OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA CONNAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST

Informations générales
  • ES-0892
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA CONNAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST
  • V. ADORATION DES BERGERS
  • Prêtre et Apôtre, XIV, N° 166, décembre 1931, p. 351-352.
  • Ecrits Spirituels, p. 892-895.
  • BQ 1-2; TD 52, P. 261-264.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 ANGES
    1 CRECHE DE JESUS-CHRIST
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 NATIVITE
    1 PAIX
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SAUVEUR
    2 JOSEPH, SAINT
    2 MICHEL, SAINT
    3 BETHLEEM
  • 1873
La lettre

Après ce que le mystère de la naissance d’un Dieu me révèle, je n’ai plus qu’à m’abaisser profondément et à adorer. C’est à quoi furent invités les bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les plaines de Bethléem. Un ange leur apparaît et leur dit: Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté.

Etudions le mystère et remarquons:

1° L’appel. -2° Le but: la gloire de Dieu. -3° La paix.

Nous sommes tous appelés, ai-je correspondu à cet appel? Nous sommes appelés à glorifier Dieu. Est-ce le but de ma vie de jouir de la paix? Puis-je la trouver autrement qu’en me donnant à Dieu?

1. L’appel

Un ange appelle les bergers à la crèche. Je vous annonce une grande joie. Quelle plus grande joie que de se réconcilier avec son Dieu, de le voir parcourir la distance qui le sépare de ma nature condamnée aux suites du péché! lui le Saint des Saints, il vient vers toutes mes lâchetés. Oui, il m’est né aujourd’hui un Sauveur. Moment solennel, car s’il franchit une aussi grande distance il est bien juste que je fasse quelques pas et c’est là ce que je ne veux pas. Je ne puis me décider. Franchir cet obstacle m’est impossible. Moment solennel pourtant, il n’est pas dit que les habitants de Bethléem qui n’avaient pas voulu le recevoir aient été appelés à un honneur si grand. Quel mystère! Il était venu vers eux dans la personne de Joseph et de Marie. Les portes lui avaient été fermées. Il ne s’approchera plus d’eux, il enverra ses anges vers les bergers. C’est à eux qu’il sera dit: Annuncio vobis gaudium magnum, la grande joie d’être sauvé. Cette joie vous est offerte et je puis vous dire comme l’ange: Je vous annonce la plus heureuse de toutes les joies, la joie du bonheur éternel. Jésus est né, il vient vous sauver, voulez-vous faire un effort et aller à lui, voulez-vous sortir de votre torpeur? La plupart de ces bergers dormaient, mais ils sont réveillés par une grande lumière, et s’ils continuent à fermer les yeux, la lumière ne leur servira de rien; mais s’ils les ouvrent, cette lumière les conduira à Bethléem, à la crèche de Jésus.

N’est-ce pas où vous en êtes? Vous vous êtes retirés dans la solitude, l’envoyé de Dieu vous annonce que l’heure du salut a sonné pour vous. Voulez-vous en profiter? Voulez-vous faire un effort? Voulez-vous entrer en relation avec ce Sauveur? Natus est vobis hodie Salvator. Il est né, il est prêt à commencer avec vous une vie nouvelle. Ah! ne vous effrayez pas, voici son signe: vous trouverez un petit enfant enveloppé de langes et posé dans une crèche. Il ne vous fera qu’une demande, c’est de passer de la crèche dans votre coeur. Offrirez-vous ce coeur à ce petit enfant, votre Dieu, qui s’est fait homme pour vous sauver? Examinez et sachez prendre une résolution efficace.

2. La gloire de Dieu

Et à peine l’ange qui parlait eut-il fait entendre ces paroles, que la multitude de l’armée céleste, une armée innombrable d’anges se fit entendre et chanta: Gloire à Dieu au plus haut des cieux! Dans le ciel, en effet, il dût se passer quelque chose de semblable à ce que l’on vit lors du combat de Michel contre Satan. Les anges louaient Dieu et lui rapportaient toute gloire, parce qu’un Sauveur étant né l’empire de Satan allait être renversé par le Fils de Dieu lui-même. Ce n’est plus saint Michel qui combat le prince des ténèbres, c’est la lumière éternelle qui se voile sous les nuages de notre humanité et qui vient renverser la tyrannie de l’ange rebelle et séducteur. Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Or, cette tyrannie s’exerce sur votre coeur; à quel degré? c’est à vous de le savoir. Ou plutôt peut-être est-elle arrivée à un point tel que vous ne le savez plus vous-même. Que ferez-vous? Seul, vous irez laissant votre ennemi accumuler le poids de vos chaînes, mais voilà qu’une voix s’est faite entendre. Dieu y met sa gloire, elle consistera à vous sauver, si vous le voulez; mais prenez garde, Dieu se retirera de vous si vous ne l’écoutez pas, sa gloire consistera dans votre supplice.

Etonnante destinée de l’homme que Dieu mette sa gloire à le sauver et que l’homme mette son bonheur à ne pas vouloir être sauvé! En seriez-vous arrivé à ce point, ou bien enfin lèverez-vous les yeux et verrez-vous l’admirable invitation qui vous est faite de travailler à la gloire de Dieu, de faire de votre vie le moyen de glorifier Dieu? Le voulez-vous? Allez à Bethléem, allez au Sauveur, allez à l’humilité de sa crèche, et, contemplant les anéantissements d’un Dieu fait petit enfant pour vous sauver, écriez-vous à votre tour: Gloire à Dieu qui me traite avec une bonté si grande qu’il veut mettre cette gloire à devenir mon Sauveur!

3. Paix aux hommes

Elle fut annoncée aux environs de l’étable où Jésus était né, la paix, la réconciliation, la destruction du péché, l’affranchissement de l’esclavage de Satan. Or, les bergers disaient entre eux: Allons jusqu’à Bethléem, loquebantur pastores ad invicem, transeamus usque Bethleem. Voilà ce que je viens vous dire aussi. Voulez-vous la paix annoncée par les anges, sachez faire preuve de bonne volonté, allez jusques à Bethléem. Qu’est-ce à dire? Sortez de vous-même pour aller à Jésus. Or, voyez ce qui vous arrête. Lorsque les bergers eurent adoré le divin Enfant, il n’est pas dit qu’ils changèrent leur vie ordinaire, qu’ils laissèrent là leurs troupeaux pour embrasser un nouvel état. Nullement. Ils continuèrent leur manière de vivre comme par le passé. Cependant un grand changement s’était opéré chez eux, ils avaient vu l’enfant Dieu; et qui douterait que l’invitation qui leur avait été faite, que cette adoration de la première heure à laquelle ils furent admis ne fut suivie de grâces immenses, qu’ils conservèrent précieusement dans leurs coeurs, et ne fut pour eux une source de salut. Comme les anges, ils avaient glorifié Dieu dans la naissance de son Fils et ils avaient emporté une paix céleste.

Pourquoi ne pas partager un bonheur pareil? Pourquoi ne pas aller jusques à Bethléem, jusques à Jésus-Christ anéanti pour vous recevoir? Pourquoi ne pas lui demander la réconciliation, la paix? Moment solennel dans une retraite que celui où l’on se demande: Veux-je me dévouer à la gloire de Dieu en faisant ma paix avec lui? Veux-je sortir de moi-même? Il ne s’agit pas pour moi de bouleverser l’extérieur de mon existence, il s’agit de me donner par le fond, de profiter des avances qu’un Dieu veut bien me faire; quand le voudrai-je? quand irai-je à Bethléem trouver Jésus, l’adorer, lui demander de pouvoir glorifier son Père et me consacrer à son service en échange de la paix, dont il me donnera le gage et l’avant-goût, en attendant la paix ineffable du ciel.

Notes et post-scriptum