OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
  • XVII. DE LA CHARITE COMME VERTU.
    [Q. XXIII, a. 3-6.]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 445-447.
  • BI 9
Informations détaillées
  • 1 ACTES HUMAINS
    1 AMITIE
    1 AUGUSTIN
    1 BIEN SUPREME
    1 CHARITE THEOLOGALE
    1 DIEU
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VERTUS
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

I. [La charité est une vertu. (Ibid., a. 3.)

Charitas est virtus quae, cum nostra affecto est rectissima, coniungit nos Deo qua eum diligimus(1). (S. AUGUSTIN.) Les actes humains sont bons selon qu’ils sont régis par la règle et la mesure convenable. Or, la règle des actes humains est double. C’est la raison et Dieu. La vertu morale consiste dans la conformité de l’action avec la droite raison. De même la conformité avec Dieu constitue aussi l’essence d’une vertu. Donc se rapprocher de Dieu, s’élever jusqu’à lui, s’unir à lui, implique l’idée de vertu.

Mais, comme pour s’unir à Dieu dans l’ordre surnaturel, l’action du Saint-Esprit est nécessaire, et que cette action nous fait participer à une nature supérieure plus noble que notre âme, on peut dire qu’à cause même de cette participation, la charité, quoique reçue dans l’âme, est quelque chose de plus noble que l’âme elle-même(2).

II. [La charité est une vertu spéciale. (Ibid., a. 4.)]

La charité est une vertu spéciale, du même ordre que la foi et l’espérance. Les actes et les habitudes étant spécifiés par leur objet, et l’objet propre de l’amour étant le bien, là où il y a une raison spéciale de bien, il y a aussi une raison spéciale d’amour. Or, il est évident que Dieu, bien infini, en tant qu’il est l’objet de notre béatitude, renferme une raison, une notion spéciale de bien. Donc l’amour de charité est une vertu spéciale.

III. [La vertu de charité est une. (Ibid., a. 5.)]

La charité est comme la foi. Dieu est l’objet de la charité, comme il est l’objet de la foi. Or, la vertu de foi est une à cause de l’unité de la vérité première. De même la charité est une à cause de l’unité de son objet, qui est le bien infini, la divine bonté(3).

IV. [La charité est la plus excellente des vertus] (Ibid., a. 6.)

Maior autem horum charitas*(4). Que ce mot de l’Apôtre nous suffise. Toutefois, puisqu’il y a une double règle des actes humains: la raison et Dieu, il faut reconnaître que la première de ces deux règles c’est Dieu, régulateur suprême, selon qui la raison doit se régler, et en ce sens les vertus théologales, qui ont Dieu pour règle première, sont les plus parfaites de toutes les vertus. Pour le même motif, entre les trois vertus théologales la plus parfaite est celle qui s’approche le plus de Dieu.

Mais ce qui est par lui-même est plus parfait que ce qui est par autre chose. Or, la foi et l’espérance saisissent Dieu en tant que nous recevons de lui la connaissance du vrai ou la possession du bien infini. La charité, au contraire, saisit Dieu pour se reposer en lui, sans considérer s’il nous en reviendra quelque chose. Donc la charité est plus parfaite que la foi et que l’espérance, donc elle est aussi plus parfaite que les autres vertus.

O Dieu, donnez-moi pour vous l’amour le plus ardent, et que cet amour, croissant sans cesse ici-bas, arrive dans la patrie à la plénitude de sa consommation.

Notes et post-scriptum
2. "Ce dernier paragraphe est la réponse *ad* 3m de l'article 3.
3. Le P. d'Alzon touche ici très sommairement les deux raisons qu'apporte saint Thomas, dans cet article 5 de la question XXIII, à savoir que la charité étant une amitié et la diversité des amitiés ne pouvant résulter que de la diversité des fins ou de la diversité des communications sur lesquelles toute amitié repose, il ne saurait y avoir plusieurs sortes de charité si la fin est unique et la communication unique. Et justement sous aucun de ces deux rapports la charité ne prend plusieurs espèces, car elle est une dans sa fin: la bonté divine, et une dans la communication: la béatitude éternelle.1. "La charité est une vertu qui, faisant régner un ordre parfait dans nos affections, nous unit à Dieu et nous le fait aimer." (De Mor. Eccl. II, II.)
4. "La plus grande de ces vertus est la charité." (I Cor. XIII, 13.)