OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
  • PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR
    IV. LES FRUITS DE LA PASSION.
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 70-74.
  • CO 122
Informations détaillées
  • 1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 BEAUTE DE JESUS-CHRIST
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHRIST CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 EGOISME
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 HONTE DU PECHE
    1 HUMILITE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 LIBERTE
    1 LUTTE CONTRE LE CORPS
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 LUTTE CONTRE SATAN
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MORTIFICATION CORPORELLE
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 ORGUEIL
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SATAN
    1 SIGNE DE LA CROIX
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 SUFFISANCE
    1 TRIPLE CONCUPISCENCE
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 PAUL, SAINT
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Nous avons vu ce qui, de la part de Dieu, a déterminé la Passion. Rendons- nous compte des fruits que nous devons lui faire porter.

Pour comprendre la manière dont Jésus-Christ nous communique les fruits de sa Passion, il faut se rappeler ce que saint Paul dit de lui: Ipsum dedit caput supra omnem Ecclesiam(1). Jésus-Christ est la tête de l’Eglise, et de même que la tête est la source de la vie pour le corps, de même Jésus-Christ est le principe de la vie pour l’âme. C’est par les nerfs, dont le centre est dans la tête, que le mouvement se communique au corps; c’est par Jésus-Christ que le mouvement circule dans l’Eglise.

I. Jésus-Christ a vaincu Satan; mais, pour nous forcer à nous tenir sur nos gardes, il ne l’a pas entièrement enchaîné. Nous pouvons tout par la force que le divin Maître veut bien nous donner, mais nous sommes obligé de lutter: Adversils principes et potestates…contra spiritualia nequitiae in caelestibus(2).

Satan est toujours là, ne nous faisons pas illusion. Nous pouvons le vaincre; mais si nous regardons autour de nous, que de victoires ne remporte-t-il pas tous les jours? Et en fait, n’avons-nous pas été souvent défaits par lui? En combien de circonstances n’a-t-il pas surpris notre assoupissement, humilié notre témérité, profité de nos chutes?

Et pourtant, quand nous le voudrons, la croix de Jésus-Christ nous rendra l’avantage. Le signe de la croix seul met les puissances infernales en fuite, et l’Eglise ne craint pas de dire: Per signum crucis, de inimicis nostris libera nos, Deus noster(3). Voilà pour le signe extérieur.

Que dirai-je de l’esprit de la croix, de l’esprit de celui qui a voulu terrasser les puissances infernales à la croix? Ah! que le chrétien, qui se pénètre de cet esprit douloureux sans doute, mais plein d’énergie, est fort contre les atteintes du démon. Mais l’esprit de la croix, c’est l’esprit de souffrance, de pénitence, de mortification. Quand nous persuaderons-nous que si nous voulons triompher avec Jésus-Christ, nous devons nous servir de ses armes, nous devons nous emparer de la croix et l’opposer à toutes les attaques que dirigent contre nous les puissances infernales?

II. L’affranchissement de Satan nous conduit à l’affranchissement du péché. Satan a le péché pour empire, c’est-à-dire que tous les pécheurs sont ses esclaves. Mais le péché est un fait de notre volonté; nous avions été vendus sous le péché: Venumdatus sub peccato(4); mais affranchis par le Fils de Dieu, nous sommes vraiment libres: Si ergo vos Filius liberaverit, vere liberi eritis, disait le Sauveur avant sa mort. Et, en effet, nous avons été délivrés, nous avons la véritable liberté; par la grâce, nous pouvons faire un bien qui ait un jour sa récompense.

Mais il faut conserver cette liberté, et pour cela il faut rester fidèles à l’étendard par lequel nous l’avons obtenu, et cet étendard, c’est la croix.

Que la croix soit donc le signe de notre liberté. Mais à quelle condition? C’est que nous nous formerons sur le modèle de Jésus-Christ, qui pour nous a voulu mourir sur la croix. Sans doute, il faut la payer cette liberté, mais peut-elle coûter trop cher quand nous pensons que c’est à la liberté des enfants de Dieu que nous sommes invités.

III. Et comment l’acquerrons-nous cette liberté divine, puisqu’en nous rachetant Jésus nous la donne aussitôt? Ah! sans doute il y a de quoi frémir en nous exerçant à mourir à nous-mêmes. Comment cela se peut-il faire?

Ecoutez. Jésus-Christ est mort pour nous, mais ce qu’il a souffert dans son âme est mille fois plus dur que ce qu’il a pu souffrir dans son corps. Il a renoncé â toute douceur terrestre, il a livré la guerre, lui l’innocence même, à tout ce qui peut être pour nous un principe de péché. Il a poursuivi le péché dans ses sens, dans son intelligence, dans son coeur, dans sa volonté, partout où il a vu une source de cette concupiscence mauvaise qui nous entraîne loin de la loi de Dieu.

IV. Mais là où surtout s’est manifesté le fruit admirable de la croix, c’est quand nous avons compris que Jésus crucifié était toute la science du chrétien, parce qu’il en était l’idéal. Jésus-Christ est l’homme parfait, mais il l’est surtout à la croix, parce que là il est l’homme de sacrifice. Or, depuis le péché, le désordre a introduit la laideur morale dans le monde, et les âmes portent toutes un caractère de laideur qui nous rend horribles aux yeux de Dieu.

Le sacrifice, en réparant l’ordre, répare la beauté de l’âme et lui rend sa ressemblance avec Dieu. Jésus, en s’incarnant, est un Dieu, le plus beau des enfants des hommes, et c’est sur la croix qu’il nous communique sa beauté, qui consiste dans la destruction de l’orgueil par l’humilité; dans la victoire sur les sens par la mortification et la pureté; dans l’anéantissement de l’égoïsme par la charité. Ainsi apparaît Jésus sur la croix. Ainsi nous invite-t-il à l’imiter, car la beauté de Jésus peut être acquise si nous le voulons, et cette beauté n’est autre que la sainteté. Jésus a, si je puis dire, les mains pleines de perfections, à nous de les lui demander, il nous les communiquera, il nous rendra saints et sans tache en sa présence et dans l’amour: Sancti et immaculati in conspectu ejus, in caritate(5).

Notes et post-scriptum
1. "Dieu l'a donné pour chef à toute l'Eglise." (Eph. 1, 22.)
2. "Contre les principautés et les puissances..., contre les esprits de malice des régions célestes." (Eph. VI, 12.)
3. "Par le signe de la croix, de nos ennemis délivrez-nous, ô notre Dieu." (*Ant. des Laudes aux fêtes de la croix*.)
4. "Vendu au péché." (Rom. VII, 14. -Joan. VIII, 34. L'homme vendu au péché en qualité d'esclave en subit les lois funestes (*sub peccato*).
5. "Saint et irréprochables devant lui, par amour." (Eph. 1,4.)