OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
  • LES CONSOLATEURS DE JESUS.
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Imprimerie de la Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 148-151.
  • CO 141
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 BOURGEOISIE ADVERSAIRE
    1 CATHOLIQUES SANS FOI
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 CHRETIEN
    1 CIEL
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 FEMMES
    1 FOI
    1 HARDIESSE DE L'APOTRE
    1 HUMILITE
    1 INDIFFERENCE
    1 JUIFS
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE MAL
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 ORGUEIL
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 REVOLUTION
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 TIEDEUR
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    2 SIMON DE CYRENE
    2 VERONIQUE, SAINTE
    3 JERUSALEM
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Jésus consent, dans ce moment suprême, à être consolé, soutenu. Je vois dans l’Evangile deux espèces de consolateurs. La tradition, appuyée par l’Eglise, en indique une troisième: Simon de Cyrène, les filles de Jérusalem, la Véronique.

I. -Simon de Cyrène.

C’est le type du bourgeois indifférent et qui se trouve, bien malgré lui, mêlé aux événements les plus graves. On le saisit et on le force à porter la croix de Jésus. Il n’y comprenait rien le bon bourgeois. Ah! c’est le modèle de bien des chrétiens, qui n’y comprennent pas davantage. Il ne comprend rien à tout ce bruit. Il revient de sa maison de campagne, chose parfaitement légitime; il y a probablement passé la nuit, chose à quoi personne n’a rien à dire. Tandis que tout Jérusalem s’agite, il va planter ses choux et arroser ses navets. Avant tout, il ne veut pas se compromettre; il n’est ni pour ni contre personne. Qu’on le laisse tranquille; avant tout, il tient à ne pas occuper de lui le genre humain. Et voilà que ce parfait honnête homme, préoccupé avant tout de lui, tombe au milieu du tumulte qui se fait autour de Jésus. Jésus n’en peut plus, on craint qu’il ne puisse aller jusqu’au bout. Simon de Cyrène passe; il regarde, d’un air peut-être trop surpris un fait auquel il ne comprend rien. Pour le mettre au courant, on lui donne à porter la croix en compagnie de Jésus. Quel honnête homme, ou si vous aimez mieux, quel indifférent!

Ainsi va le monde, plein de personnages de cette triste espèce. Que Jérusalem s’agite, se trouble, moi je vais à la campagne. La campagne, heureux séjour de ceux qui aiment à se cacher; non qu’il n’y ait beaucoup à faire, et on y court les mêmes dangers qu’à la ville. Mais ce n’est pas le cas de notre Simon.

On va donc à la campagne ou ailleurs, pourvu qu’on se cache. Mais au moment où l’on y pense le moins, la révolution passe et emporte les bourgeois et leurs campagnes. Verrons-nous cela bientôt? Qui peut dire que non? Vous n’avez pas osé être les adversaires du mal, vous en serez les valets: Hunc angariaverunt ut tolleret crucem ejus(1).

Mais que d’obstacles à vaincre! Oserai-je portez la croix de Jésus! Attendez, on vous y forcera… Et Jésus n’y sera pas.

Ah! vous n’avez pas la foi dans la vertu qui sort de ce bois sacré! Car enfin, Simon le porte ce bois infâme; le sang de Jésus commence sa transformation, et il mourra martyr.

Ayons le courage d’aller jusqu’au bout et comptons sur la récompense de notre disposition à porter courageusement la croix du Sauveur.

II. -Les filles de Jérusalem.

Elles suivaient Jésus en pleurant, et Jésus repousse leurs consolations: « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi; pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants…, car si l’on traite ainsi le bois vert, que sera-ce du bois sec. »(2) Jérusalem est l’objet des préoccupations de Jésus. Il prophétise le châtiment qui menace et dont plusieurs des femmes qui pleuraient devaient voir l’épouvantable accomplissement.

Admirable leçon! L’homme de Dieu ne doit pas se laisser amollir par des consolations inutiles, et surtout ne doit pas arrêter, devant la pensée d’un soulagement personnel, les décrets de la justice divine.

Allez, filles de Jérusalem, versez vos pleurs, mais non pas sur Jésus, qui n’en a pas besoin. Versez-les sur les malheurs de votre nation. Seulement, sachez qu’ils seront bien inutiles, parce que Jérusalem n’a pas connu le moment de la visite de son Sauveur.

Heureuse la nation qui la connaît! Heureuses les femmes chrétiennes dont les prières ont accoutumé à cette connaissance. Qu’elles furent stériles les larmes de ces femmes juives! Qu’elles seront puissantes les larmes des chrétiennes si elles savent pleurer comme Jésus le leur demande.

II. -La Véronique.

Voilà la véritable consolatrice! Elle se tait, mais elle agit; elle soulage la face sacrée du Sauveur en l’essuyant autant qu’il dépend d’elle. Et par un miracle que l’Eglise accepte, cette figure auguste se reproduit sur le linge de cette pieuse femme.

Excellente manière de consoler tous les jours Jésus en reproduisant ses traits humiliés non sur un linge, mais dans le coeur. Voilà ce que Jésus attend de vous, c’est que vous soyez son image vivante; qu’on la reconnaisse dans vos moindres mouvements, dans vos moindres paroles, dans vos moindres actes, et que tout en vous reproduise l’anéantissement de Jésus. L’enflure de l’orgueil a causé la mort de Jésus; les abaissements de l’humilité chrétienne seront les puissants ressorts à l’aide desquels nous le reproduirons en nous tel qu’il veut y paraître, et nous le consolerons par notre conformité à tous ses sentiments à travers sa voie douloureuse.

Notes et post-scriptum
1. "Ils le contraignirent de porter la croix de Jésus." (Matth. XXVII, 32.)
2. *Filiae Jerusalem, nolite flere super me; sed super vos ipsas flete et super filios vestros..., quia si viridi ligno haec faciunt, in arido quid fiet*. (luc. XXIII, 28, 31.)