OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
  • JESUS ET MARIE AU CALVAIRE.
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 174-178.
  • CO 148
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE LA SAINTE VIERGE A L'ASSOMPTION
    1 CHARITE DE JESUS-CHRIST
    1 CHARITE DE MARIE
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 EUCHARISTIE
    1 HONTE DU PECHE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMMACULEE CONCEPTION
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 MARIE
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MERE DE DIEU
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS DE MARIE
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 REDEMPTION
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    2 ABRAHAM
    2 ISAAC
    2 JEAN, SAINT
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Jésus a voulu, sur la croix, éprouver toutes les souffrances. Ce n’est pas assez des souffrances physiques qui torturent son corps, il veut éprouver ce que le coeur peut ressentir de plus déchirant, il veut souffrir par sa Mère. Ordinairement, quand un criminel est condamné au dernier supplice, les siens se retirent. Ils rougissent de lui. Marie surmonte cette répugnance horrible. Elle veut souffrir avec Jésus jusqu’au dernier moment.

Examinons, méditons cette scène si digne d’amollir la dureté de nos âmes, et étudions quels enseignements elle renferme pour nous.

I. -Souffrances de Jésus à la vue de sa Mère.

Que jamais coeur n’ait été aussi pur, aussi délicat, aussi tendre que celui de Jésus, qui pourrait en douter? Il avait été formé d’une manière exquise et avec des préparations privilégiées par le Saint-Esprit. C’était le coeur qui avait le plus aimé Dieu, mille et mille fois plus qu’aucun être créé. Si Jésus était ce Fils bien-aimé en qui l’Eternel avait mis ses complaisances, quelles perfections le Père n’avait-il pas accordées à ce Fils pour le rendre capable d’aimer à son tour? Et l’amour du Fils pour son Père se perfectionnant tous les jours, le rendait capable de porter l’affection la plus légitime à ceux qu’il devait aimer.

Or qui, plus que Marie, devait être aimée par Jésus, son Fils? Ordinairement, l’amour des mères prévient l’amour des enfants; on n’en peut dire de même ici. Comme Dieu il avait, de toute éternité, aimé Marie d’un amour de choix; comme homme, il avait été parfait dès le premier instant de sa conception, et aima Marie comme jamais fils n’aima sa mère; car Marie était la plus pure des créatures, et Jésus connaissait toutes ses vertus, puisqu’il les avait préparées lui-même dans cette âme virginale. Jésus-Christ pouvait, comme son Père l’avait dit de lui, dire à son tour de Marie: « Celle-ci est ma Mère bien- aimée en qui j’ai mis mes complaisances. » Or, c’est cette créature si belle, si pure, si parfaite, que Jésus contemple au pied de sa croix. Il la voit plongée dans les angoisses les plus cruelles à cause de lui.

Vous savez bien que ce que vous faites souffrir aux êtres que vous aimez vous est bien plus douloureux que ce que vous souffrez seul. C’est pourtant le genre de supplice qu’accepte Jésus: faire souffrir sa Mère. Exprimer ce qui se passe dans cette âme divine, nul ne le pourra jamais. Au Calvaire, le Fils et la Mère peuvent employer les paroles du prophète et dire: « Vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur comparable à la mienne. »(1) Ainsi souffrait Jésus. Méditons sur ce qu’à son tour souffrait Marie.

II. -Souffrances de Marie.

Je ne crois pas qu’il soit possible de pénétrer dans cet abîme de maux. Et pourtant, d’où vient cette affliction maternelle? De la tendresse du coeur de Marie, dirigée vers le plus beau des enfants des hommes, qui était son Fils et son Dieu. On a peint le coeur du Fils et de la Mère comme deux foyers qui, se renvoyant les rayons non de la lumière, mais de la douleur, les multipliaient d’une manière incomparable. Les bourreaux ont bien moins fait souffrir Jésus que ne l’a fait Marie. Ceci vous étonne, mais pénétrez le mystère de notre rédemption.

Au fond, qui a attaché Jésus à la croix? C’est le décret du Père. La croix, c’est un autel; la victime, c’est le corps de Jésus.

Abraham leva son glaive pour frapper son fils Isaac; sur le Calvaire, il faut un sacrificateur. Abraham, obéissant à Dieu, n’avait songé qu’à offrir le plus affreux des sacrifices, et encore Dieu ne permit pas qu’il fût poussé jusqu’au bout. Ici, il ne s’agit pas d’un seul homme, il s’agit de toute l’humanité coupable, et sur le point d’être pardonnée. Qui se présentera au nom de l’humanité s’il est coupable lui-même?

O convenance, qu’une Vierge ait été conçue sans péché! O effet le plus grand de l’immolation d’un Dieu! Marie, qui a par avance reçu le plus grand privilège; Marie s’approchera de la croix, et au nom des hommes présentera la victime à Dieu; en un sens, elle sera le premier prêtre de la nouvelle loi. Ce que la veille Jésus avait fait d’une façon très secrète, Marie le fait ici d’une façon très solennelle. Jésus avait dit: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », et à travers les siècles les prêtres de la loi nouvelle, chargés de renouveler le sacrifice de la croix, prononceront ces paroles ineffables, non pas en leur nom, mais au nom de Jésus. Marie, seule sur le Calvaire, considérant ce corps immolé, peut dire après Jésus: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, car il a été formé de moi avec le plus pur de ma substance; c’est quelque chose de moi que j’offre à Dieu quand je lui offre le corps de Jésus, mon fils. »

Mais par quelles souffrances devait passer la volonté de Marie pour faire une pareille oblation! Tout était broyé en Jésus, tout, jusqu’aux fibres les plus délicates. N’était-il pas broyé en Marie? Quelle horreur profonde n’éprouvait-elle pas du péché, qui réduisait Jésus en un si pouvantable état!

Tel doit être notre modèle quand il s’agit de détester nos fautes. Allons contempler la douleur de Marie, très pure, très innocente, et demandons-nous ce que nous devons éprouver à la vue de péchés qu’elle n’a pas connus, mais que nous commettons tous les jours.

Parlerai-je des adieux de Jésus à sa Mère? Il lui montre Jean, le disciple bien-aimé: « Femme, voilà votre fils: Mulier, ecce filius tuus. Je lui lègue le soin de vous consoler, de vous protéger; adoptez-le. Et à Jean: Ecce mater tua(2). Quelle paroles ineffables par lesquelles après que Dieu, par la mort de Jésus, adopte les pécheurs pour fils, Marie, mère de Jésus, adopte les bourreaux de son Fils pour enfants.

Faisons-lui oublier ce que nous avons été pour elle, ce que nous sommes peut-être encore tous les jours; forçons-la, par notre tendresse, à nous aimer comme elle aima saint Jean.

Notes et post-scriptum
1. O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est dolor sicut dolor meus.* (Thren. I, 12.)
2. "Voilà votre Mère." (Joan. XIX, 26, 27.)