OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • DE LA TRISTESSE
    [Ia - IIae, Q. XXXV, XXXIX.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 386-388.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 DOULEUR
    1 HONTE DU PECHE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MAL MORAL
    1 TRISTESSE
  • 1875
La lettre

I. -On peut dire, en un sens, que la tristesse est la douleur de l’âme.

La tristesse produit en nous des effets que je n’ai pas à énumérer ici, mais il est certain que, s’il y a une tristesse mauvaise -celle qui procède de ce que nous avions cru un bien lorsque c’était un mal pour nous, -il y a une tristesse bonne, excellente, qui est produite par la vue du mal accompli par nous.

Donnez-moi cette tristesse, ô mon Dieu; faites que je m’y plonge à la vue de mes fautes, de mes égarements passés. Autant j’ai été coupable par la délectation que j’ai prise dans des joies mauvaises, quand je me suis délecté dans la possession de biens défendus, dangereux, mortels; autant je veux revenir au bien véritable pas la fuite du mal que j’ai commis, et réparer mon péché par la tristesse qu’il me cause. [Q. XXXV, a. 2.]

II. -Il est des tristesses honnêtes qui élèvent l’âme. Notre-Seigneur n’a-t-il pas dit: « Beati qui lugent quoniam ipsi consolabuntur [Bienheureux ceux qui pleurent parce qu’ils seront consolés. » (Matth. V, 5.)]

Si la tristesse est une cause légitime de joie, elle est donc parfaitement honnête, et c’est là ce que je dois considérer.

Un bien dangereux m’est présenté, je le repousse, mais je souffre, je suis triste. Pourtant j’ai du mérite, et la récompense m’attend, je serai consolé.

Une épreuve me survient, je l’accepte en soumission à la volonté de la Providence; la nature souffre, mais Celui qui ne permettra pas que je sois tenté au delà de mes forces me viendra en aide et me récompensera du combat que j’aurai livré. [Q. XXXIX, a. 2.]

III. -Rien n’est utile en certaines circonstances comme la tristesse, soit qu’elle ait horreur du mal que l’on craint, [soit qu’elle s’attriste du mal que l’on subit], lorsque ce mal est le péché.

Ah! si j’avais l’horreur du péché, quelle douleur n’éprouverais-je pas en pensant que je puis le commettre, et combien la vue du mal commis par les autres me pousserait à ne pas le commettre moi-même!

Mais si j’ai eu le malheur de faire le mal, de succomber au péché, quel bien que la tristesse, qui me fait regretter de l’avoir commis et qui me le met sans cesse devant les yeux afin que je le déteste!

Heureux ceux qui pleurent sincèrement, efficacement leur péché, au point de le fuir pour tout le reste de leur vie, car ceux-là seront consolés!(1) [Q. XXXIX, a. 3.]

Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon a passé complètement sous silence les questions XXXVI, XXXVII et XXXVIII, où saint Thomas étudie les causes, les effets, les remèdes de la tristesse. Quoique très intéressantes, ces questions lui auront, sans doute, paru trop philosophiques et d'une éthique trop humaine et naturelle pour fournir des sujets d'oraison.