OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • DU MOUVEMENT DE LA VOLONTE ET DE LA MANIERE DE JOUIR
    [Ia - IIae, q. X et XI.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 366-368.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 BIEN SUPREME
    1 BONHEUR
    1 BONTE MORALE
    1 CREATURES
    1 DIEU
    1 ETRE HUMAIN
    1 INTELLIGENCE
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 PASSIONS MAUVAISES
    1 REFORME DU COEUR
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VERITE
    1 VOLONTE
    2 ARISTOTE
  • 1875
La lettre

I. -L’intelligence et la volonté constituent le fond de l’homme. Or, de même que mon intelligence se porte naturellement vers la vérité ou, si l’on veut, vers l’être considéré comme vrai, de même ma volonté désire naturellement le bien ou l’être considéré comme bon. Mon intelligence ne peut pas chercher le faux pour le faux, pas plus que ma volonté ne peut désirer le mal pour le mal.

Mais l’être, le vrai par essence, le bien par essence, c’est Dieu. Naturellement, donc, mon intelligence et ma volonté sont faites pour Dieu.

Pourquoi, dans sa conduite pratique, l’homme cherche-t-il autre chose?

Etrange aveuglement! Déplorable dégradation!

II. -Je ne saurais trop le répéter, ma volonté veut, de toute nécessité, le bien en général, dont l’acquisition est pour elle le bonheur. Mais elle ne veut pas, par nécessité, tel ou tel bien, ou ce qu’elle se persuade être le bien. C’est là qu’elle a le choix, et son malheur consiste à mal choisir.

Quelle importance pour moi de me fixer dans le vrai bien et de ne jamais m’en séparer!

III. -Ne m’est-il pas arrivé de me laisser emporter par la passion au point que ma volonté se perdait dans une sorte de démence? Dans tous les cas, la passion, sans conduire ma volonté à un tel état d’esclavage, ne l’a-t-elle pas tellement affaiblie qu’il lui était très difficile de vouloir le bien et de fuir le mal? Mais ne puis-je pas me vaincre et terrasser ma passion en prévoyant ses redoutables attaques?

Il semble même que Dieu ait voulu respecter notre volonté et nous montrer le respect que nous devons en avoir, lorsque, tout en la dirigeant vers le bien en général et en l’enveloppant dans les dispositions de sa Providence, il ne la force, il ne la contraint à aucun acte particulier, même dans les lois qu’il lui impose.

IV. -La jouissance du bonheur ne se trouve, à proprement parler, que dans son dernier terme. L’animal peut jouir de la satisfaction grossière de ses appétits; mais l’homme n’est satisfait, dans sa volonté et dans ses désirs légitimes et raisonnables, que lorsqu’il a atteint le dernier terme qui est Dieu. Tout le reste, dans la vie, ne doit être que moyen pour atteindre ce bien dernier et souverain. C’est là tout l’homme (1).

Pourquoi donc l’homme cherche-t-il autre chose que de jouir éternellement de Dieu (2)?

Notes et post-scriptum
2. Cette méditation résume deux questions de saint Thomas, la Xe (De la manière dont est mue la volonté) et la XIe (De l'acte de la volonté nommé jouissance). En s'appuyant sur les principes du saint Docteur, tout en élaguant ce que sa doctrine a de trop purement philosophique, le P. d'Alzon excite l'âme à la poursuite du vrai bien, Dieu, qui constitue pour elle la seule jouissance légitime. Vouloir jouir d'autre chose que de Dieu, c'est vouloir faire du moyen la fin: grande perversité contre laquelle saint Augustin nous met en garde en plusieurs endroits de ses écrits. Voici comment il s'en explique dans *De Doctrina christiana*, ch. III:
"Il y a des choses dont il faut jouir, d'autres dont il faut user, et il y a enfin les êtres qui usent et jouissent. Les premières nous rendent heureux, les secondes nous excitent et nous aident à conquérir la béatitude. Et nous, qui avons le droit de jouir et d'user, si, renversant l'ordre des choses, nous voulons jouir de celles qui doivent uniquement nous servir, nous sommes arrêtés dans notre course vers le bien suprême, ou même entièrement détournés de ce but. Supposons que nous sommes des voyageurs et des étrangers, ne pouvant espérer de bonheur qu'au sein de la patrie; si nous nous laissions séduire par les agréments du voyage, par les objets que nous rencontrons sur notre chemin, par l'impression même du mouvement qui nous entraîne, ce serait là jouir des objets dont nous devions seulement user; et, par conséquent, nous renoncerions au vrai bonheur de la patrie pour le bonheur apparent et trompeur de cette terre étrangère.1. *Hoc est omnis homo*. (Eccl. XII, 13.) -Conclusion du livre de l'Ecclésiaste, qui se résume dans ces deux recommandations: "Crains Dieu et observe sa loi, c'est là tout l'homme." Cela revient à la conclusion de cette méditation: "Cherche Dieu uniquement; tout le reste n'est qu'un moyen de l'atteindre."