OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA CONNAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST

Informations générales
  • ES-0895
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA CONNAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST
  • [VI.] L'EPIPHANIE
  • Ecrits Spirituels, p. 895-899.
  • BQ 2; TD 52, P. 265-268.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 AUGUSTIN
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EPIPHANIE
    1 MAGES
    1 MORT
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 ROI DIVIN
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOCATION
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 CRATES DE THEBES
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 HERODE I LE GRAND
    2 JACOB
    2 JEROME, SAINT
    2 THERESE, SAINTE
    3 JERUSALEM
  • 1873
La lettre

Allons adorer Jésus-Christ avec les anges, offrons-lui les dons symboliques que lui présentent les sages de l’Orient, guidés par l’étoile, après un arrêt à Jérusalem, ils arrivent au lieu où se trouvait l’enfant.

Qu’est cette étoile? Que sont ces dons?

1. L’Etoile

L’étoile est une lumière, elle brille au firmament, mais c’est une étoile spéciale, elle a sa clarté à elle, elle a son caractère. Ce n’était pas un de ces astres qui apparaissent de temps en temps pour s’éloigner ensuite, c’était l’étoile de Jacob annoncée par un prophète, faux, sans doute, mais à qui Dieu avait alors permis de dire la vérité. Comment les sages la reconnurent-ils? C’est ce que l’Evangile ne nous apprend point; ce n’est pas nécessaire, qu’il nous suffise de savoir qu’ils la reconnurent et qu’ils ne se trompèrent pas.

L’étoile mystérieuse brille pour tous. D’abord à un moment solennel de la vie, lorsqu’il faut se rendre compte de la route à prendre, pendant le voyage de la vie pour aller à Jésus, pour aller au ciel. Moment important et que nous ne saurions trop estimer. Mais ce moment est passé pour moi, mon choix est fait. Je me suis mis en route. Je suis entré dans la vie religieuse. Je n’ai plus qu’à y persévérer. Les mages ont un point d’arrêt à Jérusalem. Il y a quelquefois de grandes épreuves. La politique d’Hérode, la perversité des prêtres, dont le ministère commençait à être réprouvé, pouvait leur être un obstacle et les empêcher d’arriver à leur but. Mais non. Ils y mettent tant de ténacité que Dieu dans sa fidélité, ne permettra pas qu’ils soient tentés au-delà de leurs forces. Le trouble d’Hérode et de Jérusalem ne change pas leurs desseins, ils vont toujours. Et ils arrivent. Mais pour moi qui suis, par ma vocation réalisée, arrivé en quelque sorte à Jésus, j’ai à prendre le mystère par un autre côté. Car si d’une part je suis allé à Jésus quand j’ai commencé à poser le pied dans la vie religieuse, j’ai bien besoin de savoir quels progrès j’ai faits depuis que je suis au couvent.

L’enseignement de l’Epiphanie recommence pour moi tous les ans, et ce n’est pas sans motif. Je suis religieux, mais que fais-je pour participer à la perfection de la vie religieuse, quelle est ma fidélité dans ma marche? Chaque année, je dois aller apporter mes dons avec les mages à l’Enfant-Jésus, mais chaque année je dois les lui présenter plus abondants et avec des sentiments plus parfaits. Quels actes de vertus plus nombreux apporterai-je cette année? Quel progrès dans le zèle à ne laisser passer aucune occasion d’entrer dans la vie religieuse, avec des actes de vertus tels que les exige mon état?

Mais surtout quel esprit religieux plus grand ai-je cette année-ci? L’esprit religieux, c’est la vie, le reste n’en est que le cadavre, si je puis m’exprimer ainsi. La disposition à tout quitter comme les mages leur pays, à tout souffrir comme les mages dans leur voyage lointain, à confesser Jésus comme les mages à Jérusalem, à obéir à Jésus comme les mages quand avertis par l’ange ils s’en retournèrent par un autre chemin! Voilà la perfection du dépouillement de soi, du courage, du sacrifice de sa volonté propre, pour aller où Dieu nous appelle et à tout ce que Dieu veut de nous. Le postulat est un commencement, le noviciat est un autre commencement, la profession en est un troisième, et quand la profession est faite, c’est toujours à recommencer. Telle est la doctrine des saints religieux, de saint Augustin, de sainte Catherine, de sainte Thérèse, de saint François de Sales. Ne me fais-je pas illusion et quand comprendrai-je que c’est toujours pour moi à recommencer?

2. Les dons des mages

L’or, l’encens, la myrrhe ont des significations diverses. pour les religieux l’or offert au Dieu très pauvre représente le dépouillement des créatures et par conséquent un détachement absolu des biens de ce monde. La pauvreté, vertu inconnue aux païens et aux Juifs eux-mêmes; qui voulait être pauvre avant Bethléem? Les philosophes cyniques, nous dit saint Jérôme et hoc fecit Crates philosophus, mais dans quel esprit? là est la question. L’or est offert à un roi, c’est un tribut, c’est un acte par où l’on reconnaît son pouvoir. Je dois offrir à mon roi la pauvreté dont il me donne l’exemple, en me dépouillant de tout ce qui m’attarde dans la voie de la perfection; mais surtout je lui dois une absolue obéissance; lui-même, il a obéi excellemment depuis sa naissance jusqu’à son dernier soupir. En m’unissant aux Mages pour l’adorer, j’irai donc lui présenter, avec ce que je possède, tout ce à quoi je puis tenir, du même coup l’hommage que je dois à son pouvoir royal sur moi, et l’obéissance d’un petit enfant qu’il me prêche et merveilleusement dans ses langes et entre les bras de Marie.

Les mages offrent l’encens, symbole de l’adoration et de la prière. L’adoration s’adresse à Dieu seul et met en relation la créature et le Créateur. Il peut se faire que cet acte soit grossier, en quelque sorte rudimentaire, mais il peut atteindre une ineffable perfection. La vie du religieux doit être une vie de prière, et c’est à cette vie toujours plus intimement unie à Dieu qu’il doit tendre. Quelle que soit sa vocation spéciale, il doit prier; à lui, à monter de degrés en degrés par l’adoration continue, par une prière toujours plus intense, à des hauteurs que le vulgaire des chrétiens ne connaît pas et qui sont réservées aux enfants fidèles, persévérants, sacrifiés et pleins d’amour. En suis-je là?

Enfin la troisième offrande des mages est la myrrhe, avec laquelle on conserve les dépouilles humaines; la myrrhe rappelle à Jésus qu’il est homme, qu’il mourra. La myrrhe m’enseigne que je dois mourir à moi-même et que je dois cacher ma vie avec Jésus-Christ et en Dieu. Effrayant travail que cette mort continuelle à laquelle je suis condamné après mon Sauveur et sans laquelle je ne puis espérer la véritable vie.

Et responso in somnis accepto, per aliam viam reversi sunt in regionem suam.

Le chrétien, encore moins le religieux ne doivent jamais revenir sur leurs pas. Ils s’en retournent, mais par un autre chemin: ce ne sont plus les mêmes hommes, ils sont transformés, ils font tout avec un esprit nouveau, et leur vie, extérieurement la même, finit par être la vie des saints, parce qu’ils suivent toujours l’inspiration divine. Seigneur, faites que je la suive toujours ainsi.

Notes et post-scriptum