OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES
  • DEUXIEME INSTRUCTION
    IMMACULEE CONCEPTION ET NATIVITE DE MARIE
  • Retraite sur la Sainte Vierge prêchée aux Oblates de l'Assomption. Septembre 1879. Paris, Typographie Augustinienne, 1941, p. 11-14.
  • CV 34
Informations détaillées
  • 1 DIEU LE PERE
    1 ENFANTS DE DIEU
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 IMMACULEE CONCEPTION
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 NATIVITE DE MARIE
    1 REDEMPTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    2 ADAM
    2 EVE
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Dieu voulant préparer à son Fils un sanctuaire très pur, pour y prendre sa vie comme homme, préserva Marie de la souillure originelle dès le premier instant de sa conception, et quand, neuf mois après, Marie apparut au monde, elle naquit la plus belle, la plus resplendissante des oeuvres du Tout- Puissant; le Seigneur l’avait posséder dès le commencement de ses voies toutes miséricordieuses sur l’humanité coupable, mais prête à être régénérée.

De plus, quand elle parut au monde, à partir de sa naissance, jamais la moindre souillure ne vint l’atteindre, et on put lui dire: « Vous êtes toute belle, et aucune tache, si petite qu’elle soit, ne paraît en vous. »

Que conclure pour nous, enfantés dans le péché?

1° L’horreur la plus grande de toute faute:

2° Le désir le plus ardent de les détruire s’il s’en trouve en nous;

3° Désir sans limites de la perfection par la correspondance à la grâce.

I. Horreur du péché.

Rappelons ce que nous avons dit ce matin. L’âme religieuse est plus spécialement, par sa vocation, la fille du Père, le temple du Saint-Esprit, l’épouse du Fils. Qu’est-ce qu’une fille révoltée, un temple profané, une épouse adultère? C’est ce qu’est la religieuse en état de péché mortel, et il est important d’insister sur cette situation, car, en commençant une retraite, il importe bien de connaître où l’on en est.

1° Vous êtes la fille du Père par excellence, de ce Père qui est dans les cieux, et dans le royaume de qui rien de souillé ne peut entrer. Où en sont vos révoltes ou votre obéissance par rapport aux représentants de son autorité? Ne désobéissez-vous pas souvent, et n’espérez-vous pas vous justifier grâce à certains mensonges, à certaines habiletés? Au paradis terrestre Adam était plus parfait que vous, pourtant il désobéit et mangea du fruit défendu, puis il se cacha et il mentit; c’est votre histoire. Dans le jardin spirituel qu’est une communauté religieuse, ne désobéissez-vous jamais? N’avez-vous pas peur d’être vue? Ne mentez-vous jamais pour vous excuser? Et voyez comme le mensonge ajoute à la faute: Adam, s’il eût demandé sincèrement pardon, l’eût probablement reçu, et il fut chassé du paradis. Que de religieuses qui, par défaut de sincérité, se privent des grâces les plus abondantes, perdent leur vocation et finissent par apostasier.

Quelle horreur ne devez-vous pas avoir d’un si grand danger? Et qu’il importe de devenir une fille repentante en redevenant une fille obéissante à Dieu, à ses ordres, à ses inspirations!

2° Vous êtes le temple du Saint-Esprit, un temple capable de toutes les lumières, puisque la lumière de l’âme c’est la vérité, et que Notre-Seigneur dit de lui aux apôtres: « Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité. » Il y a la vérité divine des dogmes de foi. Je n’en parle pas, mais il y a la vérité pratique des devoirs et des conseils qui constituent la vie religieuse, et sur laquelle on ne saurait trop insister. Cette vérité, on a souvent peur de la voir, et les religieuses sont souvent bien habiles à se faire des illusions. On vous recommande de ne pas contrister le Saint-Esprit; comment ne pas le contrister par les pieux mensonges, les demi-vérités auxquels on a si souvent recours?

3° Enfin, vous êtes les épouses du Fils. Quel honneur et quel malheur d’autre part, si l’âme se rend indigne d’un pareil privilège! Cet Epoux est celui qui a versé son sang pour détruire le péché, et ce sont des péchés sans cesse renaissants que nous lui apportons; cet Epoux compte sur vous pour le dédommager des crimes de la terre, et tous les jours vous ajoutez, dans votre indifférence, faute à faute, abus de ses grâces aux abus de grâces précédents; vous répondez à son amour par la grossièreté et le dédain des sentiments les plus odieux, précisément à cause des saintes délicatesses sur lesquelles il comptait de votre part.

Quand vous souviendrez-vous de la beauté de vos titres, et quand aurez-vous horreur de vos révoltes, de vos ingratitudes, de vos adultères?

2. Ardeur dans la réparation.

On peut dire que le grand livre de Marie fut la croix de son Fils. Là elle apprit à connaître le péché, la justice de Dieu, l’étendue de la réparation présentée à son Père par le Fils incarné. C’était dans la grâce de la mort du Sauveur que se trouvait le privilège de l’Immaculée Conception. C’est dans le sang de Jésus-Christ que vos fautes ont été purifiées au baptême; c’est pour être la coopératrice de la rédemption que Marie a été appelée la Mère des douleurs; c’est pour la destruction quotidienne de vos péchés que vous devez offrir tous les jours une expiation convenable. Voyez à quel point vous l’êtes, à quel point vous devez détruire, à quel point vous devez sans cesse réparer.

3. Correspondance à la grâce.

Ce qui se passa en Marie depuis qu’elle eut été conçue sans péché jusqu’à sa naissance, je n’ai pas à l’examiner, mais du moment qu’elle vit le jour, on peut supposer que la seconde Eve participa au privilège de la première, et que, dès son apparition au monde, elle fut douée de raison. Or, prévenue de tant de grâces, quels ne furent pas ses progrès dans la sainteté, quelle vertu put lui manquer, surtout quels trésors de reconnaissance n’étaient pas accumulés dans son coeur! Elle priait, elle adorait, elle sanctifiait silencieusement autour d’elle.

C’est un grave moment que celui du baptême, c’en est un bien plus grave que celui de la première Communion, mais que dire de ce moment solennel où l’on pose le pied dans la vie religieuse; que dire, hélas! des chutes qu’on y fait, mais aussi des dispositions si touchantes par lesquelles Dieu nous ménage des occasions de nous reprendre!

Allons à Lui, disons à l’adorable Trinité: « O Vérité, je suis votre enfant; ô Esprit, je suis votre temple; ô Verbe incarné, je suis votre épouse! Que je purifie mon être par l’horreur du péché et par la pénitence, et que je brûle du désir d’arriver à toute perfection, à toute saintetè!

Notes et post-scriptum