OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • XV. DE LA CHARITE
    [IIa - IIae, q. XIII.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 441-443.
  • BI 9
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHARITE THEOLOGALE
    1 CREATURES
    1 PECHEUR
  • 1875
La lettre

I. [La charité est une amitié. (Ibid., a. 1.)]

Iam non dicam vos servos. Vos amici mei estis(1). La charité est une sorte d’amitié, c’est-à-dire un amour qui veut du bien à celui qui en est l’objet, amor cum benevolentia(2).

Nous aimons beaucoup d’objets sans leur vouloir aucun bien; nous cherchons, au contraire, à en retirer pour nous le bien qui est en eux. Qui osera dire qu’il a de l’amitié pour du vin ou pour son cheval?

L’amitié réclame une seconde condition, il faut qu’elle soit réciproque, ce qui implique certains rapports [mutuels]. Or, ces rapports existent entre l’homme et Dieu, selon lesquels il nous veut communiquer son bonheur et c’est sur ces rapports qu’est fondée l’amitié divine, car si Dieu nous veut du bien, nous devons de notre côté lui être reconnaissants d’un si grand bienfait.

II. [Elle est une amitié tout intérieure. (Ibid., ad 1m.)]

Sans doute cette amitié n’a rien d’extérieur. Quoi d’Rtonnant? Dieu n’est qu’un pur esprit et c’est par l’esprit, partie la plus noble de moi-même, que je puis entrer en rapports avec Dieu et établir cette union qui faisait dire à l’Apôtre: Qui adhaeret Domino unus spiritus est(3). Et c’est ainsi que la charité plonge ses racines dans tout ce qu’il y a de plus noble en moi. Sans doute encore, cette amitié avec Dieu ne sera jamais entièrement parfaite ici-bas, mais dans la patrie. Au ciel, nous verrons Dieu tel qu’il est, et c’est au ciel, en effet, que s’accomplira la consommation de la charité.

III. [Elle s’étend au prochain. (Ibid., ad 2m)]

On aime les gens soit à cause d’eux-mêmes, soit à cause d’une autre personne; ainsi dans la charité, il y a l’amour de Dieu pour lui-même et l’amour du prochain pour l’amour de Dieu. Aussi n’est-il pas nécessaire que le prochain nous rende l’affection que nous pouvons lui porter, il suffit que cette affection soit pour Dieu qui, de son côté, nous aime en proportion de la charité que nous avons pour les autres par amour pour lui.

Admirable amitié dont le principe est Dieu, dont le terme et la récompense est Dieu, et qui embrasse tous les hommes dans l’unique amour de Dieu.

IV. [Et même aux pécheurs. (Ibid., ad 3m)]

Il ne faut pas dire que la charité étant une vertu implique seulement l’amour de ce qui est bon et qu’elle ne peut s’appliquer aux pécheurs qui sont méchants. Qu’importe? Quand j’aime les pécheurs, je ne les aime pas pour eux- mêmes, mais pour Dieu qui est infiniment bon, et en les aimant, puisque par eux-mêmes ils n’ont rien d’aimable, je fais triompher d’autant plus la bonté de Dieu pour qui je les aime.

Seigneur, est-il possible que je puisse vous vouloir du bien. Quel bien puis-je vous donner, « vous n’en avez pas besoin. Bonorum meorum non eges. »(4). Mais vous voulez que je vous veuille tout le bien qu’une pauvre créature peut vouloir à son Créateur et c’est ce que je veux de toutes les puissances de mon être.

Notes et post-scriptum
1. "Je ne vous appellerai plus mes serviteurs. Vous êtes mes amis." (Ioan. XV, 14, 15.)
2. "C'est un amour accompagné de bienveillance." (Sum. theol. IIa IIe, q. XXIII, art. I.)
3. "Celui qui s'unit au Seigneur est un même esprit [avec lui]." (I Cor. VI, 17.)
4. Ps. XV, 2.