OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|L’ESPRIT DE L’ASSOMPTION

Informations générales
  • ES-0711
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|L'ESPRIT DE L'ASSOMPTION
  • II. L'ESPRIT DE L'ASSOMPTION
  • Ecrits Spirituels, p. 711-714.
  • TD 52, P. 331-334; BR 5.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DROITS DE DIEU
    1 EGLISE
    1 ESPERANCE
    1 ESPRIT D'INITIATIVE
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT HARDI A L'ASSOMPTION
    1 FOI
    1 HERESIE
    1 JANSENISME
    1 JESUS-CHRIST
    1 JUSTICE
    1 PAIX INTERIEURE DE L'APOTRE
    1 PRUDENCE DE LA CHAIR
    1 TRIPLE AMOUR
    1 VERTUS THEOLOGALES
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 PAUL, SAINT
    2 TIMOTHEE, SAINT
  • Oblates de l'Assomption
  • 1876
  • Nîmes
La lettre

Sectare justitiam, fidem, spem, charitatem, et pacem cum iis qui invocant Dominum de corde puro. (II Tim. II, 22).

On vous a dit bien souvent que le caractère de l’Assomption était l’amour de Jésus-Christ, de la sainte Vierge et de l’Eglise. Mais pour voir dans quel sens cet amour doit se développer, j’emprunte un mot des recommandations que saint Paul faisait à Timothée: Sectare, justitiam, fidem, spem, charitatem, pacem. Examinons ces cinq vertus.

1° La justice

C’est l’ensemble des droits de Dieu. La justice étant une vertu par laquelle on rend à chacun ce qui lui est dû, il est tout simple, il est juste que l’on cherche à rendre à Dieu ses droits. Disposition essentielle de nos jours où l’on ne parle que des droits de l’homme et où l’on s’occupe peu des droits de Dieu. Sectare justitiam. Voilà pourquoi l’Ecriture fait un si bel éloge du juste.

Mais nous pouvons pratiquer la justice comme Jésus-Christ en rendant de notre fond ce que les hommes lui ôtent, en priant pour ceux qui ne prient pas, en expiant pour ceux qui ne font pas pénitence, en faisant le bien pour ceux qui font le mal. Qui dira comme le psalmiste: « Tabescere me fecit zelus meus, quia obliti sunt verba tua inimici mei. »

2° La foi

Elle est nécessaire à tous, mais notre cachet est l’acceptation de l’ordre surnaturel. Nous ne devons nous préoccuper que des jugements portés dans la lumière de la foi. Ici est la lutte contre la prudence humaine. Soyons prudents, mais dans l’ordre de la foi et non selon les jugements de la chair. Prudentia carnis mors est. L’esprit de l’Assomption, qui cherche les droits de Dieu, les défend dans la lumière de Dieu. Heureuse disposition qui écarte un énorme danger, celui de confondre l’intérêt de la cause de Dieu avec notre intérêt propre!

3° Spem. L’espérance

Faire tout pour Dieu est le but de tous les saints. Mais que d’âmes ne deviennent pas saintes, parce qu’elles tombent dans l’immense hypocrisie des espérances humaines, sous le voile des espérances divines.

Le Saint-Esprit a dit: Beatus vir qui post aurum non abiit. Cet or, après lequel le Saint-Esprit loue de ne pas courir, est tout ce qui attache le coeur parmi les choses d’ici-bas. L’esprit de l’Assomption est essentiellement désintéressé. Malheur à qui tient à quoi que ce soit, excepté à Dieu! Heureux qui comprend dans toute son étendue la loyauté du désintéressement! Ceci touche à la pauvreté, mais par un côté supérieur on dédaigne toute richesse qui ne tombe pas du coeur de Jésus-Christ, tout trésor qui n’est pas divin, toute récompense qui n’est pas Dieu même.

4° Caritatem. La Charité

Je ne parlerai pas de la charité dans son sens général, qui est le propre de tous les saints, mais en supposant cette charité à l’Assomption, je dirai qu’elle doit être plus qu’ailleurs:

A) Ardente, en face des endormissements de tant d’âmes pieuses. On s’occupe de soi, on se réfugie dans le plus intime de son être pour ne penser qu’à soi. La piété personnelle, individuelle, voilà une plaie des temps présents. On ne me fera jamais dire que ce soit là une vraie charité.

B) Audacieuse. Je dirai le mot, parce qu’il nous est reproché, ne soyons pas téméraires, mais sachons oser. Que fait-on, en effet sans audace. On est blâmé; mais Jésus-Christ l’a été, les Apôtres l’ont été. Venit hora, ut omnis qui interficit vos, arbitretur obsequium se praestare Deo (Joan. XVI, 2.)

Voilà les idées,en face desquelles nous nous trouvons. Absque synagogis facient vos (Ibid.): on nous met à la porte de tout. In mundo pressuram habebitis, sed confidite, ego vici mundum (Joan. XVI, 33.) Voilà pourquoi il faut une charité audacieuse, hardie. Ceci effraiera certains; ils ne seront pas de l’Assomption; ils n’en auront pas l’esprit.

C) Pleine d’initiative. Nous traversons une époque de bouleversements. Qui pourrait le nier? Les ruines nous menacent de toutes parts. Nous en avons vu d’épouvantables, nous en verrons bien d’autres. Pensez-vous qu’après avoir renversé, Dieu ne reconstruira pas? Nous ne savons pas les desseins de Dieu, mais nous devons agir comme s’il disait, comme au livre de l’Apocalypse (XXI, 5): Ecce nova facio omnia. Ah! que d’oeuvres à entreprendre! Non qu’il faille les embrasser toutes, mais que d’efforts pour obtenir ce que Dieu a le droit d’attendre de nous! On nous blâmera; mais c’est connu, nous irons toujours plus avant, et, à la fin, nous serons bénis. Dans tous les cas, nous aurons protesté.

5° Pacem. La Paix

Oui, la paix, mais avec qui? Cum iis qui invocant Dominum de corde puro*. Deux sortes d’hommes n’invoquent pas Dieu avec un coeur pur. Je ne parle pas de ceux qui ont juré haine à Dieu, je parle de ceux qui sont positivement dans l’erreur. Ceux-là, depuis le déiste jusqu’à l’hérétique frappé des moindres anathèmes de l’Eglise, ne seront jamais des hommes avec qui nous puissions avoir la paix.

Restent ceux qui, à la suite des jansénistes, prétendent rester dans l’Eglise, malgré elle. Ceux-là n’invoquent pas Dieu d’un coeur pur. Ils connaissent les affirmations de l’Eglise, ses blâmes, mais parce que l’Eglise n’a pas encore condamné solennellement, ils prétendent retenir certaines propositions qu’ils savent devoir être condamnées un peu plus tôt, un peu plus tard. Ceux-là n’invoquent pas le Seigneur d’un coeur pur: ils mettent leurs propres sentiments à la place des sentiments de l’Eglise. Non, nous ne pouvons avoir la paix avec eux. Nous devons les combattre avec d’autant plus d’énergie qu’acceptant l’autorité de l Eglise, il y a plus d’espoir de les ramener.

Après cela, cherchons la paix dans l’ordre, cherchons la paix en Dieu, avec Dieu et pour les hommes, dans l’amour de Dieu; poursuivons l’oeuvre de pacification que Dieu veut opérer sur la terre, sous l’action de Jésus-Christ, dans la puissante intercession de Marie, afin de ménager le triomphe de l’Eglise qui est ici-bas le triomphe de Dieu.

Notes et post-scriptum