- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
- PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR
III. CAUSES DE LA PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR.
3° LA MISERICORDE DE DIEU. [2.] - Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 66-70.
- CO 121
- 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
1 AGONIE DE JESUS-CHRIST
1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
1 BAPTEME
1 DESOBEISSANCE
1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
1 EFFORT
1 ENFER
1 ETUDE DES PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
1 HONTE DU PECHE
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 JUIFS
1 JUSTICE DE DIEU
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 LUTTE CONTRE SATAN
1 MISERICORDE DE DIEU
1 MORT DE JESUS-CHRIST
1 ORGUEIL
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
1 PECHE ORIGINEL
1 REVOLTE
1 SALUT DU GENRE HUMAIN
1 SIGNE DE LA CROIX
1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
1 TRIPLE CONCUPISCENCE
1 VERTU DE FORCE
1 VERTUS DE JESUS-CHRIST
2 HERODE AGRIPPA I
2 JUDAS
2 PILATE - Tertiaires de l'Assomption
- 1879
- Nîmes
Dieu pouvait ne pas sauver le genre humain sans que sa justice fût le moins du monde blessée.
Dieu pouvait trouver d’autres moyens, même après l’Incarnation du Fils de Dieu.
Mais il n’a pu en trouver de plus admirable que la mort d’un Dieu fait homme pour sauver le genre humain. Rien de plus convenable, en effet, pour nous montrer: 1° combien le péché est affreux; 2° combien Dieu nous aime; 3° pour nous enseigner le moyen de détruire le péché en nous; 4° pour nous donner des exemples admirables de vertu; 5° pour nous apprendre à combattre les atteintes de Satan.
I. -Horreur que doit nous inspirer le péché.
Quel sentiment ne nous inspire pas, en effet, la pensée qu’un Dieu a voulu, pour détruire le péché, affronter toutes les souffrances du corps et de l’âme! Qui peut, en le suivant pas à pas depuis son agonie, le baiser de Judas, les tribunaux des princes des prêtres, de Pilate, d’Hérode, jusqu’à la foule qui le poursuit de cris de mort, jusqu’à la flagellation, la couronne d’épines, la montée au calvaire, le crucifiement, la mort; qui peut, en songeant que les vrais bourreaux de Jésus-Christ sont nos péchés, qu’il a voulu souffrir dans chacun de ses membres, dans chaque faculté de son âme pour expier les péchés de nos sens, de notre intelligence, de notre volonté, de notre coeur, pour expier nos diverses révoltes; qui peut contempler tout cela sans prendre les plus énergiques résolutions de ne plus offenser une si ineffable bonté?
Nous étions, sur le calvaire, présents à sa pensée… Et nous continuons à pécher! Ne devrions-nous pas bien plutôt profiter de la contemplation de ces divers supplices pour ajouter à l’horreur que doit nous causer le péché en général, l’horreur des péchés particuliers dans lesquels nous tombons le plus fréquemment, et les détester avec une douleur plus profonde.
Dieu a tant horreur du péché, qu’il n’a pas épargné son propre Fils: Proprio filio suo non pepercit(1) Craignons que si nous négligeons de pareilles avances, il ne finisse par ne pas nous épargner nous-même, mais dans l’enfer.
II. -Preuve de son amour.
Et, en effet, « personne ne donne une plus grande preuve d’amour qu’en donnant sa vie pour ceux qu’il aime: « Majorem hac dilectionem nemo habet ut animam suam ponat quis pro amicis suis… »(2). Voilà celle que Jésus nous donne, Mais dans quelles conditions? Nous étions les ennemis de son Père, des révoltés. Quand Jésus apparaît, le monde entier est plongé dans les plus affreux désordres; quand il meurt, tout le peuple de Dieu s’était levé pour demander sa mort. Rien ne l’arrête. Il meurt parce qu’il le veut, et ne recule pas;il a vu de toute éternité quel objet de haine il serait, et il meurt. Voilà jusqu’où va l’amour qu’il porte aux âmes. Que de saints sont nés de la contemplation d’une pareille tendresse et du besoin de rendre au divin Sauveur amour pour amour!
III. -Moyen de détruire le péché.
Nous portons en nous le foyer du péché. Le baptême l’a éteint en partie, mais il se rallume sans cesse. Dieu veut nous laisser à faire quelque chose. Comment achèverons-nous l’oeuvre de Jésus-Christ? En marchant sur ses pas; mais ici la nature frémit et se révolte. Ecoutez les paroles du Sauveur: Si quis vult post me venire(3). Et jusqu’oû suivrons-nous Jésus-Christ? Jusqu’au jardin des Olives, jusqu’aux condamnations, jusqu’aux souffrances, jusqu’à la mort et la mort de la croix. Jusqu’à la mort à nous-mêmes de tous les jours. Ah! voilà le rude chemin de la sainteté. Il nous répugne, nous ne voulons pas y entrer. Mais alors, pourquoi faire chaque jour le signe de la croix, marquer ainsi sur nous-mêmes l’instrument de notre salut, mais aussi l’étendard sous lequel nous devons combattre? Lâ est le grand parti à prendre. Puis-je accepter la croix et la refuser du même coup? Si je veux détruire le péché en moi, ce ne sera qu’en y faisant régner cette croix tout empreinte du sang de Jésus-Christ. Quand l’arborerai-je sérieusement, et sous sa protection poursuivrai-je en moi le péché jusqu’en ses dernières retraites?
IV. -Exemples des vertus.
Jésus veut nous servir de modèle, et c’est pour cela qu’il veut nous présenter le modèle de toutes les vertus.
La patience. -En opposition à nos plaintes, à nos murmures, à nos révoltes, il faut contempler celui qui est l’Agneau de Dieu; « Je me suis tu et n’ai point ouvert la bouche. »(4). Jésus autem tacebat(5). En effet, à quoi bon parler, devant des hommes résolus à sa perte! Mais, outre cela, son silence réprime nos murmures, nos indignations. Quel exemple!
La force se manifeste aussi. La force, pour atteindre son but, renverse les obstacles. Voyez cette barrière que le péché a élevée entre le salut des hommes et celui qui vient les affranchir! Jésus ne connaîtra aucun obstacle, il les franchira tous par les douleurs et la mort même qu’il acceptera. Accumulez supplices sur supplices, rien ne l’arrête. Il veut conquérir les hommes et les affranchir; les obstacles sont vaincus, les hommes sont délivrés. Il s’est abaissé, humilié à l’Incarnation, mais le reconnaissez- vous dans l’état où il est réduit au Calvaire? Ego autem sum vermis et non homo, opprobrium hominum et abjectio plebis(6); c’est ainsi qu’il se présente en face de nos prétentions, de nos fiertés et de notre épouvantable orgueil.
V. -Lutte contre Satan.
Enfin Dieu voulait donner un grand spectacle à notre foi. -Pour vaincre le premier homme, le démon avait pris la forme d’un serpent, et l’homme avait été vaincu. L’homme ne peut plus, à lui seul, triompher de Satan; mais un Dieu « prenant la forme d’un esclave: Fornam servi accipiens« (7), luttera contre Satan et le terrassera du haut de la croix.
Profitons de cette lutte livrée par amour pour nous. Profitons surtout de sa victoire, qui sera le gage de la nôtre si nous savons marcher sous son étendard: la croix.
2. Joan. XV, 13.
3. "Si quelqu'un veut venir après moi." (Matth. XVI, 24.)
4. *Obmutui, et non aperui os meum*. (Ps. XXXVIII, 10.)
5. "Or, Jésus, se taisait. (Matth, XXVII, 63.)
6. "Je suis un ver de terre et non un homme, l'opprobre des hommes et l'abjection du peuple. (Ps. XXI, 7.)
7. Phil. II, 7.