- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|DIRECTOIRE DES OBLATES
- PREMIERE PARTIE: DE L'ESPRIT DE L'ASSOMPTION
CHAPITRE V
AMOUR DE LA SAINTE VIERGE. - Directoire des Oblates de l'Assomption, religieuses missionnaires. Paris, 1936, p. 23-26.
- CY 59; CY 60.
- 1 AMOUR DE LA SAINTE VIERGE A L'ASSOMPTION
1 ANNONCIATION
1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
1 MAGNIFICAT
1 MARIE NOTRE MERE
1 VIE DE MARIE
2 ELISABETH, SAINTE
2 HERODE I LE GRAND
2 JOSEPH, SAINT
3 BETHLEEM
3 EGYPTE
3 JERUSALEM
3 NAZARETH - 1867
Par une miséricordieuse condescendance, Notre-Seigneur ne s’est pas contenté de s’offrir à nous pour modèle, soit comme Dieu, soit comme homme; il a voulu nous en donner un autre dans la personne d’une simple créature, la Sainte Vierge, sa Mère. Fille d’Adam comme nous, elle est notre soeur; Mère de Dieu, elle est notre Mère aussi et la plus parfaite des oeuvres du Très-Haut.
Marie est à la fois mon modèle et ma Mère. Mon modèle, je dois chercher à l’imiter, autant qu’une religieuse vouée à la perfection est capable d’imiter la Reine du ciel et de la terre. Ma Mère, je dois avoir pour elle la tendresse la plus profonde, la confiance la plus absolue.
1° Quand je ne pourrais connaître des vertus de la Sainte Vierge que ce qu’en dit l’Evangile, cela me suffirait; il ne m’en faut pas davantage.
Dans le mystère de l’Incarnation, j’admire d’abord sa prudence dans la question qu’elle fait à l’ange envoyé pour la saluer de la part de Dieu. Son obéissance et sa foi n’éclatent pas moins dans cette réponse: Voici la servante du Seigneur. Cette foi est le principe de tous les prodiges qui s’accompliront par elle, et c’est ce que lui révèle Elisabeth, en lui déclarant qu’elle est bienheureuse d’avoir cru, parce que s’accompliront en elle les grandes choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur.
Mais où le fond de l’âme de Marie se révèle, c’est dans la manière dont elle répond à sa cousine: Mon âme glorifie le Seigneur. Le seul but de la vie de Marie, c’est la gloire de Dieu; son bonheur, de le servir. Sa reconnaissance pour les dons qu’elle a reçus, le témoignage de tout ce que Dieu fait pour l’âme fidèle, l’espérance et la confiance au milieu des plus grandes épreuves, voilà ce que je découvre dans les élans prophétiques de son coeur.
Je la suivrai à Nazareth, dans son humble travail, à côté de Joseph; puis dans l’étable, où elle met au monde le fils de Dieu; dans le temple, où elle le présente au Seigneur; en Egypte, où elle fuit pour le soustraire à la fureur d’Hérode; à Jérusalem, où elle le perd; enfin dans la vie cachée, où elle passa dix-huit ans jusqu’au moment de la séparation qui s’achèvera, après trois ans d’évangélisation, dans les ignominies et les douleurs du Calvaire. En tout cela, que d’exemples, que d’enseignements!
Ai-je la prudence de Marie dans les circonstances importantes de ma vie? L’ai-je dans mes rapports habituels avec le prochain?
Ai-je son obéissance dès que la volonté de Dieu m’est indiquée, non seulement par mes Supérieurs, mais par ceux qui me les représentent?
Ai-je cette foi qui me ferait accepter les ordres les plus difficiles? Suis-je disposée à entrer sérieusement dans la vie intérieure et à laisser s’accomplir en moi tout ce que le Seigneur attend de ma dépendance à ses désirs? N’ai-je pas peur? N’ai-je pas de doutes? Ne suis-je pas lâche en tout ce qui m’est demandé?
N’ai-je dans toute ma vie d’autre but que la gloire de Dieu? Est-ce le désir de procurer cette gloire qui inspire tous mes efforts?
Ai-je mis tout mon bonheur en Dieu? Mon soutien, ne l’ai-je pas mis en moi ou dans les créatures? Cette pureté d’intention qui va sans détour à Dieu, qui ne regarde ni à droite ni à gauche,l’ai-je bien forte au fond de mon âme?
Ai-je cherché à me donner une idée de tout ce que Dieu ferait en moi par la puissance de son bras, si je voulais le laisser agir? Comme il dissiperait tout ce qu’il y a d’impur, de vaniteux, d’orgueilleux en mon coeur, si je ne craignais pas de l’y laisser trop régner en souverain!
Dans les épreuves, ai-je mis toute mon espérance et ma confiance en mon souverain Maître? Ne me suis-je appuyée que sur lui? Suis-je laborieuse du travail de Nazareth? Suis-je pauvre de la pauvreté de Bethléem? Me suis-je entièrement abandonnée à Dieu? Lui ai-je tout donné, comme Marie a tout donné à Jésus? Ai-je aimé la vie cachée? Ai-je accepté généreusement les séparations que la Providence m’a imposées ou peut m’imposer chaque jour? Ai-je accepté même la séparation des choses saintes, comme Marie accepte la séparation de Jésus? C’est en méditant la vie de cet admirable modèle que je prendrai l’esprit d’une vraie religieuse.
2° Mais Marie n’est pas seulement un modèle pour moi, elle est ma Mère. C’est sur le Calvaire, au pied de la croix de son Fils qu’elle m’adopte; elle me prend en quelque sorte, toute couverte du sang de Jésus répandu pour moi, et, malgré l’horreur que je dois lui causer, puisque si Jésus meurt, c’est pour mes péchés, elle m’accepte pour son enfant. Désormais, je suis sa fille.
Quel honneur d’avoir une pareille Mère! Quel bonheur dans un pareil commerce! Quelle reconnaissance, quelle tendresse ne lui dois-je pas! Mais cette tendresse, cette reconnaissance, que sont-elles si je les démens tous les jours par ma vie en tout opposée à la vie de Marie?
Si je l’aime, je dois le lui témoigner en accomplissant tout ce qui lui est agréable, en bannissant de mon coeur, de mon esprit, toute pensée et tout sentiment indignes d’elle; en me portant à toutes ces délicatesses d’affection qui lui montrent qu’elle a en moi une vraie fille. Ma vie peut-elle le lui prouver?