OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
  • LA CROIX.
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 141-145.
  • CO 139
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 ANCIEN TESTAMENT
    1 AUGUSTIN
    1 AVARICE
    1 CIEL
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 CROIX DU CHRETIEN
    1 DETACHEMENT
    1 ENERGIE
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LOI ANCIENNE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LUTTE CONTRE SATAN
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MONDE ADVERSAIRE
    1 MYSTERE DU SALUT
    1 PENITENCES
    1 PREDICATION DE JESUS-CHRIST
    1 ROI DIVIN
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SACRIFICE DE LA CROIX
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 SIGNE DE LA CROIX
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VANITE
    1 VERBE INCARNE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 JOB, BIBLE
    2 MICHEL, SAINT
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Et bajulans sibi crucem exivit in eum qui dicitur Calvariae locum, hebraîce autem Golgotha(1).

Voilà qu’apparaît l’instrument du supplice, la croix, signe d’ignominie, châtiment des esclaves. La voilà réservée à Jésus, qui la fait sienne. Il en fait un autel, une chaire, un étendard, un gage de salut.

I. -Un autel.

Les sacrifices des temps passés vont avoir un terme. Ceux même de l’ancienne loi n’auront plus de raison d’être; le sang des boucs et des génisses sera inutile. Une victime plus excellente que toutes va être immolée, et cette victime étant Dieu, donne un prix infini à tout ce qu’elle touchera dans ce moment suprême. L’autel qu’elle teindra de son sang recevra des hommages spéciaux à cause du sacrifice pour la consommation duquel il aura été dressé. Or, pour marquer le prix qu’il y attache, il veut le porter lui-même: Et bajulans sibi crucem exivit.

Cette croix doit être notre autel aussi, car chacun doit avoir la sienne et la porter comme Jésus, à l’imitation de Jésus: Si quis vult post me venire lollat crucem suam(2). Il faut donc que je prenne mon parti de porter la croix de Jésus, de m’immoler avec Jésus, de suivre Jésus jusqu’au Calvaire. Que l’imposition de la croix sur les épaules de Jésus me soit un enseignement très dur, mais très pratique. Je ne puis suivre Jésus qu’en me renonçant et en portant ma croix.

Quand serai-je un véritable ami de la croix? Depuis que je me marque de son signe, il serait bien temps que je ne fisse pas de ce signe sacré une contradiction avec toute ma vie. Mais m’immoler est dur, et je ne sais pas encore vouloir comme Jésus a le droit de l’attendre de moi.

II. -La croix est une chaire.

Jésus-Christ par sa croix vient bouleverser les idées du monde.

Le monde dit: « Vive le plaisir! » Jésus, du haut de la croix nous dit: « Il n’y a de bonheur que dans la souffrance. »

Le monde dit: « Rien de beau comme de courir après la gloire. » Jésus-Christ dit: « Ne recherchez que ce qui vous abaissera, vous humiliera, vous anéantira. »

Le monde dit: « La vie se partage en deux: la première à chercher les richesses, la seconde à les dépenser. » Jésus- Christ dit: « Malheur aux riches. »

C’est tout un bouleversement dans la raison humaine, car une vie de pénitence, d’humiliation, de détachement, qu’est-ce, sinon l’opposé de tout ce que le monde peut désirer?

Un mot surtout retentit du haut de la croix: Souffrir; souffrir soit pour expier, soit pour prouver son amour.

La vérité même, le Verbe uni à notre chair a voulu être cloué à la croix pour y être un perpétuel prédicateur de la doctrine nouvelle.

Le mystère du salut nous est révélé là. Là est la doctrine de la croix: Verbum crucis.

Voulez-vous donc être à l’abri de toute erreur, allez consulter la croix et marchez selon ses enseignements.

III. -La croix, étendard.

« La vie des hommes sur la terre est un combat »(3), disait Job sur son fumier. Oui, et l’étendard de cette guerre incessante, c’est la croix. « Jésus-Christ, dit saint Augustin, a vaincu le monde non par le fer, mais par le bois, le bois de la croix: Christus domuit orbem non ferro, sed ligno. » N’ayons pas une autre arme contre Satan, contre le monde, contre nous-mêmes.

Contre Satan. Lorsque Michel triompha des anges rebelles, il disait: « Qui est comme Dieu? » Sur l’arbre de la croix Jésus aussi s’écrie: « Qui est comme Dieu? » Michel foudroyait les démons au nom de Dieu dans sa majesté; ici, Jésus les terrasse par son humilité. Quoi de plus ignominieux que la croix? Mais quoi de plus honteux pour Satan que d’être vaincu par un chef dont le drapeau est un signe d’ignominie, et Jésus le met entre les mains de ses soldats, afin qu’au nom de la croix tous puissent, par ce signe, terrasser les puissances infernales.

Contre le monde. Eh oui! le monde aime la vie douce, commode, aisée, joyeuse. La croix, dès qu’elle se montre, est un signe de douleur, d’humiliation. Il faut que le chrétien lutte contre le monde, et il ne peut lutter que par la croix. L’étendard du chrétien contre le monde égoîste c’est la croix et ses préceptes de sacrifice, d’immolation, d’oubli de soi-même. Elevez la croix, et aussitôt le monde est condamné.

Contre nous-mêmes. Nous n’avons pas à soutenir seulement la lutte au dehors contre l’enfer et contre le monde, il faut la livrer au dedans de nous, et la croix doit être surtout plantée dans notre coeur, comme signe du triomphe de Jésus crucifié sur nous-mêmes, car la croix, teinte du sang du Sauveur, est devenue la plus grande des forces. Sachons prendre la croix pour notre étendard, et la victoire, que cette croix porte, nous est assurée.

IV. -La croix, gage de salut.

Quoi de plus incompréhensible que de voir un Dieu s’emparer de la croix et en faire, prêtre suprême, son autel; vérité, sa chaire; chef de l’armée des élus, son étendard. C’est qu’il y a là un mystère. La croix est un gage, un gage sanglant de la mort qu’un Dieu accepte, de la vie qu’il nous donne. Partout où l’ange exterminateur, après la manducation de l’agneau pascal, vit les portes des maisons teintes du sang de l’agneau, il en respecta les habitants.

Jésus-Christ donne son sang sur la croix, et tout chrétien qui est marqué de ce sang est marqué du sang de Jésus-Christ. Mais il ne s’agit pas seulement du signe extérieur, il s’agit de ce signe que Dieu marque dans nos âmes par la souffrance, l’humiliation, les contradictions, à quoi nous pouvons ajouter les souffrances volontaires. Voilà le gage de Jésus-Christ.

Acceptons-le, mettons-le non sur les portes de nos demeures, mais au plus intime de nos coeurs, et nous serons sûrs d’être reconnus et marqués pour entrer, après notre Sauveur, dans la véritable patrie.

Notes et post-scriptum
1. "Et portant sa croix, il vint au lieu appelé Calvaire, en hébreu Golgotha." (Joan. XIX, 17.)
2. "Si quelqu'un veut venir après moi..., qu'il porte sa croix." (Matth. XVI, 24.)
3. *Militia est vita hominis super terram*. (Job. VII, 1.)