OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • DE LA DELECTATION
    [Ia - IIae, q. XXXI.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 382-384.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 INTELLIGENCE
    1 JOIE
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 JOUISSANCE DE DIEU
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 SENSATION DE PLAISIR
  • 1875
La lettre

I. -La délectation est la jouissance d’un bien acquis.

Entre la délectation et la joie il y a cette différence que la délectation est propre à tous les animaux. L’animal se délecte dans certains plaisirs naturels, et que l’homme partage. La joie est une délectation basée sur la raison.

Je puis donc éprouver des délectations qui ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont naturelles.

Je puis éprouver des délectations mauvaises; elle sont contraires à ma nature.

Je puis éprouver des délectations qui partent uniquement de mon intelligence, et ce sont des joies.

Je puis éprouver des délectations naturelles, mais que je relève par la direction que ma raison leur a donnée.

Quelle responsabilité n’ai-je pas comme homme, et, à plus forte raison, comme chrétien et comme religieux, quand je me livre à des délectations qui ne sont ni naturelles ni raisonnables! [Q. XXXI, a. 3.]

II. -Au delà des délectations naturelles communes à l’animal et à l’homme, des délectations à la fois naturelles et raisonnables, il est des délectations que l’âme seule peut désirer et posséder. Le Psalmiste n’a-t-il pas dit: « Delectare in Domino: Délectez-vous dans le Seigneur. » [Ps. XXXVI, 4.]

La différence entre la délectation sensible et la délectation purement intellectuelle vient de ce que la première n’a pas lieu sans une transmutation du corps, l’autre au contraire est un pur mouvement de la volonté.

Pourquoi ne me tiens-je pas constamment élevé dans les délectations dont peuvent jouir mon intelligence et ma volonté?

Les païens eux-mêmes ont répondu à cette question, quand ils ont dit que la délectation suprême était celle qui est conforme à l’opération de la sagesse. [*Maxima delectatio est quae est secundum operationem sapientiae. (Ethic. X, 7.)] [Q. XXXI, a. 4.]

III. -Sans entrer dans de trop profondes considérations, il est manifeste que j’éprouve en moi des mouvements de plaisir en sens divers. Mes sens ont leurs délectations, même permises. Mon âme a les siennes.

Chez les saints ces délectations étant subordonnées et les délectations des sens entièrement soumises, les délectations ou les joies de l’âme doivent toujours dominer, mais non pas sans combat.

De plus, si je m’élève dans le monde surnaturel, je trouve pour mon âme des délectations, des joies d’un autre genre, qui peuvent bien refluer sur mon corps, mais comme par une conséquence involontaire. C’est mon âme qui, s’attachant très purement à Dieu, ne veut jouir que de lui, qui aspire à s’enivrer de la surabondance de la maison de Dieu et des torrents de ses délices.

Pourquoi, appelé à cet ordre de délectations supérieures, vais- je chercher les plus basses?

O Dieu, donnez-moi vos joies, faites que j’y entre et que, les possédant, je n’en veuille pas d’autres. [Q. XXXI, a. 5.]

Notes et post-scriptum