OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS DU SAMEDI|PREMIERE SERIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS DU SAMEDI|PREMIERE SERIE
  • INSTRUCTIONS SUR LA SAINTE VIERGE
    XII
    MARIE ET LES APOTRES
  • Les Instructions du Samedi. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1932, p. 59-64.
  • CO 102
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 APOTRES
    1 AUMONE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 JEUNESSE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 VERTUS DE L'APOTRE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 JEAN, SAINT
    2 PIERRE D'ALCANTARA, SAINT
    3 ALLEMAGNE
    3 CANA
  • Collégiens de Nîmes
  • 1876
  • Nîmes
La lettre

Marie avait des liens de parenté avec plusieurs des apôtres. Marie avait eu plusieurs fois des relations avec eux, aux noces de Cana par exemple. Elle passa avec eux dix jours au Cénacle, de l’Ascension à la Pentecôte. Mais l’éloignement de Jésus resserrait les liens mutuels: de la part de Marie, qui voyait dans les apôtres les propagateurs du nom de son Fils et les continuateurs de son oeuvre; de la part des apôtres qui voyaient en Marie la Mère de Jésus. Examinons ce que Marie, à ce point de vue, est prête à faire pour nous et ce que nous devons faire pour Marie.

I. Ce que Marie veut faire pour nous.

Nous aider à être les vrais disciples de Jésus. -Qui pourrait en douter? Est-ce que Marie ne désire pas voir s’accomplir l’oeuvre à laquelle son Fils est venu travailler ici-bas? Elle souhaite donc que tous les hommes soient les vrais disciples de son Fils et conséquemment elle voudrait, comme à l’époque évangélique de Notre-Seigneur sur la terre, voir disparaître la grossièreté des chrétiens qui fit tant souffrir Jésus-Christ personnellement, pour faire place à ces rapports intelligents, délicats, élevés, surnaturels, tels que Jésus-Christ veut les établir avec ceux qu’il a rachetés de son propre sang. Marie désire aider Jésus à acquérir de vrais disciples, et la chaste Epouse du Saint-Esprit sollicite l’amour divin de répandre sur les fidèles le don des vertus par lesquelles ils deviendront de vrais disciples de Jésus.

Elle veut nous aider à devenir de vrais apôtres. -Et ici je déplore un des maux des temps présents, c’est la nullité d’action de la masse des chrétiens en face de la propagande révolutionnaire. Il importe de semer le zèle des apôtres chez tous les disciples de Jésus-Christ, il importe de leur montrer leur devoir, et, si vous voulez toute ma pensée, je vous dirai que Dieu semble ouvrir de nouveaux horizons aux jeunes gens. Il y a quarante-cinq ans, lorsque furent fondées les Conférences de Saint-Vincent de Paul, on s’occupa de faire le bien par la charité. Cette oeuvre doit continuer. Toutefois, lorsque saint Jean envoya deux de ses disciples demander à Notre-Seigneur: Tu es qui venturus es(1)? Notre-Seigneur ne répondit pas: « Pauperes vestiuntur, nutriuntur, les pauvres sont vêtus, sont nourris », mais: « Pauperes evangelizantur, les pauvres sont évangélisés. » Il faut évangéliser les peuples, il faut faire des oeuvres de propagande catholique, et c’est le travail des jeunes chrétiens de nos jours, Marie les y encourage.

Mais ce qu’elle voudrait surtout, ce serait non seulement des jeunes gens ardents pour la propagation de la vérité, elle voudrait encore des hommes prêts à se donner dans l’apostolat. Ce qui nous manque ce sont des apôtres. On a de bons prêtres, on n’a pas assez d’hommes apostoliques. Nous avons des maires, des adjoints, magistrature admirable, mais pour faire la guerre il faut autre chose que des Conseils municipaux, il faut des soldats, des régiments, il faut des armes et non pas des délibérations, il faut des canons et non pas des discours et des procès-verbaux. Marie appelle des apôtres, mais ce qui empêche souvent qu’on ne l’écoute, c’est qu’elle commence par dire: Ego flos campi et lilium convallium(2), et elle ne trouve ni le parfum de la fleur des champs ni la pureté du lis des vallées.

II. Ce que nous devons faire pour Marie.

Nous devons être des hommes apostoliques, en nous consacrant, dans quelque situation que la Providence nous ait placés, à la gloire de son Fils. Il est inutile de se le dissimuler, la guerre est entre la Révolution et l’Eglise. L’Eglise a eu d’autres ennemis: elle a eu les empereurs païens, elle a eu les hérétiques et surtout les ariens, elle a eu le mahométisme, elle a eu les empereurs d’Allemagne, puis la Réforme, puis la philosophie. Elle a vaincu tout cela. Aujourd’hui, elle a affaire à la Révolution. Or, remarquez-le, les révolutionnaires, qui sont les apôtres du diable, sont propriétaires, négociants, avocats, médecins, épiciers, cordonniers, en attendant qu’ils soient députés ou préfets. Parce qu’ils ont un état, ils ne se croient pas dispensés de faire de la propagande révolutionnaire, d’être francs-maçons, internationaux, n’importe quoi, mais quelque chose dans cette grande armée du mal et du mensonge qui lutte contre l’armée du bien et de la vérité. De même vous autres, on ne vous demande pas de renoncer tous à vos carrières dont vous aurez besoin pour vivre, mais on vous demande d’être des hommes de foi et de zèle, acceptant, en dehors de votre action humaine, de donner quelques heures de votre journée à l’action chrétienne, à la propagande catholique, aux oeuvres de lutte contre la révolution, par exemple aux Sociétés de jeunesse; en un mot à tout ce qui peut faire connaître le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Comptez à cet égard sur le coeur de Marie et ne craignez pas de lui dire: Regina Apostolorum, ora pro nobis(3), car, en travaillant pour son Fils, vous aurez travaillé pour elle.

Nous devons nous donner complètement si Dieu nous appelle.

Maintenant, que si, parmi vous, il en est que la Sainte Vierge pousse à la vie complète des apôtres, écoutez bien ce que j’ai à vous dire.

Donnez-vous, mais sans partage. Saint Pierre d’Alcantara demandait aux jeunes gens qui voulaient se faire prêtres si le Saint-Esprit ne leur était pas apparu sous la forme d’un petit pain blanc. Malheur au jeune homme qui se ferait prêtre dans un pareil but. Malheur au jeune homme qui se ferait prêtre comme un pis aller.

La veille de sa mort, Jésus-Christ disait à ses apôtres: Absque synagogis facient vos; sed venit hora ut omnis qui interficit vos, arbitretur obsequium se praestare Deo(4). Et un instant après: In mundo pressuram habebitis; sed confidite, ego vici mundum(5).

Telle est votre condition si vous vous croyez appelés. Je sais bien que cette perspective n’est pas agréable. Elle fut celle que Jésus-Christ offrit à ses Apôtres. Et les vrais disciples en sont là. Ennuis, dégoûts, calomnies, voilà ce que le monde vous réserve: In mundo pressuram habebitis; des expulsions, absque synagogis facient vos; la mort même; mais ayez confiance, Jésus-Christ a vaincu: Confidite, ego vici mundum.

Si vous êtes les vrais fils de Marie, la Mère du Sauveur sera là pour vous soutenir et vous aider à être plus forts que le monde; elle sera au ciel pour vous y présenter à Jésus et vous y couronner.

Notes et post-scriptum
1. "Etes-vous celui qui doit venir?" (Matth. XI, 3.) -Jésus répondit: Rapportez à Jean ce que vous avez vu (mes miracles) et ce que vous avez entendu dire de mon ministère, et il conclut: "*Pauperes evangelizantur*, les pauvres sont évangélisés." Sans exclure l'aumône donnée aux pauvres, dont il fait l'éloge ailleurs, Jésus donne ici l'évangélisation des pauvres comme la caractéristique de l'avènement du Christ. Belle occasion pour le Père d'exciter ses élèves à l'apostolat.2. "Je suis la fleur des champs et le lis des vallées." (Cant. II, 1.)
3. "Reine des apôtres, priez pour nous." (Invocation des litanies de la Sainte Vierge.)
4. "Ils vous chasseront des synagogues, et l'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu." (Ioan. XVI, 2.)
5. "Dans le monde vous aurez des tribulations; mais ayez confiance j'ai vaincu le monde." (Ibid., 33.)