OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • XIV. DE LA PRESOMPTION
    [IIa - IIae, q. XXI.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 438-440.
  • BI 9
Informations détaillées
  • 1 BIEN SUPREME
    1 CHATIMENT
    1 ESPERANCE
    1 GRACE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 ORGUEIL
    1 PECHE
    1 PRESOMPTION ENVERS DIEU
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VANITE
    1 VIE DE PRIERE
    2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
  • 1875
La lettre

I. [Le présomptueux compte trop sur soi. (Ibid., a. 1.)]

De même que le désespoir est un péché qui nie pratiquement la miséricorde de Dieu, de même la présomption est un péché qui méprise la justice divine punissant les pécheurs, et tandis que le désespoir est un mouvement d’éloignement de Dieu [de qui nous nous défions], la présomption est un mouvement de retour sur nous-mêmes [en qui nous nous confions trop].

La présomption est comme un excès dans l’espérance. L’objet de l’espérance est un bien difficile à obtenir, aussi l’espérance doit s’appuyer sur des moyens capables d’atteindre le bien qu’elle souhaite.

Or, le bien divin ne peut être atteint par l’homme qu’à l’aide du secours de Dieu, et le présomptueux, dans l’ordre de l’espérance divine, compte sur lui plus que sur Dieu même. N’est-il pas naturel que Dieu l’abandonne, et n’ai-je pas été bien souvent abandonné de Dieu parce que je comptais trop sur moi? D’où tant de chutes funestes que j’ai si justement méritées.

II. [Le présomptueux compte aussi trop sur Dieu. (Ibid.)]

La présomption est un désordre dans l’espérance: elle met l’homme à la place de Dieu, elle exagère les forces humaines pour dispenser le présomptueux d’invoquer le secours d’en haut; par là elle attaque la prière dans sa racine. Le présomptueux ne sent pas le besoin de prier; que demanderait-il? Il a en lui tout ce qui lui est nécessaire. Dieu peut être admiré par lui, mais non sollicité.

Seigneur, je m’est très bon d’avoir besoin de vous, de sentir que c’est sur votre coeur paternel qu’il me faut appuyer. Je compte donc sur votre infinie bonté pour fuir la présomption et me convaincre que, dans l’ordre surnaturel, je ne puis rien, comme vous le disiez à vos disciples: Sine me mihil potestis facere(1).

III. [La présomption provient de la vaine gloire et de l’orgueil. (Ibid., a. 4.)

Praesumptio novitatum est filia inanis gloriae(2), dit saint Grégoire, et, en effet, il y a une double présomption. [D’abord] celle qui s’appuie sur nos propres forces, de telle sorte qu’elle nous suppose capables de ce qui nous dépasse; elle vient du désir que nous avons de nous suffire à nous-mêmes et de nous complaire dans notre propre vertu.

L’autre présomption vient d’un sentiment exagéré des grâces que Dieu doit nous accorder, comme si Dieu nous devait quelque chose ou si nous attendions de lui la gloire sans mérite et le pardon sans repentir. Cette présomption-là, selon saint Thomas, a plutôt sa source dans l’orgueil.

Quoi qu’il en soit, l’une et l’autre sont une insulte à Dieu.

Seigneur, faites que jamais je ne désespère de votre bonté, mais que je n’aie pas non plus une confiance exagérée dans les grâces que vous ne me devez pas, ni dans mes mérites qui ne sont rien. Et que dans une confiance humble et filiale en votre infinie miséricorde, je puisse vous donner tout ce que vous avez droit d’attendre de moi après que vous m’aurez accordé votre grâce.

Notes et post-scriptum
1. "Sans moi vous ne pouvez rien faire.: (Ioan. XV, 5.)
2."La présomption qui a pour objet les nouveautés est fille de la vaine gloire." (S. GREG. Moral. XXXI, 17.)