OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • XIII. DU DESESPOIR
    [IIa - IIae, q. XX.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 436-438.
  • BI 9
Informations détaillées
  • 1 DESESPOIR
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 ERREUR
    1 FOI
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PECHE
  • 1875
La lettre

I. [Le désespoir est un péché. (Ibid., a. 1.)]

Ce qui dans l’intelligence est vrai ou faux est dans la puissance appétitive bien ou mal. Tout mouvement appétitif conforme à une vérité dans l’intelligence est bon et tout mouvement appétitif correspondant à une fausseté dans l’intelligence est mauvais. Or, la vérité pour l’intelligence, quant à Dieu, est de voir en lui le principe du salut de hommes selon cette parole du prophète: *Numquid voluntatis meae est mors impii, et non ut convertatur a viis suis et vivat? (1) C’est donc chez le pécheur une idée fausse que Dieu veut la damnation du pécheur pénitent, et qu’il lui refuse la grâce sanctifiante pour se sauver. De même donc que la mouvement de l’espérance correspond à une vérité, de même le mouvement par lequel l’âme se désespère correspond à une erreur et est un péché.

Pourquoi de moi-même me détourner d’un Dieu bon qui veut que tous les hommes soient sauvés? Pourquoi me laisser entraîner à des idées indignes de sa bonté, de sa miséricorde et de sa perfection? L’homme qui désespère de son salut se fait de Dieu une idée profondément erronée, et, en même temps, essentiellement injurieuse à sa majesté infinie.

Seigneur, que je me laisse jamais aller à des idées pareilles et que ma confiance en vous augmente sans cesse.

II. [Peut-il exister sans la perte de la foi? (Ibid., a. 2.)]

Sans doute quiconque désespère ne perd pas pour cela la foi. Les damnés et les démons ont la foi, quoiqu’ils aient perdu toute espérance; pour eux le désespoir est une partie de leur supplice. Toutefois, il faut établir que l’homme qui, ici-bas, désespère de son salut, par le fait qu’il désespère de la bonté de Dieu, conçoit à l’égard de Dieu des idées qui ne sont pas conformes à la foi.

Quel sujet de réflexions et comme je dois faire effort pour que le désespoir n’entre jamais dans mon âme.

III. [Le désespoir est le plus funeste de tous les péchés. (Ibid., a. 3.)]

Aussi quelle énormité ne trouvé-je pas dans le péché de désespoir! D’abord si je réfléchis que les vertus les plus élevées sont celles qui s’adressent directement à Dieu comme les vertus théologales, que dès lors les péchés les plus graves sont les péchés contraires à ces vertus, en faudra-t- il davantage pour me faire comprendre la gravité du désespoir?

O Seigneur, écartez ce malheur et cette révolte de mon âme et donnez-moi de lutter contre une disposition à laquelle malheureusement succombent trop souvent les âmes pusillanimes.

Notes et post-scriptum
1. "Ce que je veux, est-ce la mort de l'impie? et n'est-ce pas qu'il se retire de ses voies et qu'il vive?" (Ezech. XVIII, 23.)