OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|DIRECTOIRE DES OBLATES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|DIRECTOIRE DES OBLATES
  • DEUXIEME PARTIE: DES VERTUS
    CHAPITRE IV.
    DE L'ESPERANCE.
  • Directoire des Oblates de l'Assomption, religieuses missionnaires. Paris, 1936. p. 46-49.
  • CY 59; CY 60.
Informations détaillées
  • 1 APPRECIATION DES DONS DE DIEU
    1 BIEN SUPREME
    1 BUT DE LA VIE
    1 DIEU LE FILS SOURCE DE L'ESPERANCE
    1 EPREUVES DE L'EGLISE
    1 ESPERANCE
    1 ESPERANCE BASE DE LA PAUVRETE
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FOI
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 GRACE
    1 HUMILITE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 LACHETE
    1 POSSESSION DE DIEU
    1 SERVICE DU ROYAUME
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
  • 1867
La lettre

L’espérance est une vertu par laquelle on a une ferme confiance, fondée sur les mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’en usant bien des grâces de Dieu dans cette vie, on le possédera éternellement dans l’autre. L’espérance nous montre Dieu comme le terme de nos efforts.

De nous-mêmes, nous ne pouvons l’atteindre; la grâce de Dieu nous en mérite la possession. Dieu, bien suprême, vers lequel par le désir inné du bonheur nous aspirons, alors même que nous ne le connaissons pas, Dieu veut se donner à nous comme récompense éternelle: Je serai ta récompense surabondante. La foi nous révèle ce qu’il est, ce que nous lui devons; l’espérance nous montre cette source de toute richesse, de toute perfection, cette beauté infinie, cette splendeur de l’éternelle gloire, ce principe de toute joie, cet abîme de l’amour, comme le but de nos travaux.

Non seulement je puis posséder Dieu, mais je dois espérer que je le posséderai un jour, si je veux user des moyens que sa bonté met à ma disposition pour aller jusqu’à lui. De moi-même je ne le puis en aucune façon, mais je puis tout en Celui qui me fortifie par sa grâce.

L’espérance repose sur la grâce que m’a méritée Notre-Seigneur Jésus-Christ. Je ne puis rien sans la grâce, je puis tout par la grâce; d’où découlent deux conséquences pratiques très importantes.

La première, c’est que si je ne puis rien sans la grâce, je suis une présomptueuse quand j’espère pouvoir quelque chose de moi-même. La grâce me suffit, mais j’ai besoin de la grâce. Je dois faire tous mes efforts pour l’attirer en moi, m’appuyer sur elle en toute circonstance de ma vie.

La seconde conséquence, c’est que si je puis tout par la grâce, je suis une insensée et une ingrate si je me livre au découragement et au désespoir. Le Seigneur est avec moi, qui craindrai-je? Je ne dois donc jamais permettre au désespoir ni au découragement d’atteindre mon coeur.

Mais ce qui ressort surtout de ce qui précède, c’est l’estime que je dois faire de la grâce que m’ont acquise sur la croix les mérites de mon divin Sauveur. Elle est le prix de son sang, elle est aussi le prix du ciel qu’il me procure. Si j’use de la grâce pour accomplir ses desseins sur moi, rien ne doit m’être plus précieux en ce monde; tout me vient par elle, c’est mon trésor ici-bas, comme Dieu sera mon trésor dans le ciel.

L’espérance est-elle ancrée dans mon âme comme il convient à une religieuse? Ai-je le désir du ciel? Mon seul désir est-il de posséder Dieu? Me suis-je assez appliquée à comprendre que Dieu est le seul bien véritable, que Dieu est mon seul partage pour l’éternité? Que si je m’attache à quelque objet sur la terre et que ce ne soit pas en vue de Dieu, je me détourne de mon but?

Ai-je bien compris la folie de laisser prendre son coeur ici-bas par quoi que ce soit de créé? Suis-je convaincue que tout ce qui m’attache à la terre est un lien qui m’empêche de m’élancer vers le ciel? N’ai-je jamais mis ma confiance qu’en Dieu seul? Ai-je demandé à Dieu sa grâce? Ne me suis-je fiée qu’à elle? N’ai-je pas eu quelquefois des sentiments de présomption? Ne me suis-je pas, au fond du coeur, estimée bonne par moi-même? Sans doute j’ai pu prononcer des paroles d’humilité, mais bien souvent quel était le sentiment réel que j’avais de moi? J’ai présumé de mes forces, et n’est-ce pas pour cela que bien souvent Notre-Seigneur a permis que je fisse des chutes?

D’autre part, ma nature, portée au découragement et entraînée par le démon, ne m’a-t-elle pas laissée croire que je n’étais plus capable de rien, ou que j’avais trop abusé de la grâce, ou que Dieu me la refusait, ou qu’il ne me la donnait pas avec assez d’abondance; et, avec toutes ces fausses idées, n’ai-je pas été bien souvent exposée à rouler au fond de l’abîme du désespoir? Enfin, ai-je traité la grâce de Notre-Seigneur avec tout le respect qu’elle mérite? L’ai-je reçue comme il convient? Ne l’ai-je pas méprisée? Ne me suis-je pas distraite des bonnes pensées qui m’étaient suggérées dans mes lectures, mes méditations, mes communions? N’ai-je pas trouvé qu’il me faudrait aller trop loin si je faisais tout ce qu’elle me demande? N’ai-je pas été effrayée de la multitude de sacrifices que j’aurais à faire une fois que la grâce s’emparerait entièrement de moi?

Où en suis-je aujourd’hui? Suis-je enfin résolue à ne plus apporter aucun obstacle à l’action de la grâce sur mon âme? Suis-je enfin persuadée que, quand Dieu s’offre à moi pour être mon éternel bonheur, et que Jésus-Christ pour m’aider à acquérir ce bonheur m’offre sa grâce payée par son sang, c’est bien le moins que je me décide à m’abandonner sans réserve à toutes les saintes exigences de cette grâce divine?

Notes et post-scriptum