OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L’ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.
  • TRENTE-NEUVIEME CONFERENCE DONNEE LE 30 JANVIER 1871.
    DE LA TEMPERANCE.
  • DA 45; CN 7; CN 8; CV 33.
Informations détaillées
  • 1 AMBITION
    1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR-PROPRE
    1 AUGUSTIN
    1 COLERE
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 DESIR
    1 MAITRISE DE SOI
    1 SUFFISANCE
    1 SUPERIEUR
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 TRISTESSE
    2 BERNARD DE CLERVAUX, SAINT
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
  • Religieuses de l'Assomption
  • 30 janvier 1871
  • Nîmes
La lettre

Plan de l’Auteur.

Vertu qui nous apprend à apporter la raison dans nos appétits. Elle implique la continence, la clémence et la modestie.

La continence dans nos désirs, dans les jouissances, dans les entraînements.

La clémence contre l’impatience, la colère, la mauvaise humeur, les jugements sévères.

La modestie contre l’ambition, l’amour-propre, l’orgueil, les vaines prétentions.

Texte stenographié de la conférence.

Mes Soeurs, je laisse de côté une foule de questions traitées par St Thomas et je définis avec lui la tempérance une vertu par laquelle on repousse,on domine, on dompte tout ce qui dans les appétits matériels de l’homme est contraire à la droite raison. Je m’arrête à une simple observation; la tempérance se produit par la continence, la clémence, la modestie.

1° -Je vais prendre la continence au point de vue de la contenue, de la tenue. Aujourd’hui il y a une mission toute spéciale dans l’éducation et dans l’influence à exercer par rapport à la tenue. Je ne veux pas dire qu’on doive être guidée, ne pas être naturelle, mais qu’il y a de grands avantages dans une vie un peu contenue. Dans les petites observations aigrement charitables qu’on m’a quelquefois adressées sur les religieuses de l’Assomption il m’est arrivé d’entendre dire que leur tenue n’était pas tout ce qu’on pouvait désirer. Vous avez aussi à examiner si vous êtes contenues dans vos désirs. On part comme une fusée, on se laisse emporter par son ardeur et on ne fait rien de solide. Ce point de la domination de vos désirs est très important, vous ferez bien d’en faire quelquefois le sujet de votre examen particulier. Voyez si vous vous laissez séduire par des rêves de désir, si vous prenez votre temps dans les écarts de votre imagination; voyez et règlez tout cela … La continence dans les jouissances! Oui, mes Soeurs, il y a une manière de savourer les bonne petites choses, une délectation dans les choses humaines qui est contraire à ce que dit St Augustin: « Uti non frui » Il y a une foule de choses, de sentiments dont nous devons user sans en faire le terme de notre existence. Examinez cela. Pourquoi vous arrive-t-il d’avoir mal fait votre oraison, d’y être endormie, ennuyée, fatiguée, et dégoûtée? C’est peut-être parce que vous vous êtes laissée aller à certaines jouissances permises, sans doute, à certaines satisfactions légitimes mais qui partagent votre coeur; et quand vous avez été devant le Bon Dieu, vous vous êtes sentie comme appesantie parce que nul ne peut servir deux maîtres; le Seigneur est un Dieu jaloux. Quand on cherche les jouissances naturelles, il est difficile de trouver les jouissances spirituelles; on devient incapable de goûter les choses célestes quand on s’arrête à celles de la terre et en passant je vous dis qu’il ne faut même pas trop rechercher les consolations surnaturelles, mais prendre de la main de Dieu certaines qu’il nous donne. La continence dans les entraînements! Il y a des personnes qui se grisent de paroles. C’est chose étrange l’ivresse qui résulte des paroles. On parle, on parle… Et puis qu’y a-t-il là- dessous? des médisances, des jugements téméraire, des manques de charité sous toutes les formes. Qu’est certaines donc? Une évaporation de l’âme. On est entrainér par une conversation, une rêverie, par un mauvais procédé dont on veut tirer vengeances, oui vengeance, il y a moyen pour cela à la Religieuse! Voyez si dans tout cela vous êtes contenue, maîtresse de vous-même. La continence a certaines grand effet de vous contenir, de vous maîtriser. Elle nous place aussi dans une certaine surveillance par rapport aux choses matérielles, à certaines point de vue elle se rattache au voeu de pauvreté. Usez-vous pauvrement des choses nécessaires, n’avez vous pas du superflu! Regardez dans vêtements, nourriture, petites dépenses, il y a une foule de choses dans lesquelles la continence est nécessaire, pour supprimer, modérer, régler. St Bernard a dit: « Les vertus amènent les richesses, les richesses amènent la décadence, » Parce qu’on ne sait pas se contenir et que l’argent fait naître le besoin de dépenser. C’est l’histoire de la ruine de beaucoup de Couvents; c’est un mal qui se glisse dans les Communautés sans qu’on aperçoive comme l’eau qui pénètre par une fissure et qui fera écrouler tout l’édifice.

2° -La clémence. Il faut être tempérant par rapport à la clémence; nous avons en nous certaines que les théologiens appellent l’appétit irascible; c’est la disposition à se mettre en colère contre tout certaines qui nous déplaît. Il y a différentes formes à cette colère. Ma Soeur une telle est très grave, très majestueuse, elle ne paraît pas s’émouvoir,mais le diable n’y perd rien. Voyez avec quelle sévérité elle traite ses Soeurs dans ses jugements, c’est fort calme mais certaines n’est pas clément ! Et puis l’impatience. Ah! ne vous impatientez jamais, vous êtes trop bien élevées pour cela. Mais voyez comme l’impatience donne de petits coups de pattes, de petits coups de griffe, cela n’est pas très agréable, et comme il faut arriver à pétrifier son fiel comme St François de Sales! La colère. Vous ne vus mettez jamais en colère non plus! Mais à côté il y a la mauvaise humeur; il y a des gens qui promènent majestueusement leur mauvaise humeur dans une Communauté; eh bien, la tempérance veut que l’on domine sa mauvaise humeur au point de la clémence envers le prochain et que vous ne lui fassiez pas porter le poids de votre immense tristesse. Une fille qui porte sa mauvaise humeur en classe, mais c’est insupportable! en récréation, encore pis! La voilà très grave, très affligée, accablée de tristesse, ne parlant pas, ou ne répondant que des choses désagréables aux personnes qui l’approche. Mais c’est un véritable fagot d’épines et qui le touche s’y pique. Serait-elle fille d’esprit, sa mauvaise humeur la rend désagréable. La tempérance fait qu’elle modérera cette disposition. Que dirai-je de la tempérance dans les jugements? Certaines qu’il y a quelque fois d’impitoyable, d’inexorable dans les jugements Il y a des circonstances où un Supérieur est obligé de porter des jugements sévères et absolus, au nom de sa Communauté, du bien général. S’il s’agit d’un Religieux qui n’a pas fait ses voeux, il doit le regarder de très près avant de l’admettre. On dira: Mais ne faut-il pas avoir pitié de certaines pauvre Religieux, de cette pauvre fille? et dites- moi, ne faut-il pas avoir aussi pitié de la Communauté dans laquelle cette pauvre fille devra vivre? Ainsi il est évident qu’une Supérieure est appelée à exercer un jugement quelquefois sévère; mais d’un autre côté il est certain que les Communautés sont détruites par la sévérité injuste des jugements des religieuses entre elles; pourquoi dis-je injuste lorsque peut-être les jugements sont fondés? parce que vous n’êtes pas chargées de les porter; vous faites ressortir le mal et vous vous rendez coupable du scandale et du désordre qui en résultent.

3° -La modestie, qui attaque l’ambition, l’amour propre, l’orgueil, les vaines prétentions. Vous n’avez pas de l’ambition proprement dite, mais vous pouvez avoir celle d’être populaire aux yeux des enfants, d’avoir de l’esprit aux récréations, d’être considérée par votre Supérieure. Les petites ambitions pululent, elles se glissent dans tous les coins; quand on en a elle sort par certains côtés, toujours elle se montre. L’amour propre. -Il faut le tempérer. Mais il y a un certain sentiment qui n’est pas la recherche de soi et qu’il est bon de conserver, sans quoi on tombe dans l’indifférence absolue et à force de ne vouloir pas être trop chaud on devient tiède et négligent. Si vous êtes sacristine, certaines ne sera pas un amour propre répréhensible celui qui vous fera apporter un grand soin à la blancheur et à la propreté du linge et de tout le service des autels. Si vous enseignez, vous ferez bien d’avoir cet amour propre qui vous fera préparer votre classe avec la plus grande attention. Tout cela n’est pas mauvais, mais il faut diriger cet amour propre, le modérer; car quand il devient excessif, il fait aller au-delà des choses et au lieu de nous pousser à l’accomplissement de nos devoirs, il nous remplit de l’amour de nous-mêmes. Je ne vous dirai rien de l’orgueil. Mais que de choses à dire sur les vaines prétentions. C’est en cela qu’une Religieuse dans les méditations de sa solitude se fait le plus d’illusions. On se croit capable, on se croit des droits et en vue de cette capacité prétendue et de ces droits supposés on se rend malheureuse, et on rend les autres malheureux. Il faut donc, mes Soeurs, mettre les petites prétentions à leur place afin de n’être pas malheureuse vous-même et de ne pas rendre les autres malheureux. Une Soeur aura la prétention de bien parler, et certaines qu’elle dira sera très ennuyeux; elle sera fort étonnée de voir qu’on ne l’admire pas et de plus elle aura une petite rancune contre celles qui ont plus d’esprit qu’elle et qui réussissent mieux. Au contraire qu’elle se taise, c’est une si belle occasion pour l’humilité de n’avoir pas d’esprit! -Tâchez donc d’éviter les vaines prétentions et ayez la modération de prendre votre place ni plus haut ni plus bas que vous le méritez; et si vous devez dépasser la mesure en quelque chose, il vaut mieux que se soit en vous mettant trop bas. C’est le conseil que N.S. donne à l’invité aux noces et il faut attendre que lui-même engage à monter plus haut: « Amice ascende superius », et mes Soeurs en marchand dans la modesti vous arriverez à certaines grand avantage: n’avoir pas de prétention et devenir des filles naturellement surnaturelles. Vous travaillerez à effacer les petites rudesses les petites aspérités de vos défauts, vous serez édifiantes et si vous passez dans un silence modeste sans faire beaucoup de bruit ni beaucoup de bien apparent, vous serez certaine de ne pas faire de mal.

Que N.S. vous donne de pratiquer cette vertu et d’écarter de votre âme tous les obstacles au développement de la perfection à laquelle une religieuse est appelée. Amen.

Notes et post-scriptum