OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES
  • TREIZIEME INSTRUCTION
    MORT DE MARIE.
  • Retraite sur la Sainte Vierge prêchée aux Oblates de l'Assomption. Septembre 1879. Paris, Typographie Augustinienne, 1941, p. 53-56.
  • CV 34
Informations détaillées
  • 1 CHARITE DE MARIE
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 LACHETE
    1 MARIE
    1 MERE DE L'EGLISE
    1 MORT
    1 ORAISON
    1 TRAVAIL
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 GABRIEL, SAINT
    3 NAZARETH
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Le temps de l’exil est fini pour Marie, elle va rendre pour quelques moments son corps à la terre. Et de son lit de mort, elle peut contempler ce qu’elle a fait pour arriver à son admirable perfection. Essayons d’en tracer un rapide tableau sur lequel nous tracerons par avance celui que nous voudrons avoir réalisé nous-même quand viendra notre dernier moment.

1. Sa correspondance à la grâce.

Qu’elle ait été inondée de grâces, on ne saurait trop le répéter. Aucune créature n’a été favorisée comme elle, mais elle y a toujours parfaitement correspondu. Hélas! pourquoi tant de religieuses appelées à la perfection en demeurent-elles si loin? C’est que la grâce parle et on ne l’écoute pas, on la redoute, on la fuit, on s’endort et on reste, soit avec ses idées personnelles, soit avec sa lâcheté, soit avec ses habitudes d’indépendance. N’allons pas plus loin pour établir l’abîme qui sépare la vie de Marie de la nôtre, et tremblons à la pensée que cette retraite est peut-être une dernière grâce, après laquelle nous n’en recevrons plus peut-être. Que ce peut-être est effrayant!

2. Sa consécration au Temple.

Dès l’âge de trois ans, Marie est le modèle des religieuses qui se consacrent à Dieu. Quelle promptitude dans la manière dont elle répond à l’appel divin! Quelle fidélité aux engagements pris! Quelle sainteté dans tous les moindres actes de sa vie au Temple! Les détails manquent, direz-vous. Un seul suffit, c’est le salut de l’ange: « Je vous salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous. » Elle a toujours conservé les grâces divines, et avant que le Seigneur ne fût en elle par la maternité divine, le Seigneur était en elle par l’abondance de ses visites et la complaisance qu’il mettait à la soutenir.

Vous êtes consacrées à Dieu ou vous vous préparez à cette consécration admirable. Quelle préparation apportez-vous à une vie qui ne vous appartient plus, et qui doit être toute divine? Par quels efforts vous maintenez-vous dans cet ineffable commerce avec Celui qui est ou qui veut devenir votre Epoux? Marie a-t-elle commis envers son Dieu l’apparence d’une infidélité? Et vous?… Quand on est à Dieu, quand on veut être à lui, on doit être emporté à une telle hauteur de pensées, de sentiments, d’intentions, que les sacrifices doivent être une nécessité. Quelle est l’élévation de votre âme sous le souffle du Saint-Esprit? Quelle en est la bassesse sous le poids de vos misères?

3. Son oraison.

Que dirai-je de sa prière? Quelle pureté, quelles ardeurs, quel besoin de se donner tous les jours davantage! Quelles louanges, quelles demandes enflammées! Est-ce que l’oraison de Marie a jamais cessé, même pendant son sommeil? N’est-ce pas de cette excellente Vierge qu’il a été dit: « Je dors, mais mon coeur veille. »

Quelle est votre oraison? Et pour réparer votre tiédeur, vos distractions, votre difficulté à vous élever sur les ailes de la contemplation, ne pouvez- vous prendre la résolution de vous placer par la pensée à côté de Marie, et de la prier de vous donner des flammes de ce coeur presque divin pour fondre les glaces du vôtre?

4. Son travail.

Marie, Reine du ciel et de la terre, a été une pauvre ouvrière. Elle a gagné son pain à la sueur de son front. Nous pouvons sans doute nous demander si elle avait fait voeu de pauvreté, mais elle a vécu très pauvre, cela est incontestable. Si elle n’en a pas fait le voeu, elle en a eu toute sa vie la vertu au degré le plus éminent. Mais vous qui l’avez fait ou vous disposez à le faire, que pensez-vous de votre détachement des choses terrestres? Quel est votre travail? Dans quel sentiment de pénitence accomplissez-vous ce châtiment porté contre le péché du premier père? Ah! sachez l’offrir comme Marie, soit dans le Temple, soit dans la maison de Nazareth.

5. Ses souffrances.

Qui a souffert comme la Mère des douleurs? Je ne parle pas ici de ses douleurs physiques. Je considère les douleurs de son âme, bien autrement délicates et profondes. Y a-t-il eu jamais des douleurs semblables aux siennes, soit à cause de la perfection de sa nature, soit à cause de l’immensité de son amour, qui en était le principe. Elle a tout accepté, en union avec Jésus, le principe des tortures de son coeur. La chrétienne, la religieuse qui espère fuir la douleur est une insensée. La chrétienne doit l’accepter, la religieuse doit aller au-devant; en se donnant à Dieu, elle s’est donnée à la croix. Son modèle, c’est la Vierge très douloureuse que nous conjurons de prier pour nous. Mais pour qu’elle nous exauce, il faut l’imiter. Contemplez-la près de l’autel du sacrifice de son Fils. Elle est là, souffrant avec lui, s’immolant avec lui, expirant avec lui. Tant que vous ne serez pas unie aux expiations, aux sacrifices de Marie, souvenez-vous que vous ne serez pas une vraie religieuse.

6. Son amour.

Et si vous voulez connaître la clé de la vie de Marie, considérez son amour pour Dieu, Jésus-Christ, l’Eglise. Pour Dieu, à qui elle se consacre de bonne heure; pour Jésus-Christ, qu’elle pouvait aimer comme son Fils; pour l’Eglise, à qui elle se donna jusqu’à son dernier soupir dès que son Fils le lui eut demandé.

Que venez-vous chercher ici, sinon de vous consacrer sans partage? Je vous l’ai si souvent répété: si Marie est la Mère de Jésus, vous en êtes les épouses. Quel amour pourra, dans votre coeur, répondre à celui de votre Epoux! Et soyez sûres que, quand vous ferez tout par amour, on ne vous demandera que de tout faire avec un amour sans cesse plus parfait, comme Marie.

Marie, Mère, Reine de l’Eglise, demande à ses filles de l’aider dans les combats qu’elle doit livrer à l’enfer. Quel honneur! Sachez vous en rendre dignes et donner toute votre vie dans ce but. Et quand viendra le dernier moment, par Marie vous recevrez la couronne de la victoire et du triomphe.

Notes et post-scriptum