OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • DU MILIEU DES VERTUS
    [Ia - IIae, q. LIV.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 400-402.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 BONTE MORALE
    1 LOI DIVINE
    1 PERFECTION
    1 VERITE
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VERTUS
    1 VERTUS THEOLOGALES
  • 1875
La lettre

I. -Les vertus morales doivent être conformes à une certaine règle; il en résulte que ce qui est en deçà est défaut, et ce qui est au delà est excès. C’est en ce sens que l’on dit que les vertus sont dans le milieu. Elles sont dans la règle.

Il y a une perfection, à la règle, qui n’est pas un excès. Ainsi la perfection de la chasteté est la virginité, qui n’est point un excès. La perfection de la miséricorde est la pauvreté, qui donne tout aux pauvres, et ce n’est point un excès.

Et toutefois, il faut considérer les vertus selon les circonstances. La virginité n’est plus acceptable, généralement parlant, dans le mariage ni la pauvreté du religieux chez un père de famille.

Répétons qu’il est des circonstances où, sans doute, ce qui est perfection pour les uns est excès pour les autres; mais combien de fois n’ai-je pas redouté l’excès de la vertu pour en légitimer à mes yeux le défaut. [P. LXIV, a. 1 et ad 3m.]

II. -Le milieu dans lequel consistent les vertus n’est autre que la conformité à la raison, et, par conséquent, la perfection de la vertu consiste dans sa conformité à la raison parfaite.

Or, la parfaite raison pour le religieux, c’est la loi de Dieu appliquée à ma nature et à ma personnalité, car il y a dans les différences de ma nature et de ma personnalité et de mon état, une foule de causes de modifications dans la manière de pratiquer la vertu. Le milieu de la vertu tiendra compte des unes et des autres. [Q. LXIV, a. 2.]

III. -Les vertus intellectuelles ont leur milieu comme les vertus morales, avec cette seule différence que le terme de la vertu morale c’est le bien, et que le terme de la vertu intellectuelle, c’est le vrai.

La règle de la vertu intellectuelle est la vérité parfaite, contre laquelle on peut pécher par excès ou par défaut. Mon application doit donc consister par-dessus tout, à rester toujours, par rapport aux vertus intellectuelles, dans la mesure du vrai. [P. LXIV, a. 3.]

IV. -Les vertus théologales doivent être considérées sous un autre aspect: ayant Dieu pour terme, elles doivent tendre vers lui, et elles seront toujours au-dessous de leur but.

Il n’y a pas à craindre le connaître trop Dieu, de trop espérer en lui, de trop l’aimer. Efforçons-nous donc de nous plonger dans le vrai infini qui est Dieu, dans le bien infini qui est Dieu, dans l’être infiniment parfait qui est Dieu, et nos vertus, à cet égard, acquerront ce que rien d’humain ne peut leur donner (1). [Q. LXIV, 1. 4.]

Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon ne considère ici les vertus théologales que dans leur essence, aspect sous lequel leur mesure est de ne pas en avoir, puisqu'elle dépasse tout pouvoir humain. Mais il y a un autre aspect de la question, constitué par les rapports accidentels des vertus théologales avec l'homme, d'où il résulte que nous devons pratiquer ces vertus selon nos forces, selon notre condition et nos devoirs l'état. Ce serait un excès que de compromettre la fortune de ses proches ou de ruiner sa santé, sous prétexte de foi en Dieu. Autre excès que d'espérer obtenir le ciel sans mérites, ou la persévérance sans la prière et sans la fuite des occasions du péché. Et la charité elle-même, bien que son objet soit au-dessus du jugement de la raison et doive être aimé avec toute la capacité du coeur, de l'esprit, de l'âme, des forces, quant à l'acte intérieur, à néanmoins une mesure que lui prescrit la raison dans l'emploi des moyens, c'est-à-dire quant aux actes extérieurs.