OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE AUX OBLATES

Informations générales
  • TD 41.210
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE AUX OBLATES
  • XVIII.
    [LES PUISSANCES DE L'AME]
  • Théologie Mystique. Conférences données aux Oblates de l'Assomption en 1872. Pro manuscripto. Paris, Imprimerie Maison Mère des Oblates de l'Assomption, 1966, p. 45 à 47.
  • CN 13; TD 41., P. 210-212.
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 AUGUSTIN
    1 CONNAISSANCE
    1 EFFORT
    1 INTELLIGENCE
    1 LIBERTE
    1 LUTTE CONTRE LE CORPS
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 PUISSANCES DE L'AME
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE
  • Oblates de l'Assomption
  • juin 1872
  • Nîmes
La lettre

Hier nous avons parlé des facultés qui sont dans l’homme: celles qui se rapportent simplement au corps, celles qui se rapportent au corps et à l’âme et enfin celles qui n’ont trait qu’à l’âme ou à l’intelligence.

Ces dernières se divisent en quatre parties: les puissances cognoscitives, appétitives, irascibles et concupiscibles.

Par la puissance cognoscitive, on entend cette faculté que l’âme a de connaître les choses; par la faculté appétitive, l’âme désire de savoir, elle a soif de connaissance; par l’irascible, elle rejette, elle repousse ce qui ne lui convient pas et éprouve de la répugnance; et enfin, par la puissance concupiscible, elle est entraînée, elle incline vers certaines choses. Mais, outre ces puissances, l’homme a surtout la puissance de la volonté, il ne peut pas ne pas vouloir, c’est le fond de son être: c’est l’exercice de cette volonté que l’on appelle le libre arbitre. Mais il ne faut pas confondre entre vouloir faire ceci ou cela et simplement vouloir, faire acte de volonté.

On définit mal le libre arbitre en disant que c’est le pouvoir de choisir le bien ou le mal, car Dieu ne peut pas choisir le mal et cependant il a son libre arbitre; les anges et les saints ont aussi le libre arbitre, quoiqu’ils ne puissent pas faire le mal, et les démons jouissent aussi de cette faculté, tout en ne pouvant pas faire le bien. Donc cette définition n’est pas juste et il faut s’en tenir à celle de saint Augustin qui dit que le libre arbitre est la puissance qu’un être a de se mouvoir sans que rien l’y pousse. Avant le péché originel, nos inclinations ne tendaient pas vers le mal, et cette puissance du libre arbitre, en tant qu’elle était, comme en Dieu et dans les anges, portée vers le bien, n’a pas été brisée, comme disent les protestants; mais diminuée et affaiblie.

L’âme possède donc en elle les facultés de connaître, de sentir, de vouloir et de choisir et ces facultés se développent en elle par la culture et le travail qui est un des châtiments du péché, et de même que le pain quotidien doit être gagné à la sueur du front, nous ne pouvons obtenir le pain de l’intelligence que par le labeur, et dans nos prières nous devons demander à Dieu ce pain substantiel.

Ceux qui négligent ce travail de l’esprit et de la volonté laissent ces plus nobles qualités se perdre, s’effacer, s’oblitérer et si, par elles-mêmes, depuis le péché, les facultés appétitives, irascibles, concupiscibles, etc., se trouvent portées au mal, nous devons, par un effort de notre volonté, échanger tous ces mauvais penchants et les tourner vers Dieu qui a placé l’homme dans les mains de son conseil, c’est-à-dire de son libre arbitre; car, si le péché est la cause de cette mauvaise volonté, de ces répulsions, de ces choix de travers, la grâce de Dieu est là, pour nous aider à redresser toute chose. Pensons au compte que Dieu nous demandera lorsque nous paraîtrons devant lui: qu’aurons-nous pour nous justifier si nous avons mal usé de notre intelligence et de notre raison? Le fond de la nature humaine est le même pour tous. Les saints sont ceux qui s’en servent bien et les méchants ceux qui s’en servent mal. En résistant à l’entraînement du péché, notre être s’élève vers son terme qui est Dieu. Au contraire, en se laissant entraîner par ses passions, il s’abaisse et se dégrade.

Notes et post-scriptum