- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
- LES PRETRES.
- Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 115-119.
- CO 133
- 1 ABUS DES GRACES
1 AMOUR DES AISES
1 APATHIE SPIRITUELLE
1 APOSTOLAT
1 AUGUSTIN
1 CONNAISSANCE MORALE
1 CONSCIENCE MORALE
1 CORPS MYSTIQUE
1 DEVOIRS DE CHRETIENS
1 EGLISE NATIONALE
1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
1 HYPOCRISIE
1 JUIFS
1 JUSTICE
1 MAUVAIS CHRETIENS
1 PARESSE
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 PECHE
1 PROTESTANTISME
1 SAINT-ESPRIT
1 TIEDEUR
1 VERBE INCARNE
1 VERITE
1 VICES - Tertiaires de l'Assomption
- 1879
- Nîmes
At illi tenentes Jesum duxerunt ad Caîpham principem sacerdotum, ubi scribae et seniores convenerant(1).
Le complot a réussi; Jésus est captif, Judas l’a livré, les soldats l’ont saisi. Il est conduit chez le grand-prêtre, où s’étaient réunis les docteurs et les anciens. Pour ce qu’ils allaient faire, le mettre à mort, il fallait une preuve religieuse et légale à la fois; c’était [sa prophétie sur] la destruction du temple qu’il réédifierait en trois jours. Ils niaient la prophétie au moment où eux-mêmes l’accomplissaient. Le temple, c’était le corps sacré du Sauveur où la divinité habitait d’une manière mille et mille fois plus parfaite que dans les murs du temple élevé par la main des hommes. Et c’est ainsi que déjà la justice de Dieu les confond.
Mais allons plus loin, étudions leur crime et voyons si nous n’en trouverons pas de semblables chez les personnes qui se disent pieuses.
I. -Crime des prêtres.
Ce n’est point à eux, dit saint Thomas(2), que s’appliquent ces paroles de saint Paul: Si enim cognovissent numquam Dominum gloria crucifixissent(3). Ceci est bon pour le peuple ignorant et pour les soldats qui étaient chargés du supplice. Pour les scribes et les anciens, pour les docteurs et les prêtres, supposé qu’ils ne connussent pas Jésus, leur ignorance était parfaitement coupable. A quoi bon leurs études sur la loi et sur les prophètes, s’ils n’y reconnaissaient pas le Sauveur? Ils avaient pourtant dit aux Mages le lieu de sa naissance; ils savaient bien qu’ils étaient juste à l’époque ou le Messie devait paraître. Ils savaient de plus que tous les malades appelaient Jésus le fils de David.
Ils avaient la science du mal. Cette science s’était accrue dans des proportions incroyables par la haine, la haine contre un homme qui avait révélé leurs vices. Mais ces vices supposaient des calculs, et tout cela réuni formait un composé d’hypocrisie, à quoi il faut ajouter les abus de grâce dont ils se rendaient coupables, car ils était le vrai sacerdoce, ils en avaient les lumières.
Mais « les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière. »(4)
Oui, ils étaient coupables, mais ne le sommes-nous pas?
II. -Crime des chrétiens pratiquants.
Remarquez qu’avant tout il faut parler dans la lumière de Dieu. C’est dans cette lumière que nous serons jugés. Et ici, du premier coup, tombent toutes les mauvaises raisons derrière lesquelles s’abrite une conscience faussée.
Il s’agit de savoir où est le vrai, où est Jésus. Eh bien! chacun se le figure où il a envie de le trouver. Déjà Jésus a dit: Nisi abundaverit justitia vestra plus quam scribarum et pharisaeorum, non intrabitis in regnum caelorum(5). Voilà l’illusion. Il y a des gens qui croient être dans la justice et n’y sont pas. Ils n’y sont pas, parce qu’ils s’aveuglent et que, trop souvent, ils ont un intérêt quelconque à s’aveugler. Quel effrayant chapitre que celui des illusions des personnes pieuses!
Soyons francs. Cherchons-nous sérieusement à nous instruire sur la vérité de nos devoirs? Grave question. Sans être impies, nous méritons qu’on nous applique ce que le Saint-Esprit dit de l’impie: « Il n’a pas voulu comprendre, de peur d’être obligé de bien faire: Noluit intelligere ut bene ageret. »(6)
Ou vous êtes instruits, et dans beaucoup de circonstances votre instruction augmente votre péché; ou vous ne l’êtes pas, et votre ignorance est coupable.
Parlerai-je des grâces reçues, et puis chassées? De cette vie molle, quand Dieu vous demande une vie austère? De cette vie endormie, quand Dieu vous demande une vie active? De cette vie pleine de tiédeur à son service, quand Dieu vous demande une vie pleine d’amour?
L’Evangéliste dit: De turba autem multi crediderunt in eum(7). Sur quoi saint Augustin ajoute: Humiles et pauperes salvos faciebat Dominus. Principes insaniebant et ideo medicum non solum, non agnoscebut, sed etiam occidere cupiebant(8). Grave question que celle de la manière dont les chrétiens non seulement refusent de connaître Jésus-Christ, mais encore le tuent par leurs péchés dans son corps mystique, qui est l’Eglise.
III. -Conclusion.
Les intérêts humains ont fait les Eglises nationales: Venient Romani et tollent nostrum locum et gentem(9). Voyez l’établissement du protestantisme, voyez l’Allemagne depuis huit ans, voyez ce qui se prépare en France.
A qui la faute?
Aux chrétiens qui ne protestent pas, qui n’ont qu’une foi endormie, qui renient Jésus comme saint Pierre.
Songeons-y. Jésus est toujours la pierre de scandale. On le poursuit. Laisserons-nous faire? Protestons, agissons, et Dieu nous viendra en aide.
2. *Summa theologica*. Pars. III, q. XLVII, art. 5.
3. "Car s'ils l'eussent connus (*la sagesse de Dieu*), jamais ils n'auraient crucifié le Seigneur de gloire." (I Cor. II, 8.)
4. *Dilexerunt homines magis tenebras quam lucem*. (Joan. III, 19.)
5. "Si votre justice n'est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux." (Matth. V, 20.)
6. (Ps. XXXV, 4.)
7. "Mais parmi la foule beaucoup crurent en lui." (Joan. VII, 31.)
8. "Le Seigneur sauvait les humbles et les pauvres. Les princes étaient atteints de folie, c'est pourquoi non seulement ils ne reconnaissaient pas le médecin, mais ils voulaient le tuer." (Aug. Tract. XXXI in Joan. 7.)
9. Les Romains viendront et ruineront notre ville et notre nation." (Joan. XI, 48.)