OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L’ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS-ORDRE (1879).
  • JESUS APRES SA MORT.
  • Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 184-189.
  • CO 150
Informations détaillées
  • 1 ANEANTISSEMENT
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 ASCESE
    1 BIEN SUPREME
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 DESCENTE DE JESUS-CHRIST AUX ENFERS
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 ENFANTS DE DIEU
    1 FOI
    1 FOI DE LA SAINTE VIERGE
    1 JUIFS
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 ORAISON
    1 PAGANISME
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 REFORME DU COEUR
    1 REVELATION
    1 TRIOMPHE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE SPIRITUELLE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Et inclinato capite tradidit spiritum(1).

Jésus a rendu le dernier soupir. Etudions: 1° Les prodiges qui suivent sa mort; 2° le mystère de sa sépulture.

I. -Prodiges qui accompagnent la mort de Jésus.

Saint Thomas en distingue de trois sortes: les prodiges dans le Temple, les prodiges dans la nature, les prodiges parmi les tombeaux.

I. Prodiges dans le Temple. -Et ecce velum templi scissum est in duas partes a summo usque deorsum(2). Il y avait dans le Temple deux voiles(3): le premier était devant le Saint, et le second devant le Saint des Saints.

Le premier représentait la séparation des Gentils d’avec les enfants d’Abraham; celui-là seul fut déchiré, pour montrer que les figures étaient accomplies, et que la vérité révélée allait apparaître avec un éclat nouveau.

Le second voile ne fut pas atteint; le Saint des Saints est le symbole de la vie au ciel, où de nouvelles lumières nous éclaireront; mais ces splendeurs ne sont pas de la terre. Nous sommes placés entre le voile déchiré et celui que l’éternité soulèvera plus tard; mais les lumières qui nous sont accordées le sont en proportion de ce que nous laissons Dieu agir.

Et nous aussi, n’avons-nous aucun voile épais à déchirer au fond de notre âme? Examinons attentivement, et demandons que le jour de la foi se fasse toujours plus grand en nous.

II. Prodiges de la nature. -Quand celui qui est le soleil de justice, le jour divin, comme dit saint Augustin, fut sur le point d’expirer, le soleil de la terre s’obscurcit; l’astre, image du Verbe, refusa sa lumière, et les ténèbres se répandirent sur la face de la terre. L’éclipse qui eut lieu en ce moment indiqua le bouleversement de la nature. Hélas! quand la méditation de la Passion de notre Sauveur nous plongera-t-elle dans les ténèbres capables de nous cacher les horreurs du monde moral!

Autre prodige: les pierres sont brisées, et le Calvaire nous conserve encore des fentes de rochers opérées dans un sens qui déroute toutes les lois de la science. Quand la dureté de nos coeurs sera-t-elle ainsi broyée? La rupture des rochers avait été prédite: Ecce Dominus transit subvertens montes et conterens petras(4). La nature obéit à cette volonté du Tout-Puissant dans ses substances les plus dures. Quand nous laisserons-nous fendre, déchirer, selon cette autre parols: Scindite corda vestra et non vestimenta vestra(5).

III. Résurrection. -Avant de descendre au tombeau, Jésus veut en retirer un certain nombre de trépassés. Or, c’étaient les corps des saints: Corpora sanctorum. Saint Thomas demande si, après être apparus à Jérusalem, ils rentrèrent dans leurs tombeaux? La réponse est négative. Ce qui était un privilège accordé à leur sainteté eût été un châtiment s’ils fussent morts deux fois, et l’Ange de l’Ecole ajoute: « Ils ressuscitèrent comme devant entrer avec Jésus-Christ au ciel le jour de son Ascension: Surrexerunt tamquam intraturi cum Christo in caelum. »(6)

Mais il y a ici une remarque à faire. Parmi les corps des saints, il y en a eu dont personne n’a connu la dernière demeure. Nous connaissons le sépulcre de Sara, d’Abraham, etc.(7) Nous connaissons celui de David(8). Nous savons où la tradition veut qu’ait été déposé le corps de Marie avant son Assomption. Mais où a été déposée la dépouille de Joseph? Son corps, où est-il? Ne peut-on pas dire que puisque les saints ressuscités à la mort du Sauveur furent, selon le grand Docteur de l’Ecole, transportés au ciel le jour de l’Ascension du Sauveur, le corps de Joseph, son père nourricier, mérita entre tous de participer à ce privilège? Selon certains auteurs, rien de plus digne de la piété filiale de Jésus, rien de plus propre à nous expliquer pourquoi le tombeau de Joseph est resté inconnu.

Ces prodiges, opérés au moment de la mort de l’auteur de la nature, prouvent bien sa liberté au sein de la mort même: Inter mortuos liber9). La mort est absorbée par la vie au moment où elle croit triompher. Absorpta est mors in victoria(10). Aussi, tandis que les Juifs poursuivent leurs blasphèmes, voyez le centurion qui a présidé au supplice se retirer, se frappant la poitrine en disant: Vere Filius Dei erat iste(11).

Reconnaissons-le, nous aussi, et laissant les blasphémateurs poursuivre leur oeuvre sacrilège, disons que Jésus est bien notre Dieu et que nous n’en voulons point d’autre.

II. -Le mystère de la sépulture.

Tout est consommé. Jésus a rendu le dernier soupir. Aussi un de ses disciples prend-il l’audace d’aller demander son corps à Pilate. Ce corps appartenait, en effet, aux pouvoirs publics. Le Fils de Dieu n’avait plus même la propriété de ce corps inanimé. Il était là, nu, livré à tous les opprobres, les soldats s’étant partagé ses vêtements.

O pauvreté, ô dénuement complet du Sauveur! Il n’avait pas, pendant sa vie, où reposer la tête; il n’a plus même sa tunique, que les soldats ont tirée au sort. Joseph d’Arimathie apportera un suaire très blanc, figure de l’état que Jésus-Christ, après avoir dépouillè les suites du péché, revêtira bientôt. Joseph d’Arimathie apporte le linceul, Nicodème apportera cent livres d’un mélange composé de myrrhe et d’aloès. La tradition nous montre la pierre de l’onction où, sur les genoux de Marie, le corps fut imprégné de parfums. Quels sentiments de douleur et d’adoration agitaient le coeur de cette Mère! De douleur: le corps de ce Fils était là, privé de vie humaine. D’adoration: ce corps était le temple indestructible de la divinité. Mais si la foi la soutenait, n’était-ce pas pour accroître les douleurs de la nature.

Le voilà le corps du Crucifié; voilà le grand scandale. Jésus est descendu de la croix, il y a rendu le dernier soupir. Mais attendez, avant trois jours tout sera bouleversé.

En attendant, les cent livres de parfum serviront, dans la pensée des saintes femmes, à le préserver de la décomposition. Que représentent cette myrrhe et cet aloès? « L’amertume de notre pénitence et de notre componction à la pensée des péchés qui ont réduit le Sauveur à un pareil état: Christum crucifixum in corde nostro debemus recondere amaritudine paenitentiae et compounctionis*. » (S. THOMAS.) Qu’après cela les Juifs mettent leur sceau à ce sépulcre, qu’ils y apposent une garde, qu’importe, il saura bien briser la pierre du sépulcre. Et nous aussi, par sa grâce, brisons tous les obstacles et reconquérons la liberté des enfants de Dieu.

Notes et post-scriptum
3. Il y avait dans le temple de Jérusalem deux grands rideaux: 1° celui qui voilait l'intérieur de l'édifice, le *Saint* ou la grande nef, lorsque les portes étaient ouvertes; 2° celui qui voilait la partie la plus reculée du sanctuaire, le *Saint des Saints*, dont l'entrée était interdite même aux lévites, sauf au Pontife une fois par an. Ces sortes de portières n'étaient pas formées de deux tentures se rejoignant au milieu, mais d'une pièce unique qui descendait d'en haut et pouvait se relever. C'est le premier voile seul qui fut déchiré, d'après saint Jérôme. D'autres pensent, au contraire, que ce fut le second. Ici le P. d'Alzon suit le sentiment de saint Jérôme.
6. Voir saint Thomas (Sum. theol. III p., q. LIII, a. 3. ad 2um), où le Docteur angélique incline à penser, avec saint Augustin et quelques autres Pères, que ces défunts ressuscitèrent pour mourir de nouveau.
8. L'opinion courante, à cette époque, plaçait le tombeau de David sur le mont Sion évangélique, au lieu traditionnel du Cénacle; des travaux postérieurs ont rétabli l'emplacement de ce tombeau (non encore identifié) sur la colline de l'Ophel, le Sion du temps des Rois de Juda.1. "Et ayant incliné la tête, il rendit l'esprit." (Joan.XIX,30.)
2. "Et le voile du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas." (Matth. XXVII, 51.)
4. "Voici que le Seigneur passe..., renversant les montagnes et brisant les rochers." (III Reg. XIX, 11.)
5. "Déchirez vos coeurs et non vos vêtements." (Joël, II, 13.)
7. A Hébron.
9. "Libre parmi les morts." (Ps. LXXXVII, 6.) Au sein du tombeau, le Sauveur restait maître d'en sortir par la résurrection.
10. "La mort a été absorbée (*et comme dévorée*) dans la victoire (*de son adversaire triomphant*)." (I Cor. XV, 54.)
11. "Vraiment cet homme était le Fils de Dieu." (Matth. XXVII, 54.)