Tous n’ont pas de l’or et de l’argent à distribuer. Saint Pierre, en face du premier malade guéri par lui disait: Argentum et aurum non est mihi. Il donne ce qu’il a; il a la puissance de guérir et il guérit: quod autem habeo hoc tibi do(2).

Le religieux ne peut-il pas guérir? Pour cela il faut qu’il donne: 1° la nourriture de l’âme; 2° l’espérance; 3° l’amour de charité.

1. Donner la nourriture de l’âme.

Non in solo pane vivit homo sed in omni verbo quod procedit de ore Dei(3). Or, personne ne donne ce qu’il n’a pas. Il faut pourtant que je donne cette parole et, pour cela, que je l’acquière. Ah ! quelle responsabilité j’accepte si, chargé de distribuer le pain de la parole, ce n’est pas de la parole de Dieu que je nourris les âmes, mais de ma parole vide, fade, menteuse! Pourquoi ne sais-je pas porter la parole de Dieu aux pauvres? Cette parole est une parole de vérité et de foi, et je n’ai qu’une foi endormie, sans action. Il me la faut tirer des Livres Saints, la méditer, la triturer en quelque sorte.

Ah! Seigneur, que je distribue votre parole aux pauvres et aux pauvres intelligences! Quel bien ne ferai-je pas!

II. Donner l’espérance.

Pourquoi le pauvre est-il triste? Pourquoi sa tristesse enfante-t-elle la haine? Parce qu’il n’a pas l’espérance. Ah! si j’avais le don de lui dire: « Ne vous affligez pas comme ceux qui ne savent pas espérer: non contristemini sicut caeteri qui spem non habent! »(4)

Ah! que l’homme est grand par sa destinée, qui est Dieu! Il faut le lui rappeler. Il est grand comme son modèle qui est Jésus-Christ et qui n’a pas eu une pierre pour reposer sa tête. Il faut le conduire à Jésus-Christ, il faut lui faire connaître Jésus-Christ, lui faire avoir une confiance immense en Jésus-Christ.

Une des forces révolutionnaires les plus terribles est le désespoir. Le désespoir est l’atmosphère de l’enfer, et je croirais volontiers que la fumée qui sortit du puits de l’abîme était le désespoir(5). Est-il étonnant que le prince de l’enfer qui est en même temps le dieu de la révolution, prenne dans l’abîme le plus de désespoir qu’il peut et le jette sur la terre? Au religieux apostolique de lui opposer l’espérance.

Si les pauvres ne prient pas, prions pour eux, prions devant eux; nous leur apprendrons à prier. Ah! que je me ferai du bien à moi-même en priant pour le pauvre, avec le pauvre! Que je le rafraîchirais en lui rendant l’espérance avec la prière! Sitivi et dedistis mihi bibere.

III. Donner l’amour de charité.

Le pauvre ne se sent pas aimé, et de là toutes ses haines. Rebtuté, il devient défiant. Voilà pourquoi il devient, difficile de s’approcher de lui. Mais s’il sent que je l’aime, il m’aimera, et si je lui parle de Dieu il aimera Dieu. Quand il aimera Dieu il lui sera facile, malgré ses souffrances, d’aimer le prochain. Que faut-il pour cela! L’accueillir, et si vous aimez davantage, le recueillir: Hospes eram et collegistis me(6).

Seigneur, donnez-moi un coeur assez grand pour accueillir tous les pauvres, et assez d’amour pour les en embraser. Faites qu’avec vous je m’immole pour eux et qu’ils sentent qu’on les aime afin qu’ils puissent vous aimer.

Notes et post-scriptum
1. "J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire." (Matth, XXV, 35.)
2. "Je n'ai ni or ni argent, ce que j'ai je te le donne." (Act. III, 6.)
3. "L homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu." (Matth. IV, 4.)
4. I Thes. IV, 12.
5. *Et aperuit puteum abyssi, et ascendit fumus putei sicut fumus fornacis magnae*: Elle (la clef) ouvrit le puits de l'abîme, et il monta du puits une fumée comme la fumée d'une grande fournaise." (Apoc. IX, 2.)
6. "J'étais sans asile et vous m'avez recueilli." (Matth. XXV, 35.)