OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
  • PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR
    II. CAUSES DE LA PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR.
    2° LA MISERICORDE DE DIEU [1]
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 62-65.
  • CO 120
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 ANEANTISSEMENT
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 AUGUSTIN
    1 CREATION
    1 CREATURES
    1 ESPERANCE
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INGRATITUDE ENVERS DIEU
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 ORGUEIL
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RECONNAISSANCE
    1 VERBE INCARNE
    1 VIE SPIRITUELLE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

La seconde cause de la Passion de Notre-Seigneur est l’immense miséricorde de Dieu. Mais pour que Jésus-Christ souffrIt, il fallait qu’il se fIt homme.

Pour embrasser mon sujet dans toute son étendue, il convient d’envisager la miséricorde de Dieu se manifestant dans l’Incarnation et dans la Passion du Sauveur.

Parlons aujourd’hui de la miséricorde de Dieu dans l’Incarnation de Jésus-Christ. En effet, ce qui éclate dans le mystère de l’Incarnation, c’est, avant tout, la bonté de Dieu.

I. -Bonté de Dieu à l’Incarnation.

L’oeuvre de ses mains s’était déformée par le péché et était tombée dans la misère la plus profonde. Nous n’avons pas besoin d’aller chercher bien loin, regardons où nous en sommes. Mais la bonté est l’essence même de Dieu, et cette bonté veut se manifester. Et de même que dans l’ordre naturel la bonté de Dieu se manifeste par la création; de même, dans l’ordre surnaturel, il était très convenable que la bonté surnaturel de Dieu se manifestât par l’Incarnation. Mais parce qu’il a plu à Dieu de nous montrer sa bonté en nous créant, et une bonté plus grande en s’incarnant pour descendre à l’abîme de notre misère, ce n’est pas une raison pour que nous nous montrions ingrats, ainsi que le sont tant de chrétiens; au contraire.

Rappelons-nous que toute bonté découle de Dieu, et que si un Dieu peut nous montrer une grande bonté, c’est quand il devient homme pour nous ouvrir les portes du ciel.

Mais quoi! la nature de Dieu n’a-t-elle pas été abaissée par l’Incarnation? Nullement; c’est la nature humaine qui a été élevée à un degré ineffable de dignité. Dieu est immuable: Ego Dominus et non mutor(1). Ne parlons pas d’amoindrissements en Dieu dans l’Incarnation. Deus non mole, sed virtute magnus est(2), dit saint Augustin. Ne parlons donc pas d’amoindrissement; parce que Dieu est infiniment bon, il n’en reste pas moins infiniment grand, et d’une puissance infinie; rien n’est diminué, au contraire; sa bonté se manifeste à un degré tel, qu’il faut que sa puissance divine se manifeste dans tout son éclat.

II. -Charité de Dieu pour nous.

Sic Deus dilexit mundum(3). Ce n’est pas seulement de la bonté que Dieu nous montre dans le mystère de l’Incarnation, c’est sa tendresse pour nous. Sic Deus dilexit. Sans doute, encore une fois, Dieu pouvait nous sauver par un autre moyen, mais « aucun moyen n’était plus propre que celui-là pour guérir notre misère; Sanandae miseria nostra convenientiorem modum non fuisse »(4). Quel moyen plus puissant peut être employé pour nous rendre le bien que nous avions perdu. La foi nous est rendue par un Dieu fait homme qui nous parle. Notre espérance est fortifiée par cette preuve d’amour, qu’un Dieu n’eut pas horreur de notre bassesse. La charité: La cause de la descente de Jésus- Christ ici-bas, c’est la volonté de Dieu de nous montrer combien il nous aimait et exciter notre reconnaissance: Si amare pigebat, saltem redamare non pigeat(5). (S. AUGUSTIN.)

Jésus-Christ se montre à nous comme modèle: Homo sequendus non erat qui videri polerat. Deus sequendus erat qui videri non poterat: ut ergo exhiberetur homini et qui videretur ab homine et quem homo sequeretur, Deus factus est homo(6).

III. -Participation à la divinité.

On se perd en présence de tant d’amour. Voilà l’ennemi de Dieu à qui Dieu veut communiquer sa divinité. Et saint Augustin ne craint pas de dire: Factus est Deus homo ut homo fieret Deus*(7). La miséricorde de Dieu peut-elle aller plus loin »? La créature sera sans doute à une distance infinie du Créateur; mais quand le Créateur s’abaisse à ce point vers son oeuvre que de se faire homme, à quel point de perfection la créature ne peut- elle pas s’élever par la grâce du Créateur. Quel crime de rester dans notre paresse!

IV. -Manifestation de l’humilité d’un Dieu.

Ce qui nous a fait tomber, c’est notre orgueil; ce qui nous relèvera, c’est l’humilité. Le remède que Jésus nous a apporté, c’est son anéantissement.

Anéantissons-nous à notre tour, mais proclamons l’immense miséricorde d’un Dieu anéanti à ce point, et dans notre reconnaissance, anéantissons-nous à notre tour.

Notes et post-scriptum
1. "Je suis le Seigneur et je ne change pas." (Matth.III,6.)
2. "Dieu n'est pas grand par la masse, mais par la puissance." (*Epistola III ad Volusianum.*)
3. "C'est à ce point que Dieu a aimé le monde*." (Joan.II,16.)
4. *Aug. De Trinitate*, XIII, 10.
5. "S'il nous coûtait de l'aimer, qu'il ne nous coûte pas, du moins, de répondre à son amour." (*Aug. De catechiz. rudibus, IV.)
6. "L'on ne devait pas imiter l'homme, que l'on pouvait voir; mais on devait imiter Dieu, que l'on ne pouvait pas voir. Afin donc de présenter à l'homme quelqu'un qu'il pût voir et imiter, Dieu s'est fait homme. (*Aug. Sermo XII de Nativ. Domini*.)
7. Dieu se fit homme pour que l'homme se fit Dieu.