OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
  • PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR.
    V. LE PARFUM REPANDU SUR LA TETE DE JESUS.
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 74-78.
  • CO 123
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 APOTRES
    1 AUGUSTIN
    1 AUMONE
    1 CRITIQUES
    1 DEVOTIONS DIVERSES
    1 EVANGILES
    1 LITURGIE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 ORNEMENTS
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PAUVRE
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 PIETE
    1 PURETE D'INTENTION
    1 RECONNAISSANCE
    1 VASES SACRES
    1 VERTU DE RELIGION
    2 AMBROISE, SAINT
    2 BASILE, SAINT
    2 JEAN, SAINT
    2 JUDAS
    2 LAZARE
    2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
    2 MARTHE, SAINTE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Notre-Seigneur ne veut pas seulement les preuves nécessaires de l’amour, il en veut de surérogation. Ainsi il va chez Lazare, qu’il avait ressuscité; celui-ci lui offre un repas que Marthe prépare, et pendant le festin Marie prend un vase d’un nard précieux et le répand sur la tête du Sauveur. Aussitôt, indignation de la part des disciples, et en particulier de la part de Judas, fait observer saint Jean. « Pourquoi cette dépense inutile; on eût pu vendre ce parfum trois cents deniers, et les donner aux pauvres. » Et Jésus reprend: « Laissez-la faire; ce qu’elle fait, elle le fait en vue de ma sépulture. Et je vous le déclare, partout où on annoncera cet évangile, on publiera ce qu’elle a fait. »(1)

Entrons dans le détail.

I. Je vois d’abord une prophétie manifeste. Quel est celui des évangélistes, quand il a écrit, qui eût pu présumer que le souvenir de l’action de Marie-Madeleine serait ainsi conservée et louée? Jésus l’annonce, les évangélistes racontent sa prédiction, et dix-neuf siècles se chargent de la vérifier. Prophétie que l’éloignement du fait rend tous les jours plus frappante, précisément par sa nature. Au moment d’entrer dans le récit des circonstances douloureuses de la Passion, Jésus-Christ veut qu’on place en tête une annonce qui, réalisée de la manière la plus incontestable, fortifiera notre foi. Les paroles du Sauveur ont deux parts: celle où il parle pour les siècles à venir, et celle où il prépare ses apôtres à sa mort: Mittens enim haec unguentum hoc in corpus meum, ad sepeliendum me fecit(2).

Revenons sur le détail du récit, et nous verrons l’admirable bonté du Sauveur en face de la grossièreté des apôtres.

II. Je n’ai pas à examiner ici s’il y a eu une ou trois Marie. Je pencherais pour dire qu’il y en a eu deux: une qui a répandu des parfums une fois sur les pieds du Sauveur et était pécheresse; une autre (la soeur de Marthe), qui a répandu le parfum six jours et deux jours avant sa Passion sur les pieds et la tête de Jésus(3); mais peu importe pour mon sujet.

Ce qui importe, c’est de voir ce qu’il y avait de reconnaissance chez Marie, soeur de Lazare, pour la résurrection de celui-ci. Aucune dépense ne lui coûte pour montrer sa gratitude. Et ne voyons-nous pas ce que nous devons faire quelquefois pour l’honneur de Jésus. Sans doute, on a vu de saints évêques, saint Ambroise, saint Augustin, faire briser les vases sacrés pour procurer du pain aux pauvres; mais il faut se rappeler que le premier des pauvres, c’est Jésus-Christ, et qu’il faut savoir lui faire l’aumône. On la lui fait encore en préparant pour lui les objets de l’autel et tout ce qui concourt à l’ornementation de son culte. Sur quoi je ferai quelques observations. C’est le luxe dont les saints les plus pauvres, comme saint Basile, entouraient l’autel; C’est le sentiment de foi avec lequel les personnes de piété doivent s’occuper de ce luxe. Judas voulait qu’on lui remît le parfum, mais pour le vendre à son profit. Ah! qu’il fut bien remarquer si, en travaillant aux ornements les plus saints, on travaille pour Jésus ou pour un homme. Et ce que je dis de ce détail, je le dis de tous les détails de la vie. Vers qui sont-ils dirigés? Vers les créatures, vers moi ou vers Jésus? Grande question, où nous voyons que le mérite de nos actes prend uniquement sa valeur de nos intentions. Prenons garde à la pureté de notre coeur, et apprenons à tout faire pour Dieu.

III. Les murmures des apôtres, et de Judas en particulier, n’arrêtent point l’appréciation de Jésus: Quid molestis estis huic mulieri(4)? Il sait prendre la défense de ceux qui le servent avec un coeur pur. Il a vu le plus secret des sentiments de Marie, et il en prend la défense. De même devons-nous agir et savoir défendre certains actes de dévotion qui semblent extraordinaires, et qui pourtant sont agréables à Dieu.

IV. Mais ce sur quoi je veux surtout insister, c’est sur la manière dont nous devons offrir à Dieu nos sentiments les plus délicats. On sert un festin au divin Maître, et c’était bien; mais il fallait ajouter quelque chose de plus qui ne fût pas nécessaire, pour montrer l’excès de la reconnaissance pour la résurrection de Lazare. Marie s’en charge. Elle répand un baume exquis sur les pieds du Sauveur. De même devons-nous ne pas nous contenter d’actes ordinaires de piété. C’est la perfection des intentions avec laquelle elles sont accomplies qui touche le coeur de notre bon Maître, et dès lors il nous prend sous sa protection, il se console dans les émotions que son humanité veut éprouver pour sa mort prochaine: Ad sepeliendum me fecit(5). Jésus veut quelquefois venir dans notre coeur comme dans un tombeau, et il veut y être comme enseveli dans un grand amour.

Notes et post-scriptum
3. Saint Jean dit que le repas en question eut lieu à Béthanie "six jours avant la Pâque". Saint Matthieu parle aussi d'un festin à Béthanie "chez Simon le lépreux", mais c'est après avoir mentionné que la Pâque devait se célébrer "dans deux jours". S'agit-il du même fait? Le P. d'Alzon y voit deux repas différents. On s'accorde, cependant, à n'en voir qu'un. Les récits de saint Jean et de saint Matthieu présentent, en effet, les mêmes circonstances, et se rapportent au même lieu et â la même époque. Si saint Matthieu parle de "deux jours avant Pâque", c'est â propos de la résolution prise par le Sanhédrin de faire mourir Jésus, après quoi l'Evangéliste a pu très naturellement revenir en arrière et décrire le repas de Notre-seigneur à Béthanie quatre jours auparavant, ce qui est conforme aux indications chronologiques de saint Jean. -Quant à l'autre repas, que saint Luc (VII, 36-50) décrit comme ayant eu lieu en Galilée, chez Simon *le pharisien*, il présente des circonstances très différentes. Une pécheresse, qui n'est pas nommée, y verse aussi un parfum sur les pieds de Jésus. Est-ce la même que Marie, soeur de Marthe? La tradition liturgique de l'Eglise l'admet, mais les exégètes ne sont pas d'accord.1. Joan. XII, 1-9. -Marc, XIV, 9. -Matth. XXVI, 6-13.
2. "Car cette femme, en répandant ce parfum sur mon corps, l'a fait en vue de ma sépulture." (Matth. XXVI, 12.)
4. "Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme?" (Matth. XXVI, 10.)
5. Elle l'a fait pour m'ensevelir." (Math. XXVI, 12.