OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • VIII. DE LA CAUSE ET DES EFFETS DE LA FOI.
    IIa - IIae, q. VI, VII.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 424-427.
  • BI 9
Informations détaillées
  • 1 CRAINTE
    1 DIEU
    1 FOI
    1 GRACE
    1 INTELLIGENCE
    1 PURIFICATION
    1 REFORME DU COEUR
    1 VERITE
    1 VOLONTE
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

I. [La foi est infusée à l’homme par Dieu, (Q. VI, a. 1.)]

Evidemment l’homme, par son intelligence, ne peut à lui seul former la foi en lui. Il faut que la vérité première qui est Dieu lui soit proposée, se communique à lui. Mais même quand l’homme est ainsi en face de la vérité divine, lui seul, livré à ses propres forces, est incapable d’y adhérer. Il faut que Dieu l’aide encore par la grâce, en inclinant sa volonté, et c’est ce qui fait de la foi une vertu divine. Dieu se révèle, l’intelligence perçoit les vérités proposées, mais l’intelligence ne suffit pas, il faut l’assentiment de la volonté qui ne pourra le donner si elle n’est prévenue et accompagnée de la grâce: Tua nos, quaesumus, Domine, gratia semper et praeveniat et sequatur(1). Mystère étrange, où Dieu fait tant qu’on est tenté de demander ce que fait l’homme! L’homme fait ou du moins doit faire tout ce dont il est capable.

O Dieu, que ma foi s’augmente sans cesse par l’adhésion la plus absolue de ma part à vos avances et à vos impulsions!

II. [La foi, même informe, est un don de Dieu. (Q. VI, a. 2.)]

La foi si imparfaite, si dépourvue de charité qu’elle soit, est toujours la foi; elle n’opère pas encore par la charité, mais elle est la foi et un don de Dieu. La foi est un germe surnaturel jeté dans l’âme; pour qu’elle arrive à la perfection, il faudra que la charité s’y ajoute, mais déjà elle est la foi dans le coeur du chrétien. Que d’êtres baptisés en restent là, avec cette foi informe, comme dit la théologie, et quel vaste champ à défricher, si je le veux, que toutes ces âmes en qui on peu développer la foi et la rendre vivante par la charité.

III. [La foi « informe » produit la crainte servile, la foi « formée » produit la crainte filiale. [Q. VII, a. 1.)]

La théologie m’enseigne que la foi peut produire en nous deux espèces de craintes, la crainte servile inspirée par la foi seule, qui nous fait voir en Dieu le juste vengeur du crime, et la crainte filiale inspirée par la foi sous l’action de la charité, qui voit en Dieu le souverain Bien et qui craint de lui déplaire par ce seul motif qu’il est infiniment bon et miséricordieux.

Seigneur, votre crainte est le commencement de la sagesse, mais je ne veux pas vous craindre comme le criminel craint son juge, à cause du châtiment; je veux vous craindre comme un fils comblé de bienfaits craint son père, en ce sens qu’il a, par-dessus tout, peur de lui déplaire. C’est cette crainte filiale que la foi formée par la charité me donnera, et c’est celle-là que par-dessus tout je vous demande.

IV. [La purification du coeur est un effet de la foi. (Q. VII, a. 2.)]

Ce qui purifie un objet, c’est son mélange avec un objet de qualité supérieure, [comme ce qui le souille est son mélange avec des choses plus viles que lui]. L’argent n’est pas impur par son mélange avec l’or [mais il le serait, mêlé à du plomb ou à l’étain]; de même, tandis que la créature raisonnable est souillée par son contact avec les choses périssables et terrestres, au contraire elle est purifiée par tout ce qui l’élève au-dessus d’elle-même. Or, le principe de l’élévation de l’âme dans le monde surnaturel, c’est la foi.

Seigneur, purifiez par la foi mon coeur(2), selon l’expression de saint Pierre, et rendez la purification complète en moi par votre charité. Que je croie en vous, que je vous aime parfaitement et je serai entièrement purifié!

Notes et post-scriptum
2. *Fide purificans corda eorum*. (Act. XV. 9.) -Le P. d'Alzon a écrit: "Accomplissez par la foi mon coeur, selon l'expression de l'Apôtre." Le mot "accomplissez" semble un lapsus, de même que l'attribution à saint Paul. Aucun texte de ce genre ne se trouve dans ses Epîtres, croyons-nous, à moins qu'il ne faille voir ici une allusion au passage de la première Epître aux Thessaloniciens, III, 10: *Nocte ac die abundantius orantes, ut... compleamus ea quae desunt fidei vestrae*. Mais cette pensée n'a pas de rapport avec celle que le Père développe ici. -On pourrait peut-être y voir un rapprochement avec ces autres paroles de saint Paul: *Optimum est gratia stabilire cor. (Hebr. XIII, 9.) Mais "raffermir son coeur par la grâce" n'est pas "accomplir son coeur par la foi.". Il nous a donc paru meilleur de corriger le texte, d'autant plus que le contexte commande en quelque sorte la correction que nous nous sommes permis de faire.1."Nous vous en supplions, Seigneur, que toujours votre grâce nous prévienne et nous accompagne." (Oraison du XVIe dimanche après la Pentecôte.)