OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE AUX OBLATES

Informations générales
  • TD41.219
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE AUX OBLATES
  • XXIII
    [LA VOLONTE DU PREMIER HOMME]
  • Théologie Mystique. Conférences données aux Oblates de l'Assomption en 1872. Pro manuscripto. Paris, Imprimerie de la Maison Mère des Oblates de l'Assomption, 1966, p. 58-61.
  • CN 13; TD 41; P. 219-221.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 ANGES
    1 AUGUSTIN
    1 DIEU LE FILS
    1 ETRE HUMAIN
    1 IMMORTALITE DE L'AME
    1 PECHE
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VERTUS
    1 VOLONTE
    2 ADAM
  • Oblates de l'Assomption
  • juin 1872
  • Nîmes
La lettre

La volonté du premier homme, selon sa nature en tant qu’homme, était parfaite, il avait la grâce de Dieu. A présent, savoir si cette grâce et cette perfection lui ont été données par Dieu en le créant, ou bien immédiatement après la création, c’est ce que nous n’examinerons point. Il était donc dans un état de justice puisqu’il était agréable à Dieu et c’est de cette justice originelle, don de Dieu, que découlaient tous les autres dons; ses passions en lui étaient bonnes et le mot passion, en tant que désignant les vices ou cet état passif qui implique la souffrance, ne pouvait lui être appliqué, et s’il recevait des impressions, elles étaient agréables et douces.

Adam avait-il toutes les vertus?

En principe, il les possédait toutes, nous dit saint Thomas, mais il ne les pratiquait pas; ainsi la patience, l’humilité n’ont pas eu d’occasion pour s’exercer pendant l’état d’innocence.

Les actes du premier homme étaient-ils plus méritoires?

Oui, par cela seul qu’ils étaient faits par un être qui était lui-même plus agréable à Dieu, mais il faut admirer ici la miséricorde et l’amour infini de Dieu pour les hommes, qui, malgré leur ingratitude et leur révolte, leur a donné, en envoyant son Fils sur la terre, non seulement le pouvoir d’acquérir des mérites tels qu’Adam les avait dans son innocence, mais des mérites mille fois supérieurs, pourvu qu’ils soient unis aux mérites infinis de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Le domaine que l’homme avait sur les créatures était complet; son empire s’exerçait sur tout, car le Seigneur avait dit qu’il commande non seulement aux animaux qui sont sur la terre, mais aux poissons qui sont dans les mers.

L’homme, s’il n’avait pas péché, aurait-il eu des hommes pour le commander?

Saint Thomas nous dit que probablement il y aurait eu des supérieurs et des inférieurs, mais que, dans tous les cas, les femmes auraient obéi aux hommes et que les hommes se seraient obéi entre eux.

Saint Augustin nous dit que l’harmonie résulte de l’énégalité des êtres; ainsi, dans le ciel, il y a des gens qui commandent aux autres et, sur la terre, il est probable que Dieu aurait établie aussi l’harmonie et l’ordre par la hiérarchie et, par conséquent, mis des différences entre les hommes. Dans l’état d’innocence, il y aurait toujours eu la différence des parents avec les enfants, mais, comme dans le ciel, l’obéissance aurait été douce et agréable. Depuis le péché, l’anarchie règne sur la terre: nul ne veut obéir, mais Dieu, dans sa sagesse, est venu par son Fils opposer à l’anarchie des hommes une magnifique hiérarchie ou ordre sacré, qui est l’Eglise catholique et romaine et, à l’imitation de l’Eglise, les couvents, où l’on se soumet volontairement à des supérieurs.

Mais il y a aussi la hiérarchie intérieure qui consiste dans la possession des vertus et dans laquelle on peut s’élever et monter toujours. Les anges, dans le ciel, ne peuvent pas opérer ce mouvement ascensionnel, de même qu’ils ne peuvent pas descendre; mais nous, qui sommes dans la voie, nous pouvons plus ou moins [poursuivre] notre marche et personne ne peut dire le degré de perfection que nous atteindrons un jour. Mais, faisons attention, car s’il nous est donné de monter, nous pouvons aussi avoir le malheur de reculer.

Sans péché, l’homme aurait-il été immortel?

Oui l’homme aurait été immortel, nous dit saint Augustin, mais par un miracle de Dieu, par un privilège particulier, car l’homme, étant matière, tend à se dissoudre comme ce qui est matière.

A présent, l’homme aurait-il mangé?

Oui, il aurait mangé, puisque Dieu l’avait placé dans le paradis terrestre où il y avait toutes sortes de fruits que Dieu lui avait donnés comme nourriture.

Nous avons donc vu que l’homme, créé dans l’état d’innocence, était agréable à Dieu, il avait le privilège de commander à tous les êtres: c’était le roi de la création. Si l’état de l’innocence avait continué, il est probable que Dieu aurait établie une hiérarchie semblable à celle des anges dans le ciel. L’homme aurait été aussi immortel; cette pensée doit nous faire traiter nos corps avec respect, mais en même temps avec sévérité: nous devons combattre avec force nos passions mauvaises et tâcher de développer en nous les bonnes. La seule ambition et la seule jalousie qui nous soient permises, c’est de désirer devenir plus agréables à Notre-Seigneur, afin de mériter d’entendre de sa bouche divine cet appel: Mon ami, montez plus haut.

Notes et post-scriptum