- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
- X. DE L'ESPERANCE
[IIa - IIae, q. XVII.] - Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 430-432.
- BI 9
- 1 BIEN SUPREME
1 BONHEUR
1 CREATURES
1 DIEU
1 ESPERANCE
1 GRACE
1 POSSESSION DE DIEU
1 THOMAS D'AQUIN - 1875
I. [L’espérance est-elle une vertu? (Ibid., a. 1.)]
L’espérance surnaturelle est la second vertu théologale, car elle rend meilleur celui qui la pratique en lui faisant désirer la possession de Dieu comme bien suprême. Or, ce désir est excellent, surtout quand il s’accompagne du sentiment que de nous-mêmes nous ne pouvons posséder Dieu et que nous avons besoin de sa grâce pour atteindre un but aussi élevé et tellement au-dessus de nos forces. L’objet de l’espérance en soi est un bien futur à la fois difficile et possible à atteindre. Or, je ne possède pas encore Dieu, et il m’est impossible de l’atteindre sans sa grâce, mais par sa grâce je puis l’atteindre et le posséder.
Qu’ai-je de mieux à faire que de comprendre mon néant et de le proclamer, de m’humilier en un mot à la vue de mon impuissance native, et en même temps de prier Dieu afin qu’il m’accorde les grâces dont j’ai besoin pour mériter de le posséder un jour!
II. [L’objet de l’espérance est la béatitude éternelle. (Ibid., a. 2.)]
C’est par l’espérance que nous pouvons pénétrer dans le monde supérieur. Spem… habemus… incedentem ad interiora velaminis(1). Derrière ce voile, fait observer saint Thomas, se trouve l’éternel bonheur. Nous avons un désir infini de félicité et il nous faut un objet qui l’apaise; il n’y en a pas d’autre que Dieu puisque Dieu seul est infini et que Dieu seul peut me donner les moyens de le posséder. Jamais ici-bas je ne me rendrai exactement compte de ce qu’est cette éternelle jouissance, mais ici-bas je puis pressentir ce qu’elle sera un jour et je puis, la grâce de Jésus-Christ aidant, me mettre à tout sacrifier pour posséder un si grand bien. Simile est regnum caelorum homini negotiatori quaerenti bonas margaritas; inventa autem una pretiosa margarita, abiit et vendidit omnia quae habuit et emit eam(2). Aussi n’ai-je pas à demander à Dieu d’autres biens que celui-là, ou ceux qui se rapportent à ce bien suprême. Quelle folie, en effet, que de chercher autre chose que ce qui peut me donner le bonheur!
Car si je me rends bien compte de ce qu’est le bonheur éternel, combien toutes les joies de la terre me paraîtront peu de chose! Etrange misère pourtant [que de s’y attacher]! et combien ne suis-je pas insensé lorsque je me perds dans des jouissances basses et viles en comparaison d’un bien aussi grand.
O Dieu, Dieu infini, beauté éternelle, soyez mon éternel bonheur! Que je vous sacrifie tout, que j’apprenne à vous connaître par la foi. Illuminez mon âme, éclairez mes yeux sur la vanité des créatures et sur les trésors infinis qui sont en vous seul, ô mon Créature, qui avez voulu être le terme de ma création.
2. "Le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherche de bonnes perles; ayant trouvé une perle de grand prix, il s'en est allé, a vendu tout ce qu'il avait et l'a achetée." (Matth. XIII, 45, 46.)