OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES
  • DIXIEME INSTRUCTION
    MARIE AU CALVAIRE.
  • Retraite sur la Sainte Vierge prêchée aux Oblates de l'Assomption. Septembre 1879. Paris, Typographie Augustinienne, 1941, p. 43-46.
  • CV 34
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AMOUR DIVIN
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 CRUCIFIX
    1 DEFAUTS
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 MYSTERES DE MARIE
    1 OBLATES
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHEUR
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SOUFFRANCE
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    2 BERNARD DE CLAIRVAUX, SAINT
    2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
    2 JOSEPH, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    3 FRANCE
    3 ROME
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Je ne suivrai point Marie dans la solitude où la laisse Jésus. Joseph est mort, et les saints Livres ne nous disent rien du moment où il rendit son âme bienheureuse entre les mains de son Fils adoptif et de son Sauveur à la fois. Marie était restée seule, et Jésus l’avait abandonnée à elle-même, malgré l’amour si intense qu’il lui portait. Si Marie avait offert à Dieu ce qu’elle avait de plus cher au monde, Jésus avait offert à son tour ce qu’il avait de plus cher sur la terre, Marie, sa mère, pendant les trois années de sa vie apostolique. Pourtant, un moment devait venir où les deux coeurs seraient unis, le coeur de la mère et celui du Fils: le moment de l’immolation de l’Homme-Dieu. Examinons les leçons que ce grand spectacle nous donne. Je vois:

1° Marie s’attendant à la souffrance depuis la prophétie du vieillard Siméon, et l’acceptant;

2° Marie s’unissant à Jésus dans son sacrifice;

3° Marie, mère des pécheurs.

1. Marie acceptant la souffrance.

Cette souffrance était grande comme les abîmes de la mer, et elle avait duré autant que la vie de Jésus, depuis le jour de sa Présentation au Temple. Elle voyait s’approcher à chaque instant l’heure du supplice que son amour lui ferait partager. Or, elle l’acceptait dans la perfection de son abandon à la volonté de Dieu. Ses devoirs s’accomplissaient avec la même sainteté. Elle travaillait, elle aimait, elle souffrait. Qui dira ce qui se passait dans son coeur quand elle contemplait. Jésus victime pour les péchés des hommes?

Que doit-il se passer dans le coeur de la religieuse invitée à prendre Jésus Christ pour Epoux, mais qui sait que cet Epoux donne rendez-vous à ses épouses au Calvaire, sur la croix? Voilà le mystère. Jésus, sanctificateur des âmes par ses souffrances et sa mort, disant aux âmes appelées à la perfection: « Voulez-vous compatir à mes douleurs et souffrir avec moi? » A quoi sert, en effet, cette longue série de protestations d’un amour dévoué, si l’on ne sait pas partager le sort de cet Epoux divin? Allez, faites des chemins de la croix, récitez le chapelet des mystères douloureux, à quoi cela sert-il, si vous n’avez pas le courage de vous immoler et de mourir à vous-même?

Marie acceptant la souffrance est un modèle accusateur. Elle est innocente, vous êtes pécheresses, mais vous croyez avoir tout dit quand vous vous proclamez toutes découragées. Telle est la mode du temps: l’ennui, le découragement. On se croit intéressante, et surtout bien à plaindre. Oui, bien à plaindre d’avoir de si pauvres natures et incapables d’aucun effort pour vaincre les difficultés. Mais alors, qu’êtes-vous venues faire au couvent, et pourquoi portez- vous un crucifix? Faites-y attention, ce crucifix sera votre condamnation tant que vous ne serez pas résolues à être vous-mêmes crucifiées, à vous unir à Jésus et à dire avec saint Paul: « Je suis attachée avec Jésus-Christ à la croix. »

2. Marie s’unissant à Jésus dans son sacrifice.

C’est ici une des plus magnifiques leçons que la foi puisse donner aux âmes appelées à la perfection. Que le sang de Jésus-Christ ait seul contribué au salut du genre humain, rien de plus incontestable, mais que Jésus, dans son amour pour nous, ait invité sa Mère à prendre part à ses douleurs afin de donner, s’il était possible, quelque chose de plus à ses souffrances, c’est incontestable aussi. « Elle n’a pas pu mourir, dit saint Bernard, elle a pu « commourir », c’est-à-dire recevoir dans son coeur toutes les tortures qu’un coeur maternel puisse endurer. Elle a souffert pour nous prouver à quel point elle est notre Mère. Elle a souffert pour nous apprendre comment on peut prouver à Jésus son amour en souffrant avec lui. Elle a souffert pour nous apprendre la puissance de l’immolation pour le salut des âmes.

Saint Grégoire le Grand disait que les trois mille vierges qui habitaient Rome durant son pontificat retardaient la chute de l’empire romain. On peut en dire autant de la France. A coup sûr, les religieuses sont pour beaucoup dans la lutte de l’Eglise contre l’enfer. Elles pourront tous les jours davantage, à la condition qu’elles monteront au Calvaire et qu’elles s’y immoleront avec Jésus.

3. Marie Mère des pécheurs.

Admirable enseignement que celui de Marie au pied de la croix. Tandis que les Docteurs de l’Eglise terrassent l’erreur par leurs écrits, que les apôtres portent la prédication de la vérité aux extrémités du monde, au pied de la croix Marie souffre, prie, invoque la miséricorde éternelle pour que le mal soit écarté et les pécheurs convertis. C’est là l’incessante prière de Marie devant le trône de l’éternelle miséricorde. Mais, outre que cette prière se prolonge avec Marie et les saints dans le ciel, cette prière doit se prolonger avec Marie et les âmes de dévouement sur la terre. Or, des Oblates de l’Assomption doivent, plus que d’autres, être de ces âmes-là. Voilà votre admirable vocation quand vous n’êtes pas en mission; vous unir aux douleurs de Marie, être les coopératrices de Jésus, à l’imitation de Marie. Qu’à ce point de vue le mystère de la Compassion de la Sainte Vierge vous soit particulièrement cher, et plaise à Marie que vous le reproduisiez dans toute votre existence.

Notes et post-scriptum