OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE AUX OBLATES

Informations générales
  • TD 41.217
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE AUX OBLATES
  • XXII
    [INTELLIGENCE DU PREMIER HOMME]
  • Théologie Mystique. Conférences données aux Oblates de l'Assomption en 1872. Pro manuscripto. Paris, Imprimerie de la Maison Mère des Oblates de l'Assomption, 1966, p. 55-58.
  • CN 13; TD 41; P. 217-219.
Informations détaillées
  • 1 ETRE HUMAIN
    1 INTELLIGENCE
    1 LUTTE CONTRE LE CORPS
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 PECHE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 SAINTS
    1 THOMAS D'AQUIN
    2 ADAM
    2 EVE
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 JEROME, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • Oblates de l'Assomption
  • juin 1872.
  • Nîmes
La lettre

Quel était l’état et la condition de l’intelligence du premier homme?

Adam avait reçu de Dieu une intelligence droite et conforme à une certaine justice. Mais, dans cet état, Adam pouvait-il pénétrer l’essence de Dieu comme les êtres glorifiés, tels que la Sainte Vierge, les anges, les saints? Non; quoique l’intelligence d’Adam ait été supérieure à celle des hommes après le péché, il ne voyait pas Dieu dans son essence, car cette vue constitue le bonheur suprême et ce bonheur ne peut pas se perdre: Adam eût été dès lors impeccable. Et puis, Adam, étant de l’espèce matériel intelligible, c’est-à-dire un être matériel, mais doué d’intelligence, par cela seul qu’il avait un corps, il ne pouvait voir Dieu qui est esprit, et saint Thomas nous dit que si Adam a vu réellement Dieu dans son essence, c’est pendant le sommeil qu’il lui envoya lorsqu’il créa Eve.

Pendant ce moment d’extase, dit-il, Dieu a pu lui faire contempler sa divine beauté; il lui a probablement montré sa chute, mais aussi la réparation dans l’amour infini du Rédempteur. Toutes ces suppositions, il ne les donne pas comme certaines, c’est simplement sa manière de voir, mais, hélas! toute cette magnifique intelligence, toutes ces connaissances plus grandes, plus étendues de toutes choses ont été perdues par le péché et maintenant il faut observer que c’est le corps qui se développe d’abord dans l’homme; l’intelligence ne vient que plus tard et a besoin du travail de l’étude.

Adam voulait le bonheur, mais il ne l’a pas cherché où il était, or, il faut observer, nous dit saint Paul, qu’Adam n’a pas été séduit, son péché a donc été plus grand que celui de la femme qui, elle, a été séduite par le démon. Si Adam est tombé, ce n’est que par une faiblesse pour celle que Dieu lui avait donnée pour compagne, ce qui montre la nécessité de savoir résister parfois aux conseils qui pourraient nous éloigner de Dieu.

Adam, dans l’innocence, a-t-il vu les anges dans leur essence?

Non, Adam, ayant un corps, ne pouvait voir que par les sens; Dieu l’avait créé comme une âme vivante qui communiquait la vie à son corps; il voyait les choses d’une manière plus parfaite, ses sens étaient plus délicats que depuis le péché; mais, malgré leur perfection il ne leur était pas permis de voir les esprits, et si Adam a vu les anges, c’est sous une forme, d’une manière d’être quelconque, mais sensible, qu’ils ont apparu.

Est-ce que le premier homme a eu la science de toutes choses?

Puisque Dieu présenta à Adam tous les animaux pour qu’il leur donnât selon les moeurs, l’instinct de chaque animal, cela nous montre bien que Dieu avait donné à Adam la connaissance de toutes choses; mais cette connaissance a été perdue par le péché et il faut la reconquérir à la sueur du front.

Est-ce que l’homme a pu être trompé? Non, l’homme ne peut pas être trompé, car ses perceptions sont justes, mais quelquefois il veut se laisser tromper par ses sens; ainsi, lorsqu’il se laisse aller à la paresse, à la satisfaction de ses défauts, il sait parfaitement quelle est la proportion du mal, mais il veut, il accepte ce mal, aussi entendons- nous saint Jérôme s’écrier: « Seigneur, fermez mes yeux à la vanité et c’est ainsi que vous donnerez la vie à mon âme. »

Voilà l’occupation, le travail des saints: dominer les sens, écarter les sensations mauvaises, subjuguer les passions et éviter par là d’être entraînés au mal; or, c’est ainsi qu’ils acquièrent, par un effort magnifique de vertu, cette liberté première que Dieu avait donnée à Adam; ce sont ces moyens qu’employait saint François d’Assise, il vivait dans son corps comme s’il n’en avait pas et, dominant ses sens, il dominait aussi la nature entière: les animaux les plus féroces écoutaient sa voix et obéissaient avec docilité à ses commandements.

Notes et post-scriptum