OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS ORDRE (1878)

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS ORDRE (1878)
  • PREPARATION AUX FETES DE NOEL
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 47-52.
  • CO 117
Informations détaillées
  • 1 ABAISSEMENT
    1 ABUS DES GRACES
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 AVARICE
    1 AVENT
    1 BAVARDAGES
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DESOBEISSANCE
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DETACHEMENT
    1 EFFORT
    1 ENFANCE DE JESUS-CHRIST
    1 ENVIE
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INCARNATION MYSTIQUE
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 LACHETE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MARIE
    1 MATERIALISME
    1 MEDISANCE
    1 MONDE ADVERSAIRE
    1 NATIVITE
    1 NOEL
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 ORAISON
    1 ORGUEIL
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PENITENCES
    1 PERSECUTIONS
    1 PEUR
    1 PRESENTATION AU TEMPLE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SATAN
    1 SILENCE DE JESUS-CHRIST
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERBE INCARNE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    2 DAVID, BIBLE
    2 JOSEPH, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    2 SIMEON, VIEILLARD
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1878
  • Nîmes
La lettre

Encore huit jours, et l’Eglise proposera à nos adorations le Fils de Dieu fait homme se manifestant à nous sous la forme d’un petit enfant. Il nous apparaît portant déjà ce caractère que le vieillard Siméon indiquera à Marie le jour de la Présentation: « Celui-ci est établi pour la ruine et la résurrection de plusieurs en Israël, et comme un signe de contradiction.(1)

Lui-même dira plus tard aux envoyés de Jean: « Heureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet. »(2) Oui, Jésus-Christ est un signe de contradiction et de scandale, aujourd’hui plus que jamais. Voyez la lutte établie entre la révolution et l’Eglise. Voyez entre les deux camps cette foule immense de lâches et de poltrons qui trouvent que l’Eglise devrait faire des concessions, et qui se scandalisent de la fermeté avec laquelle l’Eglise persécutée marche, sans s’inquiéter de ce qui peut arriver. Ah! ils ne comprennent pas le mystère de la naissance du Sauveur ni les signes étranges de contradiction qu’il présente!

Quelles concessions fait Jésus-Christ? Les Juifs et les Romains ne s’entendaient que sur un point: l’amour de l’argent, Jésus-Christ naît pauvre.

Les Juifs supportaient mal le joug, les Romains le rendaient tous les jours plus dur. Jésus-Christ se présente à nos adorations enveloppé de langes.

Celui qui se présente ainsi est le Verbe, la Parole même de Dieu, et nous voyons dans une crèche un enfant qui ne sait pas parler.

L’homme est abandonné à l’orgueil le plus effréné, et la crèche nous montre les abaissements les plus surprenants de l’humilité d’un Dieu.

Tels sont les moyens incroyables de combattre et de triompher que choisit un Dieu. Mais ne nous faisons pas illusion, s’il est pour nous un signe de contradiction, c’est que sa mission sur la terre ne nous profitera pas; si sa conduite nous scandalise, c’est que nous sommes ses ennemis.

Que devons-nous donc faire? Prendre ses sentiments, sa pauvreté, sa dépendance, son silence, son humilité.

I. -Sa pauvreté.

Avant d’aller plus loin, entendons-nous. Etes-vous obligées de vous dépouiller de tout? Je ne dis pas cela. Mais je dis avec Jésus-Christ que vous ne pouvez servir deux maîtres: Dieu et Mammon, c’est-à-dire l’argent(3). A vous de voir à quel degré vous êtes détachées des richesses, à quel degré vous les sacrifiez.

Nous sommes animés d’une telle passion de cupidité, dont les scandales révolutionnaires donnent tous les jours de nouveaux exemples, que je ne sais où nous irons en fait de ruine et de banqueroute publique. Mais les particuliers n’en sont pas exempts. C’est ici que les chrétiens doivent se demander s’ils suivront l’entraînement commun, ou s’il se rapprocheront de la pauvreté de Jésus-Christ.

D’une part, nous avons les doctrines du matérialisme et de la convoitise; d’autre part, la divine indigence de Jésus-Christ. Entre les deux, de quel côté penche notre coeur, et quels retranchements ferons-nous pour imiter Jésus-Christ dans le dénuement de Bethléem?

II. -Son obéissance.

Satan a été précipité du ciel pour n’avoir pas voulu obéir. Jésus-Christ nous rouvre le ciel par son obéissance. Il obéit au décret de son Père; il obéit à Marie, à Joseph. Il entre dans la dépendance des événements qui, dès les premiers jours, l’exposent à la persécution.

Vous n’êtes pas obligées par le voeu d’obéissance, mais dans quelle dépendance vous placez-vous vis-à-vis de ceux qui sont établis au-dessus de vous? Qu’est cette impossibilité du joug que vous portez si mal? Nous dépendons tous de quelqu’un; dans tous les cas de Dieu, dans les événements préparés par sa Providence. Qu’en acceptons nous? Quel profit en tirons-nous? Je n’ai vu nulle part que Jésus-Christ ait fait le voeu d’obéissance, mais je vois dans saint Paul qu’il a été fait obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix(4). Voyez ce que vous pouvez en imiter.

III. -Son silence.

En général, on parle trop. Que le silence de celui qui est la Parole éternelle nous soit un enseignement! Il est difficile qu’il n’y ait pas quelque péché dans les longues conversations qui ne sont pas pour affaires. Que de personnes qui n’ont jamais le temps de parler à Dieu et qui en ont toujours pour faire de longues médisances, ou tout au moins pour dire des paroles inutiles! Quand comprendrons- nous que le silence de Jésus naissant est une admirable prédication, et que pour faire des progrès dans les conversations du ciel, comme dit saint Paul(5), il faut moins balayer la terre avec notre langue, comme dit le Psalmiste(6). Apprenons à nous taire, nous serons bientôt recueillis, et le recueillement nous préparera à l’oraison, sans laquelle il n’y a pas de communication avec Dieu ici- bas.

IV. -Son humilité.

Apprenons, en comparant le Verbe éternel dans les cieux avec l’Enfant Jésus sur la terre, à nous humilier par l’exemple de ses abaissements. L’orgueil qui a précipité Satan du ciel nous précipite tous les jours dans les prétentions les plus folles. Souvenons-nous que le sommet de la perfection doit reposer sur les profondeurs de l’humilité.

Mais que ces exemples donnés par Jésus naissant sont en contradiction avec le monde! Dès lors, quel signe de contradiction n’est-il pas, et quel signe de contradiction ne devons-nous pas être si nous voulons suivre Jésus de sa crèche à sa croix? Or, pour cela, il faut grandir avec lui, et, en finissant, je veux rappeler ce que l’accroissement de Jésus enfant a de consolant pour nous.

Dieu m’a accordé bien des grâces dont j’ai abusé, et je puis dire que je ne suis qu’un enfant en piété et en vertu. Pourquoi? Parce que je n’ai pas fait d’efforts. Il faut que je me décide à en faire. Or, plus j’en ferai; plus je croîtrai. La grâce de Dieu est à ma disposition, il ne s’agit pour moi que de l’écouter.

Dieu veut me sauver, mais il faut que je le veuille aussi, et que j’aie le courage de prendre les caractères de scandale et de contradiction de Jésus-Christ. Quand je les aurai revêtus, je marcherai vers lui, je grandirai avec lui, et je me sanctifierai par lui.

Notes et post-scriptum
6. *Lingua eorum transivit in terra*. (Ps. LXXII, 9.) -C'est sans doute à ce texte que le P. d'Alzon fait allusion ici, et qu'il traduit d'une façon originale et pittoresque. Le sens exact est: "Leur langue s'est donnée libre cours sur la terre" (par la médisance et la calomnie).1. *Ecce positus est hic in ruinam et in resurrectionem multorum in Israël, et in signum cui contradicetur*. (Luc. 11, 34.)
2. *Beatus qui non fuerit scandalizatus in me*) (Matth. XI, 6.)
3. *Non potestis Deo servire et Mammonae*. (Matth. VI, 24. -Luc. XVI, 13.)
4. *Factus est obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. (Phil. II, 8.)
5. *Nostra autem conversatio in coelis est. (Phil. III, 20.)