OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • DISTINCTIONS DES VERTUS MORALES D'AVEC LES PASSIONS
    [Ia - IIae, q. LIX.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 394-396.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 CORPS
    1 MAITRISE DE SOI
    1 PASSIONS
    1 TRISTESSE
    1 VERTUS
    1 VOLONTE
  • 1875
La lettre

I. -Une vertu morale ne saurait être une passion.

Une passion est un mouvement suscité par l’appétit sensitif, le concupiscible ou l’irascible.

La vertu, au contraire, est plutôt le principe du mouvement appétitif, sans les désirs; une habitude existante.

Les passions par elles-mêmes ne sont ni bonnes ni mauvaises; elles ne sont bonnes ou mauvaises qu’autant qu’elles se rapportent au bien ou au mal. Rien de semblable pour les vertus, qui ne se rapportent qu’au bien.

Il importe donc que je constate la différence essentielle qui existe entre les passions et les vertus. [Q.LIX, a. 1.]]

II. -Si on ne voit dans les passions que des mouvements désordonnés de l’âme, évidemment elles ne peuvent subsister avec les vertus.

Mais si on les considère comme des mouvements de l’appétit sensible, pourquoi ne pourraient-elles pas s’unir aux vertus, par qui elles seraient dirigées comme par un bon principe? [Q. LIX, a. 2.]

III. -On peut allier une tristesse modérée avec la vertu. Notre divin Maître n’a-t-il pas dit: « Tristis est anima mea usque ad mortem, [mon âme est triste jusqu’à la mort »? (Matth. XXVI, 38)] Pourtant il possédait les vertus dans leur plus haute perfection.

En effet, l’union du corps et de l’âme implique la possibilité pour l’âme d’être affectée par les douleurs du corps, qui, sans être mauvaises par elles-mêmes, peuvent faire éprouver une tristesse très légitime à l’âme. [Q. LIX, a. 3.]

IV. -Sans doute, les vertus peuvent régler les mouvements de notre appétit sensitif et, par suite, régler les passions qui résident dans cet appétit.

Mais nous avons aussi l’appétit de l’intelligence, qui est la volonté.

Or, la volonté est, par elle-même, au-dessus des passions et, par sa nature, n’en dépend pas.

Par une certaine décadence elle peut en dépendre, et nous n’en avons que de trop tristes exemples, mais, naturellement, elle se trouve au-dessus.

Je dois donc dire qu’il est des vertus qui règlent les passions de l’âme, d’autres qui règlent ses opérations, ou, en d’autres termes, les actes accomplis par la volonté. [Q. LIX, a. 4.]

V. -Mais si les passions sont des mouvements qui, en eux-mêmes, ne sont ni bons ni mauvais; si les vertus sont des principes de mouvements bons, il est impossible que les vertus ne mettent pas en branle les passions, mais d’une manière raisonnable.

C’est ce que je dois observer bien attentivement, car souvent il n’y a pas loin d’une passion mise en mouvement par une vertu à une passion mise en mouvement par un mauvais principe.

Et quelle vigilance, à cet égard, ne dois-je pas exercer sur moi?(1) [Q. LIX, a. 4.]

Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon passe complètement sous silence la question LX, purement spéculative, qui traite de la *Distinction des vertus morales entre elles*.