OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • PERFECTION SELON L'ESPRIT DE L'ASSOMPTION
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 326-331.
  • CO 86
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 AMOUR DIVIN
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CRUCIFIX
    1 DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 EUCHARISTIE
    1 EVANGILE DE JESUS-CHRIST
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 JOIE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PERFECTION
    1 SALUT DES AMES
    1 SENTIMENT DES DROITS DE DIEU
  • 1875
La lettre

Ambula coram me et esto perfectus(1). Après tout ce que j’ai entendu pendant la retraite, si je veux me rendre compte de la perfection selon l’esprit de la famille religieuse à laquelle j’appartiens, voici ce que je puis conclure.

Le profond sentiment des droits de Dieu, à cause de ses perfections infinies. Je dois être toujours sous le regard de Dieu, contempler ses attributs infinis, me rendre compte de l’infinité de son être et du néant de mon origine. Sous ce rapport, je ne saurais trop méditer sur les perfections divines, dont la claire vue sera pour moi la vie éternelle et le bonheur éternel. Dieu, être infini, souverainement bon, vérité absolue, puissance, justice, miséricorde, sagesse, amour, toutes ces notions réalisées dans l’Etre des êtres à un degré dont mon intelligence ne se fera jamais une idée adéquate: voilà de quoi me ravir d’admiration et du sentiment de ma dépendance.

Oubli de soi. Oui, en face des droits de Dieu, quels peuvent être les miens, créature infirme, sinon que je ne suis pas à moi, mais que je suis à lui; que je n’ai d’autre droit que de faire sa volonté, de façon à m’oublier complètement moi-même.

3° [Le mépris de soi.] Mais si je regarde mon passé, mes incompréhensibles révoltes, mes ingratitudes insensées, l’abus si criminel que j’ai fait de ses dons, que dois-je penser de moi, et quel profond mépris ne dois-je pas avoir pour la dégradation où je suis très volontairement descendu depuis trop longtemps! Le mépris sincère de soi, telle est la condition absolue pour entrer dans la perfection. Ne dois-je pas me dire à moi-même ce que les pharisiens disaient à l’aveugle-né: « In peccatis natus es totus. Tu es né tout entier dans le péché. »(2) Or, quand j’aurai, par une humilité sans feinte, le sentiment de ma corruption originelle et des souillures hideuses que très volontairement je m’inflige tous les jours, me sera-t-il possible d’avoir pour moi-même autre chose que le plus profond mépris?

Le don de soi. On fait bon marché de ce que l’on méprise. Je dois donc bien peu tenir à moi. C’est pourquoi, si Dieu me demande de me donner à lui, je dois lui présenter l’offrande de moi-même avec le sentiment profond que je lui donne bien peu de chose, et qu’après tout je dois éprouver une certaine satisfaction d’être débarrassé d’un tel poids. Le don de moi-même doit donc être accompli non avec la pensée que je donne quoi que ce soit de valeur, mais que Dieu est bien bon de se contenter d’un être aussi indigne de sa beauté et de sa grandeur infinies. Et cependant, puisque Dieu s’en contente, je dois en éprouver une telle joie, à cause de l’honneur qu’il me fait de s’abaisser au point de vouloir de moi, que le don doit être offert de la manière la plus absolue, sans aucune réserve, et avec la persuasion la plus entière que je suis élevé au plus haut degré auquel je suis capable d’aspirer.

L’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ. -Comment me donnerai-je? Aurais-je jamais su comment je pouvais m’offrir, me dévouer, me consacrer, si Jésus.Christ mon Sauveur n’était venu me l’apprendre ? Il s’incline vers moi et s’abaisse jusqu’à moi. Il descend dans mon néant pour s’unir à moi, tant il m’aime. C’est mon Sauveur, mais c’est aussi mon Dieu, et en le voyant, je m’écrierai: « Aimons donc Dieu, puisqu’il nous a aimés le premier. Diligamus ergo Deum quia ipse prior dilexit nos. »(3) « L’amour de Jésus-Christ nous sollicite Charitas Christi urget nos. »(4) Oh! amour infini d’un Dieu fait homme pour mourir et me sauver par sa mort! Oui, son amour me presse et je veux y répondre désormais de toute l’énergie de mon être.

6° [L’imitation de Jésus-Christ.] -Mais Jésus-Christ n’est pas seulement mon Sauveur, il est encore mon modèle; je dois apprendre à le connaître toujours plus parfaitement, afin de l’imiter autant que j’en suis capable. C’est pourquoi je dois l’étudier dans trois livres qui se résument en un seul:

a) L’Evangile, où sa vie m’est racontée, et où les moindres détails sont des sources inépuisables de la science divine que je dois apprendre par Jésus-Christ et en Jésus-Christ.

b) Le crucifix, modèle du sacrifice de moi-même que je dois offrir sans cesse en union avec le sacrifice de mon Sauveur.

c) Enfin l’Eucharistie, où il se donne tout à moi, je puis aller l’écouter dans son sanctuaire, mais où il fait plus, puisqu’il veut venir me parler lui-même au fond de mon coeur.

Et quand je connaîtrai la doctrine divine à l’aide de ces trois livres, je n’aurai qu’à la mettre en pratique pour ressembler à Jésus-Christ et reproduire en moi, selon ma vocation, ce qu’il est possible à une créature d’imiter de son Dieu fait homme pour lui enseigner la perfection.

La dévotion à Marie. -Dans son infinie bonté, l’Homme-Dieu a voulu nous donner une Mère; il nous donne la sienne, afin que, d’une part, nous puissions aller avec une confiance filiale à celle que Jésus a tant aimée, à qui il a accordé un si grand pouvoir sur son coeur, et que, de l’autre, si le modèle qu’il nous offre dans ses propres vertus nous effrayait, nous puissions trouver dans sa Mère, la plus parfaite des créatures, le type de vertu dont la plus haute expression brille dans sa personne divine.

L’élan. -Voilà les modèles, Jésus et Marie. Avec quel élan ne devons-nous pas aller au Fils et à la Mère; à la Mère d’un Dieu, au Fils qui est Dieu. Quelle société, et quel honneur d’être appelé à une société pareille! Quels rapports admirables établis par Jésus entre la terre et le ciel! Avec quelle ardeur ne dois-je pas me dévouer à tout ce que Jésus me demandera!

9° [Le salut des âmes.] -Or, il me demande ma sanctification d’abord, puis le salut des âmes qui forment son royaume. Toute oeuvre qui concourt à ce but et qui entre dans ma faculté d’agir, je la dois entreprendre sans autre pensée que c’est pour Jésus-Christ que je travaille.

10° [L’amour de l’Eglise.] -Enfin, le royaume des âmes dont Jésus-Christ est le souverain monarque, c’est l’Eglise, son épouse, son corps mystique. L’amour de l’Eglise, la défense de ses droits, l’étude de ses enseignements, la sainteté de ses membres, l’extension de ses limites, voilà mon but, parce qu’en me consacrant à l’Eglise je me consacre à l’oeuvre par excellence de Jésus-Christ.

O Dieu, donnez-moi de réaliser ce plan. Que je vous connaisse par Jésus-Christ, que je vous serve par la grâce de Jésus-Christ, que je vous aime éternellement dans l’amour de Jésus-Christ, par qui seul je puis aller à vous.

Notes et post-scriptum
1. " Marche devant moi et sois parfait." (Gen. XVII, 1.)
2. Ioan. IX, 34.
3. I Ioan. IV, 7.
4. II Cor. VII, 14.