OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS ORDRE (1878)

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS ORDRE (1878)
  • GRACE DE DIEU
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 29-32.
  • CO 110
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AMOUR DIVIN
    1 AUGUSTIN
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 ENFER
    1 ESPERANCE
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 GRACE
    1 GRACES
    1 LACHETE
    1 LOI DIVINE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MYSTERE DU SALUT
    1 NEGLIGENCE
    1 PARESSE
    1 PERFECTION
    1 PERSEVERANCE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE PRIERE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1878
  • Nîmes
La lettre

Il est bon d’étudier quelquefois un mystère impénétrable, non pour découvrir ce que Dieu a voulu nous en cacher, mais pour y découvrir ce que nous devons y proclamer de ses bienfaits et de sa miséricorde envers nous. Je veux parler de la grâce divine et du concours que nous devons lui donner.

Saint Augustin, dans le dernier livre qu’il a écrit sur la grâce et qu’il a laissé inachevé, nous dit; « Quidquid lex Dei jubet, non nisi eo qui jubet adjuvante, inspirante, donante completur: Tout ce que la loi de Dieu ordonne n’est accompli qu’avec l’aide, l’inspiration, le don de celui qui l’ordonne. »(1) Suivons la gradation du grand Docteur: l’aide, l’inspiration, le don.

I. -L’aide.

C’est le premier attrait de Dieu qui tourne nos âmes vers lui par la prière. L’oeuvre de notre sanctification se commence et se poursuit par le cri du coeur: Deus in adjutorium meum intende(2). De quelque façon que nous le prononcions ce cri, c’est Dieu qui l’a placé dans nos âmes.

On s’est servi de la comparaison du voyageur qui, marchant pendant la nuit, est tombé dans le précipice qu’il ne voyait pas. Il ne peut se relever, tant il est meurtri, mais il peut crier au secours. S’il crie, Dieu répondra à son appel et le secourra. Mais il est libre de ne pas crier. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, c’est pourquoi Jésus-Christ frappe à la porte de tous les coeurs; mais quand il a frappé et qu’on ne lui a pas ouvert, il se retire. Profond mystère. Pourquoi se retire-t-il des uns après les premiers coups frappés à la porte du coeur? Pourquoi poursuit-il avec quelques autres? C’est là le mystère.

Restent deux vérités. Dieu veut d’une manière générale le salut de tous, de sorte que personne ne sera damné que par sa faute. Il veut d’une manière plus spéciale le salut de quelques-uns, à qui il donne d’autres grâces. Voilà pour le secours général.

II. – L’inspiration.

Mais en second lieu, quand l’âme, du fond de sa misère, profitant des avances de Dieu, a crié vers lui, Dieu lui donne une inspiration particulière vers le bien.

Et c’est ici que doivent être particulièrement attentives les personnes de piété. Dieu les pousse, mais la lâchetés, la paresse, une autre inspiration les arrête. Elles ne feront pas un très grand mal, mais elles ne feront pas un très grand bien. Question très grave. Le médecin a passé, il a frappé à la porte; on lui a ouvert, il a étudié la maladie, il a prescrit certains remèdes pour guérir, on lui a obéi; mais il en est d’autres nécessaires pour fortifier la santé. Ce sont des détails qui exigent une attention particulière. Cela ennuie, on néglige ces prescriptions, on suit sa propre inspiration, et on compromet son salut.

Heureuse l’âme qui suit l’inspiration de Dieu pour le bien et pour la perfection, et qui, si elle ne voit pas toujours, dit à Dieu: Seigneur, éclairez-moi: Illumina oculos meos(3), ou bien: Da mihi intellectum et scrutabor legem tuam et custodiam illam in toto corde meo(4).

III. -Le don.

Enfin il y a le don de faire, il y a la grâce qui précède et celle qui suit: Tua nos, quaesumus, Domine, gratia semper et praeveniat el sequatur, ac bonis operibus jugiter praeslet esse intentos(5). Tout cela vient de Dieu, tout cela vient de la grâce de Notre-Seigneur, qui a dit: Sine me nihil potestis facere(6). D’où l’obligation d’être uni à Notre-Seigneur, afin qu’il agisse sans cesse en nous par la grâce de son Saint-Esprit.

C’est le don nécessaire pour persévérer jusqu’à la fin; don de Dieu comme tous les autres, don sans lequel nous ne serons pas sauvés. C’est pour cela qu’il faut le demander sans cesse par une prière constante. Car, comme dit saint Augustin: Fortitudinem gentilium mundana cupiditas, fortitudinem autem christianorum Dei caritas facit(7). On se remue, on se livre aux affaires, aux travaux, aux études, aux combats: Fortitudinem gentilium. On compte sur Dieu: Fortitudinem christianorum. Et cet amour, il est fondé non sur nos forces, mais sur la prière inspirée de Dieu: Magis voluit Deus nos orationibus certare quam viribus(8).

Notes et post-scriptum
1. *Contra Julianum, opus imperfectum*, I. VI, 41
2. "O Dieu, venez à mon aide." (Ps. LXIX, 2.)
3. Ps. XII, 4.
4. "Donnez-moi l'intelligence et j'étudierai votre loi, et je la garderai de tout mon coeur." (Ps. CXVIII, 34.)
5. "Que votre grâce, Seigneur, nous prévienne et nous suive toujours, et qu'elle nous rende sans cesse adonnés aux bonnes oeuvres." (Oraison du XVIe dimanche après la Pentecôte.).
6. "Sans moi vous ne pouvez rien faire." (Joan. XV, 5.)
7. "Ce qui fait la force des Gentils, c'est la cupidité mondaine; mais ce qui fait la force des chrétiens, c'est la charité de Dieu."
8. "Dieu veut que nous combattions par nos prières plus que par nos forces.