OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS DU SAMEDI|PREMIERE SERIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS DU SAMEDI|PREMIERE SERIE
  • INSTRUCTIONS SUR LA SAINTE VIERGE
    IV
    MARIE ET LE TRAVAIL
  • Les Instructions du Samedi. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1932, p. 19-23.
  • CO 93; CO 94.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 CHATIMENT
    1 HUMILITE
    1 INDUSTRIELS
    1 OUVRIER
    1 SAINTE FAMILLE
    1 TRAVAIL
    2 JOSEPH, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    3 NAZARETH
  • Collégiens de Nîmes
  • 1876
  • Nîmes
La lettre

Depuis que le travail a été imposé aux hommes, et que la société se partage entre ceux qui travaillent et se font payer leur travail, et ceux qui tout en travaillant d’une autre façon commandent le travail et le payent, on voit la lutte entre les ouvriers qui veulent donner le moins de travail possible en le faisant payer le plus cher possible, et les patrons qui donnent le plus de travail possible, le payant le moins cher possible.

C’est dans l’atelier de Nazareth qu’il faut nous transporter pour trouver la solution du problème; nous y voyons une famille pauvre et travaillant pour gagner sa vie. Examinons: 1° le sentiment avec lequel elle faisait son travail; 2° le prix de son travail; 3° la direction de son travail.

I. Avec quel sentiment Marie faisait-elle son travail?

Distinguons. Que Joseph, comme fils d’Adam coupable, fût condamné au travail, je le conçois; mais Marie, conçue sans péché, n’avait pas à subir de peine, et pourtant elle travaillait; mais Jésus, par qui tout a été fait? et pourtant il travaillait.

Ah! le travail était un châtiment pour Joseph, mais pour Jésus et Marie il était une expiation volontaire. Et remarquez, qu’il en est du travail comme de la mort, châtiment inutile pour les uns, expiation féconde pour les autres.

Mais l’expiation est une source de mérites. Quelle perfection dans ce fécond travail de la sainte Famille! et comme on travaillait avec ardeur et avec justice!

Avec ardeur, oui, et voilà la paresse combattue, parce qu’on veut faire du travail une expiation et que, dès lors, contre la paresse l’ardeur est nécessaire. Si dans le travail on ne voit qu’un maître despotique qui ordonne et un esclave qui obéit, le travail sera la lutte entre la cupidité tyrannique et la paresse calculée. Si le travail est une expiation, en travaillant c’est à Dieu que l’on paye une dette et de qui l’on reçoit un pardon.

Mais de plus il y a dans le travail un acte de justice. Si le patron n’exige pas un travail exagéré et ne donne pas un salaire trop réduit, l’ouvrier saura donner un travail suffisant et ne le fera pas payer trop cher. Le patron ne volera pas l’ouvrier avec le salaire. De son côté l’ouvrier ne volera pas le patron avec le travail; il y aura échange équitable des deux côtés.

Eh bien! vous, mes enfants, qui appartenez à des familles aisées, souvenez-vous que c’est à celui qui est au-dessus à faire des avances à celui qui est au-dessous.

Souvenez-vous que vous aurez, en donnant l’exemple du travail, à combattre la paresse de la manière la plus efficace; en n’exigeant pas un travail excessif, à ne pas provoquer d’injustes récriminations; en organisant la charité dans le travail, à rendre le travail fructueux et moralisateur.

II. Quel était le prix du travail de Marie.

Le prix du travail de Marie était le prix de l’entretien d’un Dieu vivant sur la terre.

Elle travaillait pour nourrir son Fils. Eh quoi! ce Fils ne devait-il pas, lui qui multipliait les pains au désert, nourrir sa Mère à Nazareth? Sans doute il le pouvait, mais qu’il le dût c’est autre chose, puisqu’il convenait qu’il montrât combien était excellent le prix du travail. Pater meus usquemodo operatur et ego operor(1), devait dire plus tard le Fils de Dieu, élevant le travail à la dignité d’une oeuvre divine.

Pourquoi Marie n’aurait-elle pas fait quelque chose de semblable avec son travail?

Oui, l’action du Père imitée par Jésus-Christ est le modèle de l’action de Marie, qui devient le modèle de la nôtre. Arrière les oisifs, arrière les paresseux, arrière les hommes coupables de fuir l’action, surtout l’action chrétienne qui implique l’effort et la peine.

Ah! soyons des hommes d’action; le prix de notre travail sera le ciel.

III. Quelle fut la direction du travail de Marie.

Tout ce qu’il y avait de plus humble. Qui pourtant a travaillé plus directement à l’oeuvre de Dieu?

Remarquez que le travail a des objets comme infinis dans tous les champs où l’homme doit travailler à la sueur de son front. Depuis la charrue et la hache jusqu’à la plume et au pinceau, tout est instrument de travail pour l’homme.

Mais ce n’est pas le point essentiel.

Tout travail peut être dirigé vers la sanctification de l’âme.Tout travail, en dehors de l’expiation qu’il impose, amène les plus saints résultats.

Voyez dans l’agriculture…

Voyez dans l’industrie…

Ah! que je vous souhaiterais un travail intelligent, à l’aide duquel la direction donnée au travail amenât un grand apaisement; mais alors il faut diriger son travail comme Marie vers la cause de Dieu.

Voyez, mes amis, la direction que vous devez donner un jour à votre travail, rien de plus grand si vous le voulez.

Saint Paul faisait des tentes et convertissait le monde.

AUTRE PLAN SUR LE TRAVAIL DE LA SAINTE FAMILLE

Admirons l’humilité de ce travail, la perfection de ce travail, la sainteté de ce travail.

1. L’humilité.

Le travail le plus humble prouve que le travail qui plaît le plus à Dieu n’est pas celui qui brille le plus aux yeux des hommes.

2. Perfection du travail.

Le travail a deux ennemis: la paresse, [l’égoïsme]. On veut travailler le moins possible, voilà la paresse. On veut tirer de son travail le plus possible, et voilà l’égoïsme et l’intérêt. Grandeur du travail dans l’ardeur, la justice.

3. Sainteté du travail.

Que d’espèces de travaux! Mais tous ont leur vertu s’ils sont basés sur l’amour de Dieu et du prochain.

Notes et post-scriptum
1. "Mon Père agit jusqu'à présent et moi aussi j'agis." (Ioan. v, 17.) -Jésus répondait ainsi aux Juifs qui lui reprochaient de violer le sabbat. Il leur donne l'exemple du Père qui ne cesse d'agir pour conserver et gouverner le monde créé par lui, et, ayant les mêmes droits que le Père, le Fils travaille aussi sans relâche.