OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • XI. DE L'ESPERANCE DANS LES HOMMES
    [IIa - IIae, q. XVII.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 432-434.]
  • BI 9
Informations détaillées
  • 1 BIEN SUPREME
    1 BONHEUR
    1 CREATURES
    1 DIEU
    1 ESPECE HUMAINE
    1 ESPERANCE
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

I. [Est-il permis d’espérer dans l’homme? (Ibid., a. 6.)

Maledictus homo qui confidit in homine(1). Evidemment l’espérance divine condamne cette disposition de l’homme à s’appuyer sur les créatures. Dieu n’est-il pas pour moi un soutien assez ferme? Pourquoi donc aller chercher mon appui ailleurs qu’en lui, pourquoi prétendre que les créatures pourront me donner du bonheur? Cependant, quel est le spectacle universel? N’est-ce pas celui d’êtres qui mettent leur espérance dans ce qui est périssable? Je regarde et ne vois que cette affreuse prétention de trouver, par intérêt, par vanité, par une folle affection, le bonheur dans l’appui que peuvent procurer les créatures humaines. Et moi-même, que de fois ne me suis-je pas laissé prendre à ce mensonge! quel n’a pas été mon crime et ma démence!

II. [Espérer en Dieu seul comme cause première de notre bonheur. (Ibid.)]

L’espérance divine ne saurait s’appuyer que sur Dieu. Lui seul est l’être infini, le bien infini; lui seul est infiniment bon; lui seul [étant] capable de donner le bonheur a le droit d’exiger que toutes les créatures intelligentes le considèrent comme le terme de leur bonheur. De longues réflexions ne sont pas nécessaires pour comprendre une vérité si manifeste. Pourquoi donc si peu d’hommes la comprennent-ils? et dans combien de circonstances, aveuglé par mes passions, n’ai-je pas agi comme si Dieu se trouvait [trop] loin de moi pour que je puisse espérer en lui?

O mon Dieu, soyez l’unique terme de mes aspirations! Que je vous cherche désormais! Que je ne veuille être heureux que par vous! D’autant plus que dans votre infinie bonté vous me donnez les moyens de m’élever jusqu’à vous, alors que j’en suis incapable. Je mettrai donc toute mon espérance en vous et je ne serai pas confondu. In te Domine speravi, non confundar in aeternum(2).

III. [Espérer en la créature comme instrument secondaire de notre bonheur éternel. (Ibid.)

Mais si je ne dois m’appuyer que sur vous, ô mon Dieu, si je ne dois point chercher un bras de chair pour soutien, vous disposez les choses de façon que les créatures soient quelquefois un moyen d’aller à vous. Vous vous servez de certains intermédiaires et de même que dans votre Eglise j’admire le sacerdoce, les sacrements, la prédication comme moyen de sanctification, de même je puis rencontrer lesquelles je m’approcherai de vous; mais à une condition, c’est que rien de créé ne sera pour moi un terme et ne sera qu’un moyen. Oh! alors tout peut être sanctifié pour moi, selon cette parole de l’Apôtre: Diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum (3) Parce que tout, par votre grâce, devient un moyen de me rapprocher de vous.

Notes et post-scriptum
1. "Maudit l'homme qui met sa confiance dans son semblable!" (Ier. XVII, 15.)
2. Ps. XXX, 2. -Eccl. II, 12.
3."Toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu." (Rom. VIII, 28.)