OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • II. CONDITIONS DE L'ACTE DE FOI
    [IIa - IIae, q. 11, a. 2.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 407-410.
  • BI 9
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 DIEU
    1 ESPERANCE
    1 FOI
    1 INTELLIGENCE
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VERITE
    1 VOLONTE
  • 1875
La lettre

L’acte de foi se présente à moi sous trois formes. Je crois Dieu. Je crois à Dieu. Je crois en Dieu. Ce qui fait en quelque sorte trois actes de foi.(1)

I. Je crois Dieu.

Oui, et Dieu est l’objet matériel de ma foi. Dieu est là devant moi, dans toutes ses perfections. Simple, un par lui-même, infini, tout-puissant, parfait; la justice, la miséricorde, la beauté substantielle; il est devant moi. Je crois qu’il est, je m’approche de lui par la foi. Je le contemple, il est le sujet de mon admiration, de mon adoration, de mon amour. Je me perdrai, pendant l’éternité, dans son être infiniment parfait.

Il est celui qui est, et, selon la faiblesse même de mon intelligence illuminée par la foi, je repasserai un à un tout ce que je puis saisir [de lui], soit en détail, soit dans l’ensemble. Je suis obligé de faire cet acte de foi: « Je crois Dieu ».

O mon Dieu, je crois que vous êtes. Credo Deum. Il est la vérité première de qui toutes les autres vérités découlent. Mais quelle est cette puissance de mon intelligence par laquelle je crois l’Etre infini, objet de ma méditation? Et en même temps j’ai le privilège de prendre pour base de ma foi Dieu qui, non seulement est l’Etre infini, mais l’affirmation de son être aussi infinie que l’être lui-même. Je crois en Dieu infiniment parfait sur l’affirmation de la vérité infiniment parfaite, qui se proportionne à moi dans le Verbe, lequel s’étant fait homme est l’auteur et le consommateur de ma foi. Je sais bien que, si je veux m’approcher de Dieu, je dois croire qu’il est, mais sur quoi repose cette foi? Sur Dieu même, vérité première faite homme pour me parler, m’instruire et m’élever, comme mon docteur, à la connaissance de ce que je puis connaître de Dieu ici-bas.

O Verbe éternel, vérité première, affirmation infinie de l’Etre infini, je crois à vous. Credo Deo.

III. Je crois en Dieu.

Les deux actes de foi qui précèdent sont des actes de mon intelligence; mais il y en a un troisième qui est celui de ma volonté. Quel est le terme de ma volonté sinon Dieu; il est présent à moi par la foi; par la foi je le crois, il est le motif le plus haut de ma foi, je crois à lui; mais quand par la foi je le connais, je sens qu’il est mon terme, le but de mon bonheur, la fin de mon espérance, l’objet de mon amour. Pour espérer en lui et l’aimer il faut que je le connaisse, mais dès que je l’ai connu je comprends combien il m’est bon de m’attacher à lui et de mettre en lui toute mon espérance: Mihi autem adhaerere Deo bonum est, ponere in Domino meo spem meam(2).

Oui,mon Dieu, je crois en vous, je me confie en vous et c’est dans cette foi que je veux vivre et mourir pour vous être attaché pendant l’éternité. Credo in Deum.

Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon a soin d'ajouter" en quelque sorte", car, à proprement parler, ces trois formules: *Je crois Dieu, je crois à Dieu, je crois en Dieu*, n'expriment pas divers actes de foi, mais un seul et même acte, où l'objet de la foi est pris sous un rapport différent, comme le fait remarquer saint Thomas IIa-IIae, q. II, a. 2, *ad primum*. Cette méditation sur les conditions de l'acte de foi n'est qu'une application de cet article 2, dont la doctrine, un peu subtile au premier abord, est tout à fait classique et a pour premier auteur saint Augustin, qui établit cette distinction en plusieurs endroits de ses ouvrages, notamment en son livre *De Verbis Domini*, sermon LXI, ch. II, et dans son commentaire sur l'Evangile de saint Jean, Tract. XXIX. D'après saint Thomas, qui suit en cela saint Augustin, *croire Dieu*, c'est croire à son existence, abstraction faite du motif pour lequel on y croit, c'est considérer Dieu comme l'objet matériel de notre croyance, auquel l'intelligence adhère sans hésiter; c'est l'*objectum formale quod* de la foi, comme s'expriment les théologiens. -*Croire à Dieu*, c'est croire à sa parole révélatrice et accepter toutes les vérités qu'elle nous enseigne; ce témoignage divin est le fondement inébranlable de la foi, l'*objectum formale quo*, en langage scolastique, et il est l'unique motif de la foi, comme l'évidence est l'unique motif de la science. -*Croire en Dieu* exprime une tendance vers lui et inclut par conséquent l'acte de la volonté, dont le propre est de tendre vers une fin. L'acte de croire reste toujours un acte de l'intelligence, mais l'intelligence agit sous l'impulsion de la volonté, qui est la grande maîtresse de l'action. De sorte que *croire en Dieu* est tendre vers lui comme vers notre fin dernière, pour l'obtention de laquelle nous voulons croire en Dieu. C'est ce que le P. d'Alzon explique en des termes qui demandent une profonde réflexion.2. "Pour moi, c'est mon bonheur de m'attacher à Dieu, de mettre mon espérance dans le Seigneur Dieu." (Ps. LXXXII, 28).