OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L’ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.
  • TRENTIEME CONFERENCE DONNEE LE 18 DECEMBRE 1870.
    SUR LA FOI
  • DA 45; CN 5; CV 33.
Informations détaillées
  • 1 ANGLAIS
    1 AUGUSTIN
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 AUTORITE DIVINE
    1 DIEU
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 EGLISE
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 FOI
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LIBRE PENSEE
    1 MAGISTERE
    1 MAITRES CHRETIENS
    1 ROI DIVIN
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VERITE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    2 DU FORTAL
    2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
    2 MICARA, LODOVICO
    2 PAUL, SAINT
    2 RENAN, ERNEST
    2 THERESE, SAINTE
  • Religieuses de l'Assomption
  • 18 décembre 1870
  • Nîmes
La lettre

Plan de l’auteur

Jésus-Christ, roi des âmes, les gouverne par trois grandes lois. Il règle leur intelligence, leurs désirs, leur volonté, par la foi, l’espérance, la charité.

Aujourd’hui parlons de la foi: 1° en elle-même; 2° dans ses effets.

Et d’abord en elle-même. Pour expliquer les principes de la foi, il faut établir:

1° Que la foi est un acte par lequel l’âme adhère à une vérité supérieure à l’intelligence. Donc il faut que cette vérité lui soit communiquée. La foi matérielle. -La foi formelle, informe, formée.

2° Que l’objet de la foi est la vérité première, Dieu;

3° Que la base de la foi est une autorité supérieure à l’homme, mais conforme à sa nature;

4° Que cette autorité doit être infaillible;

5° Que cette autorité est possible -elle se voit en toute chose humaine- surtout si elle vient de Dieu;

6° Que cette autorité est nécessaire, étant donné le plan divin;

7° Que cette autorité subsiste: l’Eglise qui subsiste comme un fait en rend témoignage et est cette autorité.

Voilà pourquoi Verbum caro factum est.

Texte sténographié

Mes Soeurs, J.C. est le roi des âmes, et en tant que roi, il gouverne son empire par des lois qui lui sont propres. Or je considère 3 grandes lois par lesquelles N.S. régit l’intelligence, les désires et la volonté de l’homme, et ces trois lois ce sont les vertus théologales de Foi, d’Espérance et de Charité. Vous comprenez comment l’intelligence est dégagée par la Foi, comment les désirs sont réglés par l’espérance et la volonté sanctifiée, épurée par l’amour divin. Nous parlerons aujourd’hui de la Foi et nous poserons dans ce premier entretien quelques principes sur la Foi considérée en elle-même. Demain, nous l’étudierons dans ses effets.

Mes Soeurs, disons ici qu’il est nécessaire de venir de temps en temps aux principes; ceux que je vais poser peuvent être appliqués aux simples chrétiens, malgré cela, il est bon de revenir aux principes faits pour tous, sauf à chercher à en tirer des conséquences particulières. Malheureusement, de nos jours, les principes élémentaires de la foi sont oubliés; vous avez mission de faire prédominer l’esprit de foi vis-à-vis des idées humaines; il faut donc établir sur quelles bases repose notre esprit de foi. Pour cela nous examinerons rapidement quelques propositions fondamentales sur lesquelles nous édifierons tout le reste.

1° -La foi est un acte par lequel l’âme adhère à une vérité supérieure à son intelligence. La foi nous est accordée par Dieu, c’est Dieu qui la donne, mais d’autre part elle est une adhésion et il faut nécessairement que nous fassions un acte de soumission, un acte de dépendance. La foi, considérée au point de vue de notre concours à la grâce est un acte d’obéissance de notre intelligence. St Paul a dit que J.C. est venu pour affranchir toute intelligence. Oui, mais la vérité ne nous affranchit qu’après avoir commencé par nous rendre esclaves.

Je répète ma première proposition: La foi est donc l’acte par lequel l’âme adhère à une vérité supérieure à l’intelligence. Il faut que cette vérité nous soit communiquée, de nous-même nous ne la trouverions pas. C’est la grande question de la foi, et de même que les Anglais ont ce mot être ou non être, tout se réduit à ceci croire ou ne pas croire. Tenez, à mes yeux, le protestantisme est mort. La logique a conduit le protestantisme au rationalisme, le rationalisme conduit le protestantisme à la libre-pensée, et la libre pensée se formule par ces paroles d’un solidaire, prononcées ces jours derniers sur la tombe d’un incrédule »: « Nous rendons à la terre incréée mère de l’éternelle humanité le corps inanimé d’un intrépide champion de la pensée libre et du drapeau républicain. » (Disc, de Mr du Fortal, préf. de Toulouse, le 15 févr. 70) Cette proposition peut être considérée comme l’expression de la pensée moderne, de l’impiété rationaliste. Vous voyez, mes Soeurs, que lorsque l’esprit humain peut arriver à ce terme là, la grosse question du moment est celle-ci croire ou ne pas croire. Nous trouvons la libre-pensée qui dit: je ne croirai pas, en face de la vérité éternelle qui s’affirme. Il faut donc établir que la foi ne repose pas en nous, qu’elle a pour objet une vérité infinie en tant qu’elle est la substance même de Dieu et que ne pouvant, par les forces de notre intelligence, nous élever jusqu’à elle, elle doit nous être communiquée et elle devient une vertu par l’acte d’adhésion de notre âme.

2° -Quel est l’objet de notre foi? C’est la vérité première, c’est Dieu lui-même. St Paul a dit: « Credere enim oportet accedentem ad Deum quia est, et inquirentibus se remunerator sit (Hebr. XI 6). Quiconque veut s’approcher de Dieu, il faut qu’il croie que Dieu est et qu’il est le rénumérateur de celui qui le recherche. Sur quoi St Thomas fait observer que la Vérité première est le terme de notre foi. Notre âme poussée par le désir du bonheur cherche le bien suprême, or le bien suprême c’est la connaissance de Dieu. « Haec est autem vita aeterna: Ut cognoscant Te, solum Deum verum, et quem misisti Jesum Christum. » (Joan, XVII 3). Dans cette double proposition de St Paul qui se réduit à une seule, voilà premièrement l’unité de Dieu, l’essence, les attributs, les perfections, la trinité de Dieu quia est, et dans la seconde partie, remunerator sit, voilà non seulement Dieu pour lui-même, mais aussi pour nous; et cela étant, il faut que nous croyions d’une manière générale, implicite, aux relations que nous avons avec Dieu. Dieu est donc la vérité première, l’objet de notre foi; j’ajoute que nous sommes alors obligés de croire tous les articles de foi tels qu’ils nous sont proposés, et que du moment où on cesse d’en croire un seul, on perd la foi. 12 Vérités me sont proposées; je consens à en accepter 11; je refuse de croire à la douzième, j’ai perdu la foi. Pourquoi? Ici il faut faire la distinction établie par les théologiens. La foi peut être considérée à 2 points de vue: la foi matérielle et la foi formelle; la première embrasse l’ensemble des choses qu’il faut croire; la seconde les motifs pour lesquels nous les croyons. Or ces motifs se réduisent à un: la parole de Dieu. Mon Dieu, je crois fermement tout ce que Vous avez révélé à votre Eglise; je n’examine pas tel ou tel article du moment que Vous avez parlé, je crois tout. Credo in Ecclesiam unam, sanctam, catholicam et apostolicam.

Prenons par exemple la question de l’infaillibilité. Tout se résume à ceci: Dieu a-t-il parlé ou n’a-t-il pas parlé? Voilà la discussion entre les Gallicans et les Ultramontains. Tant que l’Eglise n’a pas décidé, que Dieu n’a pas parlé par sa voix, les 2 partis sont catholiques; mais du moment que l’Eglise a parlé, Credo in Ecclesiam; peu importe la question. Ou vous avez la foi formelle ou vous ne l’avez pas. Si vous l’avez il faut croire, il faut vous soumettre. Si je ne sais pas bien ce qu’enseigne l’Eglise, je puis errer, je ne suis pas pour cela hérétique. St. Augustin a dit: « Errari possum, hereticum non possum. » Si je sais au contraire que l’Eglise a parlé et que ne me soumette pas, j’ai perdu la foi. Il y a la foi formelle et la foi matérielle. Une personne très bonne catholique et ayant la foi formelle peut néanmoins se tromper. C’est là une consolation pour les personnes pieuses, de volonté droite et bonne, et qui n’ont pas le bonnet de docteur en théologie. Au contraire supposez une personne instruite, pleine de sa science vraie ou supposée; avec sa puissance de logique et de métaphysique elle dit: je ne comprends pas. C’est autre chose; elle met son intelligence en face de l’autorité de l’Eglise, si minime que soit cette parcelle de l’enseignement de l’Eglise qu’elle dérobe à la soumission de sa foi, elle perd la foi si elle ne se soumet pas.

Il était nécessaire de vous exposer ces règles de la foi pour vous montrer le crime moderne des esprits et vous donner la réponse à leur objection. Entre ceux qui croient véritablement et ceux qui nient formellement, en dehors des protestants et des libres penseurs, il y a une foule de gens qui disent: je crois l’Eglise, mais dans l’Eglise que de choses qu’ils ne croyent pas. (Histoire du soldat qui ne croit pas au diable). Il y a des gens très catholiques qui n’admettent pas telle chose de l’enseignement de l’Eglise; Pourtant il faut admettre tout ou rien. Une religieuse de l’Assomption doit lutter contre l’erreur de ces pauvres esprits prudents et sensés qui ont peur d’aller trop loin, de dépasser les bornes de leur intelligence. Elle doit faire tous ses efforts pour faire accepter l’enseignement complet de l’Eglise. Mes Soeurs, je continue de vous parler sur ce sujet au nom de St Thomas dont je vous explique la doctrine. Il dit qu’un homme quelque instruit qu’il soit, du moment qu’il sacrifie une seule des vérités de la foi, perd la foi. Il conserve la foi matérielle parce qu’il croit certains articles; mais la foi formelle, la vertu de foi, il ne l’a plus.

3° -La base de notre foi doit être une autorité supérieure à l’homme et en même temps conforme à sa nature. Si elle n’est pas supérieure à l’homme comment l’aidera-t-elle à s’élever au-dessus de lui-même? Lavavit super se. Il faut être soutenu et pour cela il faut une puissance supérieure, une autorité suprême, divine. Mais il est nécessaire aussi que cette autorité soit conforme à la nature de l’homme et qu’il y ait possibilité de communiquer avec elle. Il est nécessaire que cette nature supérieure s’adapte à ma nature supérieure. Voyez ici la nécessité de l’incarnation. Si Dieu se communique à moi par son verbe, est-ce que j’y comprendrai quelque chose? Mais voici l’admirable économie de Dieu qui dispose les choses pour les mettre a la portée des âmes et qui prend une nature inférieure, de sorte qu’elles puissent recevoir la vérité d’une façon convenable, harmonique à leur nature.

4° -Cette autorité supérieure et conforme à ma nature doit être infaillible. Car si elle ne l’est pas, nous n’avons pas besoin de nous soumettre. Si nous avons l’honneur d’être en communication avec une autorité supérieure, si l’Eglise, le Pape sont infaillibles, c’est que cette infaillibilité vient de Dieu. Il la communique à la partie supérieure de l’humanité. Il y a là une source éternelle de reconnaissance pour nous, si nous ne le sentons pas, c’est que nous ne comprenons pas le don que Dieu a fait à notre pauvre humanité. Voyez jusqu’où l’on va dans l’abîme des erreurs, ces épouvantables exagérations de l’esprit humain livré à lui-même que je vous citais tout à l’heure. Devant ces principes de la matière incréée, de la négation de l’âme de l’éternité, où sont les lois de la morale, de la sainteté, non pas de la sainteté comme vous pouvez la comprendre, mais telle qu’un libre penseur même peut se la figurer. Où est la notion du devoir? dans le sabre du gendarme, le fouet du garde chiourne, la bagne! Il n’y a rien au delà si vous commencez par nier une autorité supérieure infaillible qui gouverne les intelligences et par suite régit les volontés. Mes soeurs, il résulte de là pour vous, comme éducatrices, une obligation de faire sentir aux jeunes personnes la nécessité d’une autorité, le bonheur qu’il y a de pouvoir dissiper les ténèbres de notre ignorance à la lueur de ces divines clarté et de nous affermir contre cette triste puissance d’errer que nous avons tous en nous reposant sur le roc de l’infaillibilité de l’autorité par laquelle la vérité nous est enseignée. C’est un monde nouveau. Je ne parle pas ici encore de l’esprit de foi, mais de la vertu de foi base de l’esprit de foi. Revenons donc sur ce mot de Ste Thérèse: « Je meurs fille de l’Eglise catholique. »

Nous ne savons pas assez ce que c’est que ce bien de la foi qui transforme notre intelligence par la vérité et une vérité infaillible. Si elle n’était pas infaillible, que de doutes, que d’angoisses! Peut-être c’est vrai, peut-être non. C’est beau, c’est magnifique; mon intelligence et mon amour à la suite de mon intelligence se précipitent vers ces beautés, mais…peut-être n’est ce pas vrai! Pour vous enfants de l’Eglise catholique, filles de l’Assomption, vous êtes obligées de remercier Dieu non seulement de ce que votre vie religieuse repose sur ce fondement de foi, mais encore de ce que comme éducatrices, vous avez l’honneur d’être des échos de la vérité infaillible. La parole du prédicateur, du prêtre qui s’occupe de vos enfants, elle passe, elle n’a qu’un instant pour faire retentir l’enseignement de la vérité; votre parole reste comme l’écho de la vérité de Dieu pendant les quelques années où ces jeunes intelligences vous sont confiées. Concluons donc à l’obligation de rendre grâce pour un tel bienfait, mais aussi à l’obligation de ne donner que la doctrine de l’Eglise, et les vérités qu’enseigne l’Eglise, de vous poser avec dignité et majesté quand vous donnez les vérités infaillibles, immuables; pour ainsi dire mes Soeurs, vos lèvres s’empourprent du rejaillissement des splendeurs de cette éternelle vérité si vous savez vous montrez dignes de votre vocation.

Mes Soeurs, je ne crains pas de le dire, c’est un crime pour des religieuses de ne pas comprendre que la faiblesse, l’impuissance de leur enseignement est une des causes de l’affaiblissement de la foi dans les sociétés. « Sanguinem enim animarum vestrarum requiram » (Gen IX, 5). On vous demandera ce sang des âmes si vous ne vous êtes pas appliquées à communiquer la foi dans toute sa grandeur, sa puissance, sa majesté divine. Nous avons été perdus par beaucoup de cause; mais certainement les couvents ou on fait des dévotes et non pas des chrétiennes pleines de foi y sont pour quelque chose. La dévotion certes, c’est une bonne chose, mais « Haec est victoria quae vincit mundum fides nostra » (I Joan. V, 4-5), et c’est la foi. On me parlait l’autre jour d’un ouvrage de Mgr….: La Vie de N.S.J.C. eh bien toute l’introduction repose sur une question de sentiment. Mes Soeurs, l’intention peut être bonne; peut- être croit on utile d’employer ces moyens pour gagner des coeurs de femmes; toujours est il que faire reposer la dévotion à N.S. sur une question de sentiment c’est tout simplement abominable. Le sentiment vient ensuite, mais ce qui précède, c’est la foi; c’est dans l’ordre de la foi que nous devons nous établir, et si nous allons par le sentiment sous prétexte que c’est ainsi que Madeleine allait à J.C., c’est la voie prise par M. Renan quand il veut montrer que de ces imaginations plus ou moins féminines et sentimentales est sorti le Christianisme. C’est abominable.

Je maintiens donc mon texte: « Haec est victoria… » Il faut bâtir sur la foi; vous êtes obligées dans vos luttes contre le monde de vous fortifier dans la notion de la foi avec les moyens que l’Eglise nous fournit, soit par les Conciles, les Papes et la tradition qui ne trompe pas quand on la comprend bien.

5° -Cette autorité supérieure infaillible doit encore être possible. Car si elle n’est pas possible, elle cesse d’être obligatoire. Personne n’a jamais vu Dieu? objecterez vous. A quoi je réponds: « Unigenitus filius qui est in sinu Patris ipse enarravit » (Joan I, 18). Voilà la possibilité de connaître. Et il dit encore dans le Ps. 93 v 9: « Qui plantavit aurem non audiet? aut qui fixit oculum non considerat« . Comment celui qui a fait l’ouïe n’entendrait pas, celui qui a fait nos yeux ne nous verrait pas? Donc il peut aussi nous parler, donc, cette autorité est possible. Mais quel rapport y a-t-il entre le fini et l’infini? Il faut trouver un point commun dans lequel ces deux natures si éloignées puissent se rencontrer. Or Dieu est intelligence. L’homme par un côté de sa nature, par son âme est intelligent; il ne peut pas s’élever jusqu’à Dieu, mais si Dieu s’abaisse, il pourra toucher sa créature. Cette bonté infinie de Dieu, mes Soeurs, devrait être le continuel sujet de notre reconnaissance; et je crois que beaucoup de religieuses feraient mieux leur méditation si elles pensaient à adorer Dieu s’abaissant vers elles.

6° Cette autorité est nécessaire. Mes Soeurs, si cette autorité est possible, elle est nécessaire, non pas d’une nécessité absolue, mais étant donné le plan de la création! Dieu aurait pu certainement nous traiter comme les enfants morts sans baptême. C’est l’opinion de quelques théologiens que ces enfants connaissent Dieu dans l’ordre naturel et ils en sont séparés; il y a la une certaine souffrance parce qu’il faut qu’ils portent la peine du péché; mais malgré cela leur état n’est pas privé d’une certaine jouissance. Les damnés au contraire qui ont une pleine connaissance de Dieu y trouvent leur supplice, et pour la même raison il est à croire que les païens souffrent moins dans l’enfer que les chrétiens baptisés. Dieu aurait donc pu créer l’homme dans cet état et ne pas l’admettre dans l’ordre surnaturel. Mais étant donné le plan divin, l’homme étant instruit dans l’ordre de la foi, il fallait que nous reçussions les illuminations supérieures de la vérité éternelle. Du moment que Dieu veut nous sauver par sa grâce base de l’ordre surnaturel, la lumière, la puissance, le bonheur, c’est Dieu. Donc il faut aller à Dieu. St Paul dit: « In ipso enim vivimus et movemur et sumus » (Act. XVII, 28). Nous sommes comme investis de Dieu. Mais nous ne pouvons aller à lui que par la foi. « Videmus enim sicuti est » (I Joan. III, 2). Mais si cette autorité est nécessaire, il faut développer notre foi soit en priant, en agissant ou en étudiant. Demandons l’accroissement de notre foi. Et le père du démoniaque de l’évangile disait: « Credo Domine sed adjuva incredulitatem meam. » Je crois mais aidez la faiblesse de ma foi. Il y a la foi qui commence selon une parole de St Augustin déjà citée: « Inchoationes quaedam fidei« ; et comme les théologiens l’enseignent, au baptême l’enfant reçoit une foi informe qui se développe peu à peu; à mesure que l’intelligence grandit, la foi se forme. Nous ne sommes pas assez préoccupés de la nécessité de la foi; si nous la croyions plus nécessaire, nous travaillerions à l’acquérir et a la répandre. Le Cardinal Micara disait que nous n’avions plus de thaumaturges; c’est un cercle vicieux, nous n’avons plus de ces hommes qui fortifient la foi des populations parce que la foi s’en va. Si le Fils de l’Homme venait sur la terre, croyez-vous qu’il trouvât la foi? Vous êtes donc dans l’obligation de répandre la foi, de l’inculquer dans votre enseignement, d’être tout bonnement des filles de miracles; il faut que vous soyez les thaumaturges de votre temps. Je ne vous demande pas de ressusciter des morts, mais la prédication de la vérité; cette certitude, cette solidité de votre foi peut ressusciter des âmes, peut donner la vie et le mouvement à ces petites paralytiques morales, peut ouvrir des yeux depuis longtemps fermés à toute lumière divine. Voilà l’oeuvre de votre foi et sa nécessité pour vous et pour les autres.

7° -Cette autorité subsiste; elle subsiste dans l’Eglise qui communique la foi. Je m’arrête ici mes chères filles pour vous faire voir combien nous devons aimer l’Eglise qui nous donne la foi, la grâce qui est le moyen par lequel Dieu nous fait arriver à l’objet de notre foi, la vérité première. C’est à travers l’Eglise que nous voyons Dieu; c’est par l’Eglise que nous recevons la vérité qui découle de Dieu. Nous ne savons pas apprécier la vérité, ce grand bien descendu du ciel par l’Eglise; c’est dans les transports de notre coeur que nous devrions l’accueillir.

Mes Soeurs, je vous en supplie, à ce point de vue de la foi, ayez pour l’Eglise l’obéissance la plus absolue; je ne vous parle pas ici d’aimer l’Eglise; je m’en tiens à ce devoir impérieux dans le temps présent, imposé à toute religieuse et à vous en particulier, l’obéissance à l’Eglise. Votre oeuvre est là, l’oeuvre de l’illumination des intelligences par la foi; vous commencez par renouveler vos âmes et vos intelligences dans la clarté de la vérité et dans une dépendance absolue de l’enseignement divin; puis comme la foi est féconde, vous allez à votre tour la porter chez les autres âmes, les autres intelligences pour les captiver sous le joug de la vérité. Le plus beau des devoirs, mes Soeurs, mais aussi le plus terrible! Je ne dis pas que vous soyez responsable de toutes les âmes qui vous sont confiées. N.S. ne l’a pas été. C’est votre grande douleur, mes Soeurs de voir des âmes dont vous êtes chargées s’éloigner de Dieu; cependant dans une certaine mesure, vous n’en répondez pas. Mais que votre mission soit de développer la foi, de répandre la vérité, d’être les instruments intelligents de l’Eglise par la propagation de la foi. C’est évident, mes Soeurs, et puisque vous avez l’honneur de prêcher la foi, il faut que vous la prêchiez encore plus par vos actions que par vos paroles. Je termine sur ce texte: « Et verbum caro factum est » (Joan. I, 4). Qu’est ce que le Verbe? la parole de Dieu. Le verbe s’est fait chair pour se proportionner à notre faiblesse. Et vous, mes Soeurs, vous devez incarner la vérité en vous. Il y a plusieurs incarnations de J.C. -en dehors de celles que le prêtre accomplit dans l’hostie il y a une incarnation de la vérité dans votre âme et si vous n’avez pas puissance comme le prêtre à l’autel sur le corps de J.C. vous avez puissance sur la partie divine spirituelle de J.C. par la prédication de la vérité. Que J.C. vérité éternelle vienne s’incarner dans votre intelligence, vous voilà vraiment prêtres, appartenant au sacerdoce royal. « Genus electum regale sacerdotium gens sancta » I Petri II, 9). Voilà le sens dans lequel St Pierre attribue un sacerdoce même aux simples fidèles. Soyez prêtres, soyez apôtres, soyez missionaires; vous prenez J.C. et vous le montrez par la transmission de la vérité; de façon que le Verbe se faisant chair sur vos lèvres descend dans ces jeunes intelligences. Et vous verrez alors mes Soeurs, s’il y a une plus belle mission sur la terre. Pour moi, je le déclare, je n’en connais point.

Marchez donc dans cette mission, élevez vous à la hauteur de l’oeuvre qui vous est confiée, soyez avant toute chose les agents de la foi, les prêtres, les apôtres de la foi.

Ainsi-soit-il.

Notes et post-scriptum