OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L’ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.
  • CINQUANTE-ET-UNIEME CONFERENCE DONNEE LE 13 MARS 1871,
    DE L'EDUCATION
  • Prêtre et Apôtre, XII, N° 139, septembre 1930, p. 229 à 232.
  • DA 46; CN 9.
Informations détaillées
  • 1 ANGES
    1 ANIMAUX
    1 APOTRES
    1 BON EXEMPLE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CLOITRE
    1 CONNAISSANCE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DEFAUTS
    1 DISTINCTION
    1 DIVIN MAITRE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 ECRITURE SAINTE
    1 ENFANTS
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 FAMILLE
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 FOI
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 HABIT RELIGIEUX
    1 IDEES DU MONDE
    1 IGNORANCE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
    1 JESUS
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MAITRES
    1 MAITRESSES
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 MORTIFICATION
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PATIENCE
    1 PECHEUR
    1 PENSIONNATS
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 PERSEVERANCE
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 PREDICATION
    1 PROVIDENCE
    1 RECITATION DE L'OFFICE DIVIN PAR LES RELIGIEUX
    1 REGULARITE
    1 RELIGIEUSES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESPECT HUMAIN
    1 REVELATION
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAINT-SACREMENT
    1 SAINTETE
    1 SAINTS
    1 SALUT DES AMES
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SOCIETE
    1 SOEURS CONVERSES
    1 TENUE RELIGIEUSE
    1 THEOLOGIE
    1 VERTUS
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIGILANCE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BOSSUET
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 FENELON
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JACQUES LE MAJEUR, SAINT
    2 JEAN, SAINT
    2 JESSE, BIBLE
    2 LONGIN, SAINT
    2 MOISE
    3 CAMBRAI
    3 MEAUX
  • Religieuses de l'Assomption
  • 13 mars 1871
  • Nîmes
La lettre

Plan de l’auteur.

Jésus, modèle du maître chrétien. Coepit facere et docere. Nous verrons ses exemples et ses enseignements.

Ses exemples. -Il y a deux espèces d’exemples, les exemples publics et les exemples secrets.

a) Les exemples publics: Sic luceat lux vestra. On y est obligé pour détruire le respect humain chez les enfants, pour fortifier leur âme, pour leur donner la science pratique de bien faire, pour acquérir une véritable influence.

b) Les exemples secrets. Si vous ne donnez que des exemples publics, on vous prendra pour des hypocrites. Il faut qu’on sente que votre vie secrète comprend dix fois plus de vertu que votre vie publique. Alors, vous aurez la vraie estime, celle dont vous avez besoin.

Ses enseignements. -Jésus, modèle du maître qui parle. Le maître doit prêcher par ses exemples, mais il doit aussi parler. Il parle avec foi, avec science, avec amour.

a) Avec foi. Dredidi propter quod locutus sum. Voilà pourquoi, en grande partie, la parole est si peu efficace, elle n’est pas imprégnée de foi. Ce pourrait être une parole divine par la foi, ce n’est qu’une parole humaine.

b) Avec science. Dette de la science humaine, dette de la science chrétienne.

c) Avec amour. Amour de cette science, prouvé par la manière dont on la prépare, dont on s’en préoccupe. -Amour des âmes. -Nécessité de bien parler. -Nécessité de la préparation.

Jésus, modèle du maître qui prie. -a) Il prie pour les âmes. (b) Il prie pour embrasser son enseignement. -Ce que c’est que prier. L’éducation que l’âme reçoit dans la prière. L’illumination de la part de Dieu, par les anges. Illumination des anges entre eux, illumination pour les âmes. Prière de Moïse. Prière d’Isaïe. Prière de Jésus. Et erat pernoctans in oratione Dei. Prière au Calvaire, prière au tabernacle.

Jésus, modèle du maître qui prie pour ses élèves. Le maître sur le Calvaire avec des élèves pénibles. -Le maître résolu à faire de ses élèves tout ce qu’il pourra. Le maître priant pour eux et s’unissant au Saint-Esprit: Emitte Spiritum tuum et creabuntur.

Texte sténographié de la conférence.

Je veux aujourd’hui offrir à la maîtresse chrétienne Jésus-Christ pour modèle. Nous considérerons donc Jésus-Christ, modèle de la maîtresse par ses exemples, modèle du maître qui parle et modèle du maître qui prie pour ses élèves.

I. Jésus, modèle du maître chrétien par ses exemples.

Vous connaissez le texte de la Sainte Ecriture: « Coepit Iesus facere et docere. » (Act. I, I.) Il est bien important de se le rappeler, Notre-Seigneur commença par faire, puis il enseigna. Voilà l’exemple que vous devez suivre. Cette obligation de l’action par l’exemple, une fois posée, nous distinguerons deux sortes d’exemples que vous devez donner, les exemples publics et les exemples secrets.

a) J’appelle exemples publics la tenue, la régularité, le silence, la charité. Ces exemples là sont absolument indispensables pour voir de l’action sur vos élèves. Le texte sacré nous l’enseigne à propos de Notre-Seigneur: « Exemplum enim dedi vobis. » (Ioan. XIII, 15.) Je ne doute pas que vous ne fassiez toutes ces choses, mais il faut qu’elles apparaissent au dehors, que les enfants les voient et qu’elles sentent que votre vie est moulée sur la perfection religieuse. Il ne s’agit pas seulement d’être une bonne religieuse dans votre petit coin, comme si vous étiez Trappistine ou Carmélite; non, il faut qu’une religieuse de l’Assomption reproduise par sa conduite entière l’image de Jésus-Christ, quelle reflète dans les âmes cette divine image, et qu’on puisse dire d’elle en la voyant: « Voilà Jésus-Christ qui apparaît, qui se voile! » Car, voyez-vous, Jésus a une action sur la terre, en dehors de celle qu’il a du fond du tabernacle, et c’est par vous qu’il veut la produire au dehors. Les saintes maîtresses, c’est la continuation de Jésus-Christ. « Sic luceat lux vestra coram hominibus, ut videant opera vestra bona. » (Matth. V, 16.)

Comprenez-vous, mes filles, l’obligation où vous êtes d’être d’autres Jésus-Christ vis-à-vis de vos enfants, de reproduire Jésus-Christ dans le monde, jusque dans les moindres plis de votre robe et de votre voile? Prenez la situation des enfants telle qu’elle est. Grâce à l’envahissement des idées modernes, il y a bien des erreurs chez les familles les plus chrétiennes. Que sera-ce dans les familles qui ne sont pas chrétiennes du tout? Vous êtes appelées à l’honneur de ramener l’esprit chrétien dans les familles et dans la société par les enfants, et vous le pourrez, à condition de leur en inspirer un respect profond et de leur faire sentir que vous êtes pénétrées de la nécessité de prêcher d’exemple les grands principes du christianisme, dans toutes les circonstances où vous avez à vous poser comme maîtresses.

Cela ressortira de vos enseignements, cela doit encore plus ressortir de votre vie, et s’il y avait ici des Soeurs converses, je leur dirais qu’elles aussi, sans être chargées de prêcher par leur enseignement, elles doivent le faire par leur conduite: Coepit Iesus facere. C’est là votre obligation à toutes. Il doit y avoir, dans une maison d’éducation religieuse, un concours perpétuel d’efforts pour prêcher d’exemple. Une religieuse, quelle qu’elle soit, ne doit pas se permettre un mouvement qui ne laisse la trace d’une prédication. Lux vestra luceat coram hominibus.

Dès lors, vous voyez, au point de vue de l’éducation l’importance de vos moindres démarches. Que dirons-nous d’une Soeur légèrement coquette, dissipée, désobéissante? Que sont, aux yeux des enfants, deux religieuses qui se disputent? Examinez-le. Pouvez-vous admettre que dans la vie de Notre-Seigneur un seul de ses exemples ait pu ne pas être une prédication?

Les apôtres n’en profitaient guère, c’est bien vrai. Aussi, vous devez vous attendre à ce que les enfants ne vous rendent pas tout ce que vous en attendiez. Si Notre- Seigneur a voulu, dans sa divine miséricorde, enseigner pendant trois ans par la parole et par les exemples, sans grand succès, c’était assurément pour vous prêcher à vous la patience et la persévérance. Il ne se lasse pas, le bon Maître, aucun mécompte n’arrête son amour et son zèle.

Ici se présente un obstacle qu’on rencontre quelquefois, même parmi les religieuses. N’auriez-vous jamais senti une impression de respect humain devant les enfants? N’y aurait-il pas telle ou telle circonstance où, en sacrifiant votre respect humain devant les enfants, vous auriez eu occasion de leur apprendre à sacrifier le leur? C’est très important, cela, dans la vie du monde. Examinez comment vous êtes obligées de donner l’exemple, en cela, à vos élèves, et, croyez-moi, vous ne viendrez à bout de détruire le respect humain chez elles, qu’en vous en montrant vous-mêmes totalement affranchies.

Vous devez encore donner le bon exemple pour acquérir une véritable influence. Je ne parle pas de l’enthousiasme stupide des enfants pour certaines maîtresses, mais de l’influence que vous acquérez lorsque, par un sentiment de respect surnaturel, vos élèves pourront dire: « Madame une telle est une sainte. » Vous payerez ainsi une dette à Notre-Seigneur, vous l’imiterez, donnant le bon exemple à ses apôtres, en vue de la gloire de son Père.

b) Vous dirai-je, à présent, qu’à côté des exemples publics il faut les exemples secrets? Oui, la religieuse qui veut bien élever les enfants doit donner des exemples secrets c’est-à-dire qu’il ne suffit pas qu’elle soit douce, humble, obéissante, quand elle est exposée aux regards des enfants; elle doit se montrer si constamment vertueuse que, lorsqu’elle est surprise par ses élèves, elle fasse voir que sa cuirasse est sans défaut. Revenons toujours à notre divin modèle qui est Notre-Seigneur. Pouvez-vous penser que, pendant un seul instant de sa vie, Notre-Seigneur ait pu être surpris par ses apôtres, je ne dis pas avec l’ombre d’une imperfection, mais même avec une perfection moins divine? Non, ce serait un blasphème de le supposer. Et vous, épouse du Christ, n’avez-vous pas toujours et partout ce caractère surnaturel dont vous êtes revêtue? Vous serez surprise bien des fois dans la journée. Sans vous y attendre, sans même vous en douter quelquefois, une enfant passera, que vous n’aurez pas vue, et qui, elle, de ses petits yeux observateurs, aura remarqué si vous disiez l’office avec recueillement dans le cloître, si votre tenue était religieuse, si devant le Saint Sacrement on sentait qu’il y avait une âme qui priait. Elle constatera tel esprit de mortification dans un acte qui vous aura échappé, elle saisira un mouvement surnaturel sous la pression d’une peine, d’une difficulté. Et tout cela, à votre insu le plus souvent, mais l’enfant se dira; « J’ai découvert que Madame une telle est une sainte. » Et alors, dites-moi, jusqu’où ira votre influence?

Ah! croyez-le bien, si vous surveillez les enfants, les enfants vous surveillent, elles aussi. Vous gardez l’étude, la chapelle, la récréation; faites attention, on vous guette. Faites en sorte que la perfection de votre conduite soit telle que votre exemple soit une grande, intime, secrète prédication. C’est là que les enfants prendront l’idée de votre sainteté et qu’elles jugeront si vous faites ce que vous leur enseignez. (Histoire de l’assassin qui, ayant vu une mère prier auprès du berceau de son enfant avec tant de ferveur, s’enfuit sans accomplir son crime.) Eh bien! soyez sûres que quand les enfants vous verront, non pas au pied de leur berceau, mais au pied du Saint Sacrement, prier pour leurs âmes, mettre Jésus entre elles et vous, et traiter là les grands intérêts de leur salut et de leur sanctification, elles auront pour vous un grand respect, et que votre prédication muette sera plus féconde que vos plus beaux discours. Ainsi arriverez-vous à avoir une vraie, bonne et sainte influence.

II. Jésus, modèle du maître qui enseigne.

Le maître ne doit pas seulement agir, facere, il doit aussi parler, docere. Pour cela, trois conditions sont requises: qu’il parle avec foi, avec science, avec amour.

a) Avec foi. Que sera votre enseignement si vous venez donner votre classe comme un professeur qui débite sa leçon? L’enthousiasme pour la science humaine est une bonne chose, mais cela ne fait pas une maîtresse chrétienne; il y faut l’enthousiasme pour la science divine, et tel qu’il s’échappe de toutes vos paroles. Que la foi parle par vos lèvres: « Credidi propter quod lucutus sum. » (Ps. CXV, I.) Je parle, parce que je crois, parce que l’amour de la vérité consume mon âme et que je ne puis retenir l’ardeur qui me presse de la répandre au dehors. Il faut que les enfants sentent, qu’appelées à l’honneur de renverser l’idole du monde naturel, vous êtes à genoux devant l’ordre de la foi, devant l’ordre surnaturel.

Si vous n’avez d’autre mission que de faire admirer les beautés de la science humaine, qu’êtes-vous venues faire dans le cloître? Vous n’aviez qu’à rester chez vous. Votre tâche est tout autre. Il y a un ordre magnifique d’enseignement de la foi. Là est la source de toute beauté, et vous allez, dans un enthousiasme, une ardeur surexcités par la foi, à la recherche de ces beautés surnaturelles, les puisant en Dieu, les rapportant à Dieu, vous éclairant des sublimes lueurs que le ciel projette sur la terre à travers les voiles de la science. Alors, votre enseignement a toute sa grandeur, sa beauté, sa valeur; alors, votre parole humaine devient, par la foi, une parole divine.

Vous avez, là aussi, un secours pour les impuissances de votre intelligence. Tout le monde n’est pas un génie. S’il ne vous est pas donné d’avoir les ailes de l’aigle de Meaux ou du cygne de Cambrai, je vous assure que ce sentiment profond de la foi, ce désir de faire connaître la vérité éternelle, suffira pour que vous fassiez un grand bien aux âmes, mais à la condition que vous serez des filles de foi, remplies de l’esprit de Jésus-Christ. Mettez-vous donc à l’oeuvre, soyez véritables filles de l’Assomption, entrez dans cette disposition de foi, de telle sorte que les enfants sentent que la foi vous donne des ailes et qu’elle embrase votre enseignement comme votre coeur.

b) J’ajoute que la maîtresse qui parle doit avoir la science, pas le bonnet de docteur, ni la science profonde que dans le temps M. Combalot voulait demander aux religieuses de l’Assomption, mais une science qui réponde à mes exigences sur la nécessité d’une instruction sérieuse. Le malheur de nos temps, c’est que les hommes sont si ignorants qu’ils ne peuvent être instruits que par leurs petites filles. C’est pourquoi c’est une merveilleuse disposition de la Providence d’avoir établi les religieuses institutrices des petites filles. Les hommes les plus instruits n’en savent pas, au point de vue religieux, la dixième partie de ce que des jeunes personnes peuvent leur apprendre en sortant du pensionnat, si vous leur avez donné la science convenable.

Voyez-vous, il y a, dans la cervelle d’un homme qui se croit fort, de terribles lacunes qui ont besoin d’être comblées, et telle jeune fille qui aura appris à connaître sa religion, comme il convient, pourra devenir un maître très utile, donner des lumières abondantes, des points de vue qui surprendront, mais qui remettront dans la voie de la vérité chrétienne. Seulement, je crois que pour pouvoir acquérir cette influence salutaire, il faut qu’elle soit instruite sur d’autres points, et c’est ainsi que l’enseignement des vérités naturelles peut venir en aide aux vérités surnaturelles, car elles sont comme une introduction et un moyen, elles servent à amener le règne de la foi.

c) Il faut encore enseigner avec amour. Oui, il est nécessaire d’avoir l’amour de la science, prouvé par la manière dont on la prépare, dont on s’en préoccupe. Je distingue la science profane et la science sacrée, et, laissant de côté pour aujourd’hui la première, je dis que si vous n’avez pas la passion de la science sacrée, je vous plains: vous formerez des intelligences plus ou moins fêlées qui ne garderont rien. Au contraire, si vous donnez aux intelligences un aliment fort, substantiel, tout n’y restera pas, sans doute, mais la nourriture passera à travers la mémoire, et la charpente osseuse de l’intelligence gardera l’empreinte de ce que vous lui aurez communiqué. Mais pour que les enfants s’intéressent à la science, il faut que vous l’aimiez vous-même. Si vous allez donner votre classe en bâillant et en disant: « Mon Dieu, que c’est ennuyeux! » vous ne ferez pas pénétrer la science chez les enfants. Il y faut de l’amour.

III. Jésus, modèle du maître qui prie.

Enfin, et je termine par là, Jésus est le modèle des maîtres et des maîtresses qui prient pour leurs élèves. « Et erat pernoctans in oratione Dei. » (Luc. VI, 12.) Avant de choisir ses apôtres, Notre-Seigneur alla passer un certain nombre de nuits sur la montagne; il pria, et, après être descendu de sa retraite, il donna aux apôtres leur mission. Toutes les maîtresses sont obligées de prier. C’est dans la prière que vous prendrez l’amour de la science, non pas pour la science elle-même, mais comme moyen de faire pénétrer la vérité dans les âmes.

Et où irez-vous prier? Vous êtes obligées d’aller prier pour vos enfants sur le calvaire. Oui, il y a des enfants pénibles. Elles sont lourdes à porter, elles pèsent comme une croix. Où pourriez-vous aller mieux parler d’elles au bon Dieu que sur le Calvaire? Au moment où Notre-Seigneur était sur la croix, il avait vraiment, lui aussi, des élèves pénibles. Les ingrats! Tous avaient fui. Il ne restait que saint Jean, le bon larron, saint Longin. Et voyez, de deux mauvais sujets, Notre-Seigneur fait deux saints.

Apprenez donc du divin Sauveur à supporter les élèves pénibles. « Ma classe, c’est le Calvaire; ma chaire, c’est la croix. J’ai bien prié pour cette pauvre enfant et je n’obtiens rien. » Et saint Jacques, un des trois que Notre- Seigneur avait pris avec lui au jardin des Olives, où était-il pendant la Passion? Il ne paraît pas. Qu’est-il devenu? Quand donc vous vous découragez, pensez à la portion ingrate du troupeau que Notre-Seigneur a voulu choisir, allez au pied de la croix et dites: « Mon divin Maître, au moment où vous étiez sur la croix, vous étiez résolu à sauver le monde entier. C’est par vous que le genre humain devait être racheté. Et pourtant, que d’âmes qui repoussent votre salut! Eh bien! moi aussi, je veux être sauveur, par vous, de certaines petites âmes qui me sont confiées, et quand je serai déçue dans mes espérances, je n’en persévérerai pas moins dans toute l’énergie dont je suis capable, avec une force de volonté semblable à celle que vous avez eue sur la croix, et j’espère qu’à la fin, donnant tout ce que je puis donner, je viendrai à bout de vous amener ces âmes que vous avez rachetées. »

Allez donc au Calvaire, c’est la bonne place pour une maîtresse chrétienne, et considérez comme un grand honneur d’avoir part aux douleurs de Jésus-Christ rachetant les âmes. Allez au Calvaire; c’est là que vous obtiendrez, par la prière douloureuse ce que vos paroles et vos exemples même n’ont pu faire. Ah! mes Soeurs, nous n’avons pas idée de la puissance de la prière, nous ne savons pas quelles exigences nous pouvons avoir par elle sur le coeur de Dieu. Vous rencontrerez des enfants extrêmement désagréables, difficiles, de vraies petites figures de hiboux qui sortent de leurs trous chaque fois qu’on approche d’elles, et un jour, quand vous y penserez le moins, ces enfants seront converties. C’est votre prière qui l’aura obtenu.

Employez donc les trois forces qui vous sont données dans l’éducation, c’est-à-dire l’exemple, l’enseignement et la prière. Ces trois forces agissent de concert, simultanément et successivement, et vous verrez comme la prière sera pour vous l’élément dernier du succès. Ayez les armes de la prière, soyez sûres que par ces armes vous ferez des choses admirables, parce que vos actes seront pénétrés d’un esprit que vous aurez fait descendre du ciel. Restez dans les sentiments qui découlent du Saint-Esprit; ayez la dévotion de n’être que ses instruments, ses porte-voix; tâchez de communiquer ses sept dons aux âmes qui vous sont confiées, et pour cela, ayez-les d’abord en vous. Soyez tige de Jessé, répandez autour de vous le parfum de l’esprit de Dieu, après l’avoir attiré dans votre coeur par la prière. Allez ainsi, pleines de courage et de confiance, à votre mission d’éducatrices, croyez que vous obtiendrez les plus merveilleux résultats, et que, saintes vous-mêmes, vous formerez des saintes. Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum